Le pastel vous va si bien!

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L’Anisote de l’érable
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Vue dorsale
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Forme pâle de l’Anisote de l’érable

La devinette de la semaine dernière mettait en vedette un insecte arborant avec style le rose et le jaune. Certains d’entre vous l’ont deviné : il s’agit d’un papillon de nuit. Plus précisément, notre joli insecte porte le nom d’Anisote de l’érable (Dryocampa rubicunda).

L’Anisote de l’érable fait partie de la famille Saturniidae, un groupe de papillons de nuit bien connu pour ses beaux spécimens comme le papillon lune (cette photo) et le Cécropia (cette photo). Selon Wagner (2005), l’Anisote de l’érable contribuerait, aux côtés de ces jolis lépidoptères, à la notoriété de cette famille d’insectes.

Ce papillon de taille moyenne (longueur de 26 mm) est commun dans l’est de l’Amérique du Nord. Ses couleurs le rendent particulièrement facile à identifier, quoiqu’on pourrait le méprendre pour une autre espèce de papillon de nuit de la famille Notodontidae, Hyparpax aurora (voir ici). Heureusement, cette seconde famille est moins commune et, selon Beadle et Leckie (2012), son aire de distribution n’atteint pas tout à fait le Québec. Bien qu’il soit toujours possible de tomber sur des individus qui se sont aventurés vers le nord, les probabilités sont que, si vous observez un joli papillon de nuit rose et jaune, il s’agit d’une Anisote de l’érable.

Il importe toutefois de noter que certains individus sont de forme plus pâle et nécessitent un examen plus attentif. Dans ces cas, les ailes sont majoritairement jaunâtres, mais on peut tout de même reconnaître l’espèce par l’épaisse « crinière » de poils jaunes qu’elle porte sur le thorax et l’abdomen.

Comme son nom l’indique, l’Anisote est associée aux érables. L’adulte ne se nourrit pas et ce sont donc les chenilles qui se délectent des feuilles de cette essence d’arbre. On peut également les retrouver sur quelques autres feuillus comme les chênes et les hêtres. On les observe dans des boisés où la lumière pénètre bien, ainsi que dans des forêts matures. Pour ma part, je suis tombée sur un spécimen alors que nous étions sur un terrain de camping dans le parc de la Yamaska. Naturellement, il y avait bonne quantité de feuillus surplombant ledit terrain. Les photos qui agrémentent la présente chronique ont d’ailleurs été prises à ce moment.

Les chenilles ont une allure distincte qui nous permet de les identifier assez aisément. Elles portent une robe verte agrémentée de lignes plus pâles dans les teintes de bleu-vert à blanchâtre. Leur tête est souvent orangée (parfois beige selon Wagner 2005) et le second segment de leur thorax est flanqué de deux grandes « cornes » noires. Leur corps est aussi parsemé de multiples épines noires. Ces chenilles sont d’une taille appréciable et peuvent atteindre une longueur de cinq centimètres.

La chenille de l’Anisote de l’érable est grégaire pendant les premiers stades de sa vie. Elle peut être abondante sur certains arbres au point de devenir une peste : elle décime alors son hôte. Par la suite, elle opte pour un mode de vie solitaire afin de compléter ses deux derniers stades de vie larvaire.

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Chenille de l’Anisote de l’érable
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Autre vue de la chenille

La forme larvaire s’étend de juillet à septembre. À la fin de cette période, la chenille descend au bas de son arbre-hôte et se transforme en pupe. Elle passera ainsi l’hiver à l’abri du froid, sous forme de chrysalide, dans de petites chambres souterraines situées à la base de l’arbre.

Une fois le printemps venu, les adultes émergeront de leur abri afin de recommencer un nouveau cycle. Ces derniers pourront être observés du mois de mai jusque vers la fin de l’été (août), au grand plaisir des entomologistes en quête de jolies couleurs!

 

Pour en savoir plus

6 réflexions sur “Le pastel vous va si bien!

  1. nous en avons ramasser une dans la foret et mis dans un cage-filet où nous espérons la voir se transformer en chrysalide . Que mange-t-elle? dans combien de temps va-t-elle se transformer? Apres être devenir papillon nous allons bien sure la libérer. Nous sommes pacifique et apprécions explorer. Merci pour votre temps. Je ne sais pas si votre site est encore actif mais je tente le coup.
    MErci
    Julie et Kayla

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    1. Bonjour,
      Comme son nom le suggère, l’anisote de l’érable a une préférence pour les feuilles des érables. Handfield (2011; Les papillons du Québec) énumère en particulier ces espèces d’érables: érable rouge, érable à sucre, érable argenté, érable à épis, ainsi que érable à Giguère.
      Étant donné que je ne fais pas d’élevage, je ne peux vous dire avec assurance combien de temps passe entre les différents moments de la métamorphose. Il est question dans les livres de chenilles qui se transforment en chrysalide à l’automne et qui traversent l’hiver au froid. Dans un tel cas (si les chenilles forment leurs chrysalides à l’automne), il serait sans doute approprié de les mettre au froid pour l’hiver (dans un pot Masson entreposé dans un cabanon, par exemple) et de les remettre dans un vivarium au printemps pour l’émergence. Je vous dis cela sous toute réserve, cependant. Vous pourriez vérifier auprès d’éleveurs de papillons (se trouvent sur Internet) pour une réponse plus poussée. Bonne expérimentation!

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    1. Bonjour. J’ai examiné des ouvrages et des sites supplémentaires, car ma publication originale datait de 2015, et j’ai trouvé une piste à ce sujet dans Hébert et al. (2017), Insectes des arbres du Québec. Au Québec et selon cette source, la chenille fait sa chrysalide entre le début août et le début septembre. Elle traverse les rigueurs de l’hiver sous cette forme et en émerge entre la fin mai et juillet. Comme elles sont sous forme de pupes tout l’hiver, on peut dire que la métamorphose prend beaucoup de temps! Merci pour votre question!

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