Observer des insectes sous les bûches

Une bonne méthode pour observer des insectes et autres invertébrés est de soulever des bûches jonchant le sol.

Suivez-moi dans cette vidéo tournée à la fin du mois d’avril, alors que je découvre des organismes – certains bien connus, mais d’autres plus inusités – sous les troncs morts.

Merci à mon conjoint de s’être prêté au jeu… et de faire partie de la vidéo en tant que figurant !

Et vous, que trouvez-vous sous les bûches ?

Kossé ça cette grosse bébitte-là ?! Le léthocère d’Amérique !

La photo qui m’a donné envie de vous parler du léthocère d’Amérique.

Le temps chaud ne fait que commencer à se pointer le bout du nez, mais les réseaux sociaux québécois débordent déjà de photos d’un énorme insecte qui impressionne.

Lorsque l’une de mes amies d’adolescence a elle-même publié une photo de cet insecte, accompagnée du texte « C’est quoi cette sorte de bébitte ?? », j’ai sauté sur l’occasion pour démystifier l’arthropode en question.

Qui est-ce ?

Il s’agit d’un léthocère d’Amérique (Lethocerus americanus), aussi appelé punaise d’eau géante.

Et avec raison !

Le léthocère peut atteindre une longueur de 55 à 65 mm, faisant de lui l’insecte québécois possédant le plus gros corps.

Vidéo complémentaire : les punaises d’eau géantes !

Qui dit gros insecte dit… gros appétit ! Ainsi, notre punaise d’eau géante est un prédateur particulièrement vorace. Elle se nourrit non seulement d’invertébrés aquatiques, mais aussi de vertébrés comme des têtards et des petits poissons. Tout ce qui est de taille à être maîtrisé figure au menu.

Le léthocère d’Amérique est gros. Ici dans la main de Ludovic Leclerc, qui l’a capturé.

Pour se nourrir, le léthocère saisit sa proie avec ses impressionnantes pattes ravisseuses. Ensuite, à l’aide de son rostre, il injecte des enzymes digestives, qui ont tôt fait de liquéfier les tissus internes de ses proies. Il ne lui reste qu’à siroter ce « savoureux » breuvage !

Outre sa taille, pourquoi le léthocère fait-il tant l’objet de clichés sur les réseaux sociaux ? C’est que cette bête est attirée par nos lumières, alors qu’elle se déplace pendant la nuit. On la retrouve donc souvent près de nos demeures, voire dans nos piscines.

Le rostre d’un léthocère (à gauche) contre les mandibules d’un coléoptère (à droite).

Un œil moins averti pourrait confondre les punaises d’eau avec des dytiques, d’autres insectes aquatiques prédateurs, au corps plutôt ovale, et dont les plus gros individus atteignent 40 mm. Toutefois, les punaises d’eau géantes font partie de la famille des hémiptères (punaises et cie), alors que les dytiques sont des coléoptères. Deux critères propres à ces familles peuvent donc nous aider à les distinguer : les pièces buccales et les ailes.

Les pièces buccales des hémiptères ressemblent à des pailles, que l’on appelle rostre. En revanche, les coléoptères sont munis de mandibules, des sortes de « dents » qui se referment l’une contre l’autre (voir cette photo des pièces buccales d’un dytique). Pour ce qui est des ailes, celles des hémiptères, comme le nom de cette famille le suggère, ne sont pas complètes : les ailes antérieures sont partiellement rigides et recouvrent le dos en se croisant. Les coléoptères, de leur côté, ont des ailes antérieures rigides qui recouvrent entièrement les ailes membraneuses postérieures de l’abdomen.

Une nèpe (à gauche) et un léthocère (à droite). Notez les longs tubes respiratoires au bout de l’abdomen de la nèpe.

Si ces critères ne suffisent pas, jetez un coup d’œil au bout de l’abdomen : une punaise d’eau géante adulte présente deux appendices courts à cet endroit (voir la vidéo qui accompagne la présente chronique). Ce n’est pas le cas des dytiques. Ces appendices font partie d’un tube respiratoire, qui permet aux punaises de s’alimenter en oxygène, même lorsqu’elles sont sous l’eau. C’est ce qui explique pourquoi ces dernières se tiennent très souvent près de la surface de l’eau, l’extrémité de leur abdomen brisant légèrement la surface. Elles respirent… un peu comme ce que nous faisons à l’aide d’un tuba ! Fait à noter : ces appendices sont rétractables. Par conséquent, leur présence confirme qu’il s’agit d’une punaise d’eau, mais leur absence fait que l’on doit vérifier la présence des autres critères susmentionnés. Autre point : si ces organes sont longs, il pourrait s’agir d’une nèpe, un autre hémiptère. À ne pas confondre !

Enfin, nous avons deux genres de punaises d’eau géantes au Québec, dont l’une est plus petite que le léthocère. Il s’agit du genre Belostoma, au sujet duquel j’ai écrit cette chronique que je vous invite à lire !

Le léthocère d’Amérique (à gauche) et un plus petit membre de la famille (genre Belostoma), à droite.

Mythes ou vérités

Une des raisons qui m’a poussée à écrire le présent billet, c’est la volonté de mettre un peu d’ordre dans la vaste panoplie d’affirmations que l’on peut lire sur les réseaux sociaux, lorsque quelqu’un publie une photo de léthocère d’Amérique. Sont-elles vraies ou exagérées ?

Lançons-nous !

1. Les léthocères sont indésirables.

Un article qui a été republié récemment m’a particulièrement fait réagir. Sur cette page de Météomédia, on dit qu’il est impératif de se débarrasser du léthocère, d’ailleurs qualifié « d’aspect peu ragoûtant », s’il est retrouvé dans notre bassin d’eau. Le terme me semblait un peu trop alarmiste.

Qu’en est-il ?

Premièrement, à cause de leur appétit vorace, les léthocères constituent-ils une menace dans un étang ?

La réponse semble être… oui, mais !

Selon Voshell (2002), on aurait recensé des cas où des individus ont été vus se nourrissant de poissons de 8 cm (truite) et 9 cm (jeune brochet maillé). Il conclut en outre que les punaises d’eau géantes peuvent être une menace pour les élevages de poissons. Par ailleurs, Folles Bestioles nous permet d’observer un cas où un léthocère d’Amérique, fraîchement capturé, se nourrit d’une petite barbotte.

Cependant, notre léthocère, prédateur comme il est, pourrait s’avérer utile pour manger d’autres organismes peuplant votre étang qui, eux, sont moins désirables. Tout est dans la nuance !

Deuxièmement, dans le même article, on parle de se débarrasser des léthocères, lorsque dans notre étang, pour éviter qu’ils ne s’y reproduisent et prolifèrent. Il est question d’une centaine d’œufs qui pourraient y être pondus, laissant une impression d’infestation imminente.

Encore une fois, j’apporterais un bémol.

Il est vrai que la femelle peut pondre quelque 150 œufs. Néanmoins, le léthocère d’Amérique n’est pas une espèce envahissante, mais bien indigène. De plus, les adultes sont ailés : une fois dans votre étang, ils ne sont pas pris pour y rester indéfiniment. Ils peuvent quitter d’eux-mêmes pour aller manger… ou même pondre ailleurs.

Faut-il impérativement s’en débarrasser ? Non, pas nécessairement !

2. La morsure du léthocère est redoutable.

Autre mythe : leur morsure ! On lit en effet beaucoup de commentaires sur l’incroyable morsure des punaises d’eau géantes.

Est-ce vrai ?

Selon les sources scientifiques consultées, oui, le léthocère a le potentiel de nous mordre – je dirais même de nous poinçonner – à l’aide de son rostre. Cependant, je lis dans plusieurs ouvrages que c’est normalement lorsque l’on tente de le manipuler et qu’on le perturbe qu’il va tenter de mordre. Malgré son appétit vorace, nous ne sommes pas d’intérêt pour lui !

De plus, sa morsure peut engendrer une réaction (on réagit aux sucs qu’il nous injecte), laquelle inclut de l’enflure, une sensation de brûlure ou l’apparition d’une tache brunâtre. Ne redoutant rien, Folles Bestioles nous démontre l’effet de la morsure dans cette vidéo. Chapeau pour la démonstration !

Constat des différentes sources consultées: oui, ça fait mal et, oui, une réaction est observée et peut persister jusqu’à plusieurs jours suivant l’injection.

Donc, sans être alarmiste, il est suggéré de manipuler ces insectes avec précaution.

Par ailleurs, si vous en trouvez dans vos piscines et que vous craignez qu’elles grimpent sur vous – elles veulent sans doute simplement sortir de là et vous êtes un support adéquat –, retirez-les à l’aide d’un filet et déposez-les à l’écart. Elles se sécheront les ailes et s’envoleront, comme cette punaise du genre Belostoma que j’avais observée en 2016.

Hum, cette bête a un air malin ! Elle peut mordre lorsque perturbée.

3. Le mâle léthocère porte les œufs sur son dos.

Avez-vous déjà entendu parler du fait que les punaises d’eau géantes mâles portent leur progéniture (les œufs) sur leur dos ? C’est vrai… en partie !

En fait, ce sont les genres Belostoma et Abedus (ce dernier est cependant non retrouvé au Québec) qui adoptent ce comportement. J’en parle d’ailleurs un peu plus dans la chronique associée.

En revanche, le genre Lethocerus, auquel appartient le léthocère d’Amérique, ne présente pas ce comportement. La femelle pond plutôt ses œufs sur la végétation aquatique, les roches, de même que les branches et les feuilles retrouvées près de l’eau ou sous l’eau. Néanmoins, les mâles demeurent à proximité des œufs après qu’ils aient été pondus, afin de les protéger. Ils ne transportent pas leurs rejetons sur le dos, mais ce sont tout de même de bons pères !

Une grosse « bébitte » redoutable ?

Oui, le léthocère d’Amérique est impressionnant. Sa taille et sa voracité le confirment.

Est-il redoutable et indésirable pour autant?

Bien sûr que non !

Ce prédateur indigène joue un rôle important dans les écosystèmes aquatiques. En plus de contribuer à réguler des populations de plusieurs groupes d’organismes aquatiques, il entre dans l’alimentation de divers vertébrés, dont des poissons, des oiseaux aquatiques… et même des humains ! En effet, les punaises d’eau géantes sont considérées comme un délice en cuisine vietnamienne.

Il y a donc plus de chances que nos punaises soient croquées par des humaines… qu’elles ne nous croquent !

Pour en savoir plus

Festival des insectes de Québec – Édition printemps 2023

Le Festival des Insectes s’est tenu à nouveau ce printemps à l’Aquarium du Québec, à Québec. Il s’agit d’un événement familial où l’on peut observer, toucher… et même manger des insectes !

L’édition de ce printemps met en vedette le Pérou. On y rencontre notamment un duo de musiciens péruviens, ainsi que Pierre-Olivier Ouellet, qui nous fait voyager dans ce pays sud-américain.

Le tout sans oublier les autres « bébittes » retrouvées autour du globe !

Faites le voyage avec moi en visionnant la capsule YouTube de ma journée !

Déclin mondial des insectes : est-il minuit moins une ?

La biodiversité.

Un sujet dont on entend beaucoup parler.

Un sujet simple, me diriez-vous ?

Lorsque j’ai décidé d’écrire un billet de blogue sur le déclin de la biodiversité des insectes, je n’avais pas réalisé dans quoi je m’embarquais !

En décembre dernier, la « COP15 » était largement couverte dans les médias. À ce moment, je suis tombée sur d’intéressants articles sur le sujet, dont plusieurs partagés sur LinkedIn. Voulant battre le fer pendant qu’il est chaud, j’ai saisi l’opportunité pour me documenter davantage en vue d’une prochaine publication.

Le sujet s’avéra bien plus riche encore que je le croyais.

Par ailleurs, au moment d’écrire ces premières lignes, je sors d’une visioconférence, animée par nulle autre que Jean Lemire (Mission Antarctique, entre autres), qui touche elle aussi la protection de la biodiversité. Inspirant, tout cela !

Par où commencer ?

Vous avez entendu parler de la COP15 ? J’avais déjà entendu parler de « COP » touchant les changements climatiques, mais d’autres existent. La COP15 dont je vous entretiens ici, c’est la 15e Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies. Tenue à Montréal en décembre 2022, elle rassemblait des gouvernements du monde entier. Lieu de négociations et d’adoption de plans stratégiques, son objectif ultime était de créer un nouveau cadre mondial pour freiner la perte de la diversité de la vie sur la planète, rien de moins !

Mais pourquoi accorder tant d’importance à la biodiversité ?

Les recherches des dernières années tendent à démontrer qu’il y a un déclin global de la biodiversité des organismes vivants sur notre planète. Certes, quelques espèces profitent de niches libérées par d’autres et prolifèrent. Mais, globalement, il semble y avoir d’importantes pertes.

Et nos insectes bien-aimés ne font pas bande à part.

Dans la littérature, on retrouve différentes statistiques : population globale d’insectes qui diminue de 2 % par année (Janicki et collab., 2022), taux dramatiques qui pourraient conduire à l’extinction de 40 % des espèces d’insectes du globe dans les prochaines décennies (Sánchez-Bayo et Wyckhuys, 2019), et j’en passe !

Cette tendance est également observée au Canada et au Québec, où les papillons et les coléoptères figurent au palmarès d’insectes dont le plus grand nombre d’espèces endémiques sont présumées disparues.

Les pollinisateurs nous rendent des services inestimables. Sans eux, nous aurions peu d’aliments pour nous sustenter !

Un déclin qui préoccupe

Pourquoi ce déclin est-il si préoccupant ?

C’est que les insectes et autres invertébrés jouent un rôle indispensable dans les écosystèmes planétaires :

  • Ils sont à la base des chaînes alimentaires terrestres et aquatiques. Ils soutiennent donc une vaste panoplie d’animaux qui, à leur tour, nous nourrissent, nous habillent et nous permettent de survivre.
  • Ils décomposent les fèces, les plantes mortes et les carcasses d’animaux. Ils contribuent ainsi au recyclage des nutriments essentiels à la croissance des plantes et, une fois de plus, à notre subsistance !
  • Ils régulent les pestes en milieu agricole. En se nourrissant d’autres invertébrés qui sont des ravageurs de cultures, ils permettent d’épargner des milliards de dollars en dégâts ou en achats de pesticides.
  • Ils pollinisent les plantes. 87 % de toutes les espèces de plantes et 75 % des plantes de cultures nécessitent d’être pollinisées; ce sont les insectes qui jouent majoritairement ce rôle. Sans eux, la plupart de nos aliments n’existeraient tout simplement pas.
  • Ils contribuent à la fertilité des sols. En aérant et réarrangeant le sol, ils permettent une meilleure rétention de l’eau et des nutriments.

L’importance des insectes est donc indéniable.

Parmi les sources que j’ai consultées, plusieurs illustrent l’importance des insectes par rapport à tous les autres organismes du règne animal. Je vous partage quelques statistiques surprenantes, qui ont de quoi à nous faire sentir tout petit :

  • Quatre ordres d’insectes, soit les diptères, les hyménoptères, les lépidoptères et les coléoptères, constituent ensemble environ 65 % de toutes les espèces connues sur notre planète;
  • Les coléoptères représentent à eux seuls 24 % de toutes les espèces animales vivant sur la planète;
  • Il y a plus d’espèces de longicornes (une seule famille de coléoptères) que d’espèces d’oiseaux;
  • Il y a autant d’espèces de coccinelles qu’il y a d’espèces de mammifères;
  • Il y a plus d’espèces de charançons que d’espèces de poissons.

Malgré la prédominance des insectes sur notre planète, il reste étonnant, voire inquiétant, de constater qu’on en sait si peu sur ces derniers. En effet, alors qu’on a évalué l’état de vulnérabilité de la totalité des espèces d’oiseaux connus, ainsi que de la majorité des reptiles, amphibiens, poissons et mammifères, à peine 1 % des 1 053 578 insectes connus ont été examinés… Et sur ce lot, une espèce sur cinq est déjà considérée comme menacée. Qu’en serait-il si nous en évaluions davantage ?

Je suis par ailleurs attristée d’apprendre que, parmi mes insectes aquatiques préférés, toutes les espèces de plécoptères et d’éphémères qui ont été évaluées jusqu’à présent sont menacées ou éteintes. De plus, plusieurs espèces de libellules et de trichoptères affichent, elles aussi, un statut précaire. Tant d’espèces que je n’aurai jamais le bonheur d’observer !

La biodiversité des milieux aquatiques est également touchée par ce déclin.

Un déclin à l’échelle planétaire

Si ce déclin est généralisé, qu’est-ce qui peut en être la cause ?

Comme pour tout problème environnemental complexe, il n’y a pas qu’un seul facteur en jeu. Ceux qui sont le plus souvent cités dans les sources que j’ai consultées sont :

  • Les changements climatiques;
  • Les pesticides et les fertilisants, en particulier ceux utilisés en milieu agricole;
  • La fragmentation et la destruction des habitats naturels;
  • Les espèces exotiques envahissantes;
  • La pollution lumineuse.

Je pourrais écrire longuement sur les effets respectifs de ces facteurs sur la biodiversité des invertébrés, mais cela excède la portée de mon billet. Je vous invite à jeter un coup d’œil aux sources citées à la section « Pour en savoir plus » si vous êtes curieux !

Ce qui est important de retenir, c’est que les insectes et les autres invertébrés sont confrontés à une multitude de menaces qui, combinées, réduisent leurs chances de s’en sortir. Par exemple, une simple abeille butineuse peut être exposée, tour à tour, à des pesticides, à des parasites introduits, à un habitat fragmenté nécessitant des déplacements plus importants pour trouver les fleurs qu’elle préfère, à des aléas météorologiques auxquels elle n’est pas adaptée, et ainsi de suite ! Qui plus est, Goulson (2021) souligne que certains de ces facteurs conduisent à un effet synergique plus grand que la somme de chaque partie, ce qui aggrave davantage la situation.

Avons-nous des solutions ?

Il est facile de se sentir impuissant devant tous ces constats. Si les insectes, des êtres qui sont issus de millions d’années d’évolution, font face à de multiples menaces, que puis-je faire, moi, simple mortel ?

Plusieurs pistes sont proposées par les sources consultées (non exhaustives) :

  • Réduire l’utilisation de pesticides ou de fertilisants sur nos pelouses;
  • Opter pour des produits biologiques à l’épicerie, ce qui encouragera les entreprises agricoles à utiliser elles-mêmes moins de pesticides et de fertilisants;
  • Favoriser les aires fleuries dans nos cours et nos jardins;
  • Participer à des initiatives de science citoyenne qui permettent de suivre les populations d’organismes, de sensibiliser à leur sujet et de mieux les protéger. Voici quelques exemples près de nous : Cap sur les insectes, G3E, iNaturalist.
  • Diffuser l’information sur les insectes pour réduire les fausses perceptions et faire connaître le rôle crucial qu’ils jouent. Exemples québécois visibles sur les réseaux sociaux : Folles Bestioles, Le labyrinthe des insectes, La Bibitte Mobile, Photos d’insectes du Québec… et votre humble servante !
  • Exercer notre droit de vote en faveur d’une volonté d’action sur les facteurs contribuant au déclin des insectes.

Sur ce dernier point, Kolbert (2020) et Goulson (2021) montrent que la pression politique exercée par les citoyens peut mener à des changements notables. Ils citent l’Union européenne, qui a banni les néonicotinoïdes, une sorte de pesticides réputée avoir des effets nocifs notamment sur les abeilles, et le gouvernement allemand, qui a adopté un programme d’action pour la protection des insectes. De plus, la municipalité de Hudson, au Québec, est mentionnée comme étant la première municipalité nord-américaine à avoir interdit les pesticides en 1991. On lit sur le site de la municipalité (Ville d’Hudson, 2022) que l’exemple qu’elle a donné, en gagnant à la Cour Suprême contre des entreprises agricoles qui la poursuivaient, a encouragé plus de 125 autres villes et municipalités canadiennes, dont Toronto et Ottawa, à travailler sur l’abolition des pesticides.

En outre, de chaque petit pas émergent des solutions qui prennent de l’ampleur, pour éventuellement faire consensus entre de nombreux pays.

Cela nous ramène à la COP15 de 2022, à Montréal.

Cette dernière a été jugée un succès, malgré des négociations parfois ardues. En outre, les pays riches ont accepté de fournir 30 milliards de dollars aux pays pauvres pour mettre en œuvre les actions inscrites dans le plan. Parmi celles-ci, on retrouve l’objectif de protéger 30% des terres et des océans d’ici 2030. Présentement, 17% des terres et 8% des océans sont protégés.

Même si cela peut paraître peu – ou tard – pour certains, il s’agit d’une avancée significative dans la bonne direction.

La sensibilisation des jeunes et des moins jeunes est une action à notre portée. On voit ici une DocBébitte amusée devant de jeunes enthousiastes !

L’avocat du diable ou l’autre côté de la médaille

Vous saviez sans doute qu’une scientifique se cache derrière DocBébitte. Je ne pouvais vous présenter un sujet aussi important sans me demander s’il existait des études qui contredisent la tendance générale observée.

La réponse est… oui !

Ce constat n’est pas surprenant. En science, l’étude d’un objet aussi complexe qu’une communauté vivante peut donner lieu à une multitude de résultats différents. La nature de la communauté, sa structure, sa localisation sur notre planète, ainsi que sa sensibilité aux différents perturbateurs anthropiques et environnementaux, peuvent toutes influencer les résultats obtenus.

Ainsi, certaines études citées par Wagner et collab. (2021), ainsi que Goulson (2021) ont observé une absence de changement ou une augmentation dans l’abondance ou l’aire de distribution de groupes d’insectes :

  • Insectes des régions tempérées limités par les températures hivernales, qui s’étendent maintenant vers le nord en réponse à des températures plus clémentes;
  • Taxons associés aux humains et à l’urbanisation qui se dispersent avec eux;
  • Insectes aquatiques qui repeuplent les cours d’eau mieux protégés par des législations de type « Clean Water Act »;
  • Espèces colonisatrices – voire exotiques et envahissantes – qui augmentent leur aire de distribution;
  • Espèces natives soutenues par l’apparition de plantes introduites, qui deviennent une source de nourriture inespérée.

Il est important de souligner que le tableau n’est pas entièrement sombre. Cependant, il est indéniable que la biodiversité telle que nous l’avons connue jusqu’à présent est en train de changer, et il est difficile de prédire tous les effets qu’auront ces bouleversements sur notre quotidien.

Que vous soyez convaincus de la nécessité d’agir ou que vous hésitiez à croire dans l’ampleur du déclin annoncé, personnellement, je m’interroge : « Lèguera-t-on aux générations futures la biodiversité qui m’a tant émerveillée qu’elle continue chaque jour de m’inspirer à vous partager mes découvertes ? ».

Une jeune DocBébitte émerveillée devant un monarque, insecte qui est devenu un symbole de la protection de la biodiversité.

Pour en savoir plus

Conférence : Parlons d’arachnophobie !

L’arachnophobie, vous connaissez ?

Cette conférence conviviale offre des astuces qui vous aideront à persuader votre entourage à apprécier ces petites bêtes… ou à mieux les tolérer vous-mêmes !

Cliquez sur le lien ci-dessous pour écouter la conférence. Bon visionnement !

La conférence a été réalisée sur Facebook le 25 mars 2023.

Plusieurs photographies de lecteurs DocBébitte ont été utilisées. Les crédits associés sont apposés directement sur les photos. Les photos non identifiées sont de Caroline Anderson ou d’Alexandre Roy.

Pour en savoir plus