Les bébitivores!

Les relations prédateurs-proies s’inscrivent dans une course évolutive folle, où la proie développe toutes sortes de tactiques pour échapper aux prédateurs, alors que le prédateur développe toutes sortes de moyens pour les contourner!

C’est dans ce contexte que plusieurs chenilles, par exemple, en sont venues à ressembler à des objets anodins (branches, fientes d’oiseau), ou encore que certains organismes ont pris des allures plus menaçantes (syrphes ressemblant à des guêpes, papillons dont les ailes sont munies de « grands yeux », etc.).

Bruant Proyer
Bruant Proyer, le bec plein d’invertébrés!

Vous pouvez compter sur moi pour vous parler de ces invertébrés lors de prochaines chroniques. Toutefois, la chronique d’aujourd’hui fait honneur à tous ces prédateurs à la base de la fantastique biodiversité de la faune invertébrée : les bébitivores!

Bien sûr, le terme correct n’est pas bébitivore! On emploie le terme insectivore ou invertivore (dernier terme que j’ai plus récemment vu employé dans la littérature scientifique – je ne croyais pas qu’il existait réellement), selon que l’on fasse référence plus précisément à des insectes ou à des invertébrés en général.

Qui sont les bébitivores? On en retrouve dans chaque grand groupe d’animal vertébré : amphibiens et reptiles, oiseaux, poissons et mammifères. Bien sûr, de nombreux invertébrés sont également eux-mêmes des prédateurs, mais je n’aborderai pas ce sujet dans la présente chronique (j’aurai bien d’autres occasions!).

Couleuvre
La couleuvre rayée apprécie bien les invertébrés!

Parmi ces animaux, il semble que les oiseaux en particulier jouent un très grand rôle dans le contrôle et la régulation des populations d’invertébrés. Selon le livre Caterpillars of Eastern North America (Wagner 2005), les oiseaux sont à la base de l’évolution de toutes sortes de stratégies de camouflages de la part des chenilles. Ils le sont sans doute pour plusieurs autres espèces d’invertébrés également. Vous avez sûrement déjà aperçu un oiseau, en saison de nidification, se promener le bec plein à craquer de petits invertébrés. Il s’agit pour ces oiseaux – et leurs rejetons – d’une source inestimable de protéines.

En particulier, les merles d’Amérique sont bien connus pour leur « faible » pour les vers de terre. Comme ils semblent ravis, après une grosse pluie, de pouvoir sillonner nos pelouses à la recherche d’un gros ver bien juteux, ver qui rendrait jaloux tout pêcheur devant passer quelques heures à quatre pattes avant de se retrouver avec un aussi beau prix!

Les chauves-souris constituent un autre groupe animal qui est connu pour son appétit en matière d’insectes. Vous les avez sans doute vues survoler vos terrains lors de chaudes soirées d’été. Saviez-vous que ces dernières étaient en train de vous débarrasser de moustiques de toutes sortes? Plus précisément, les chauves-souris se délectent de moustiques, de mouches, de papillons de nuit, bref, tout ce qui se trouve dans leur chemin et qui est de la taille d’un repas!

Toujours chez les mammifères, nombreux sont ceux qui mangent des invertébrés – que ce soit occasionnellement ou fréquemment. Pensons aux ratons-laveurs ou aux moufettes, qui parcourent nos plates-bandes à la recherche de vers blancs ou de scarabées croquants! Même les petits rongeurs (souris et musaraignes, par exemple) ne dédaignent pas une bonne source de protéine « invertébrée »!

Grenouille verte
La diète de la grenouille verte est essentiellement composée d’invertébrés

S’ajoutent aussi les grenouilles et les couleuvres. L’an dernier, nous avions des grenouilles vertes qui étaient venues s’installer dans notre étang à poisson. J’ai pu les observer à l’œuvre. Elles demeuraient immobiles, sur le bord de l’étang, jusqu’à ce qu’une mouche assoiffée vienne s’y abreuver. Vite comme l’éclair, elles sautaient pour s’emparer de la mouche. L’essentiel de l’alimentation des grenouilles consiste en des insectes et autres invertébrés. Ce sont donc des bébitivores par excellence! Les couleuvres, de leur côté, ont une diète plus variée, mais cette dernière inclut tout de même plusieurs invertébrés, tels des vers de terre et des araignées. On m’a déjà dit qu’elles se nourrissaient aussi de limaces, mais mes recherches ne m’ont pas permis de le confirmer. J’en avais prise une en photo, alors qu’elle patrouillait mes plates-bandes, sans doute à la recherche d’un repas facile! Il faut dire que j’ai notamment beaucoup de limaces dans mes plates-bandes!

En milieu aquatique, ce sont bien sûr les poissons qui constituent des invertivores par excellence! Ils contribuent largement à modeler la forme et la taille des invertébrés aquatiques. Certains invertébrés aquatiques en sont même venus – par les faits de l’évolution – à arborer des pics et des épines décourageant tout poisson de les consommer. On peut penser au spiny water flea (Bythotrephes longimanus), une espèce de zooplancton introduite dans les Grands Lacs (voir cette photo), qui suscite maintes préoccupations chez les spécialistes des eaux douces.

Je réalise, comme je termine cette chronique, que je n’ai que survolé le sujet. Le monde animal –  et son évolution – recèle d’anecdotes fascinantes, anecdotes qu’une seule chronique ne peut aborder à elle seule! Toutefois, je serai de retour les prochaines semaines pour notamment vous parler de d’autres bébitivores – cette fois-ci eux-mêmes invertébrés!

 

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