Une bonne méthode pour observer des insectes et autres invertébrés est de soulever des bûches jonchant le sol.
Suivez-moi dans cette vidéo tournée à la fin du mois d’avril, alors que je découvre des organismes – certains bien connus, mais d’autres plus inusités – sous les troncs morts.
Merci à mon conjoint de s’être prêté au jeu… et de faire partie de la vidéo en tant que figurant !
Pour non moins d’une cinquième année consécutive, je me suis pointé le bout du nez au Festival des insectes de Québec qui avait lieu, comme par le passé, sur le site de l’Aquarium du Québec.
La formule de l’an dernier semblait avoir été reprise de façon assez intégrale : il y avait un premier pavillon destiné aux manipulations, un second pour apprécier et acheter des insectes naturalisés (et où avait lieu une chasse au trésor pour les plus petits), puis un troisième où l’on pouvait se procurer le matériel nécessaire pour se fabriquer soi-même cadres et bijoux entomologiques!
Phénomène de luminescence – et manipulation de scorpions en sus!
Chambre noire où l’on pouvait apprécier le fascinant phénomène de luminescence chez les scorpions
Pour les collectionneurs et ceux qui sont agiles dans l’étalage, les deux derniers sites étaient sans aucun doute d’intérêt. Au second site étaient aussi offerts différents aliments à base d’insectes pour dégustation. Comme vous me connaissez, je me suis risquée à croquer dans un biscuit à la farine de grillon et à l’avoine. Très bon!
N’étant pas très habile dans le montage d’insectes (je manque de patience!), j’ai passé plus de temps au premier pavillon, là où l’on pouvait manipuler plusieurs invertébrés. J’ai eu la chance de prendre deux espèces de mygales, un très gros diplopode (dit mille-pattes, bien qu’on m’ait indiqué que ce dernier en possédait 496!), ainsi que deux scorpions. Les personnes présentes aux kiosques prenaient le temps d’expliquer divers faits intéressants sur les spécimens manipulés… notamment qu’une des mygales était âgée de 27 ans! Une aînée, quoi!
On pouvait observer et même manipuler des mygales
Il semble que les courtes présentations orales effectuées lors des trois premières moutures du Festival aient été complètement retirées (c’était aussi le cas l’an dernier). C’est dommage, puisqu’elles me retenaient plus longuement sur le site. Sans doute qu’un tel événement demande bien des préparatifs et qu’il aura été décidé de réduire la complexité des éléments offerts. J’ai néanmoins bien profité de ma visite qui m’a tout à fait requinquée!
Si vous voulez jeter un coup d’œil à deux courtes vidéos réalisées dans la chambre noire et concernant les scorpions, rendez-vous au bas de la présente chronique. À l’année prochaine!
De très nombreuses collections à admirer
Certaines collections étaient bâties telles des œuvres d’art!
Vidéo 1. Scorpion que j’ai pu manipuler. Il avait cependant la bougeotte!
Vidéo 2. Cette vidéo illustre bien le phénomène de luminescence chez les scorpions.
Marcher à quatre pattes, nous avons tous déjà fait cela. Bien que beaucoup d’invertébrés, de leur côté, se traînent sur six pattes (les insectes), plusieurs portent un plus grand nombre de ces très pratiques appendices.
C’est le cas des individus appartenant au grand groupe (super-classe) des myriapodes (lire myriade de pattes!), que l’on tend à appeler communément des « mille-pattes ». Or, ce groupe se compose non seulement des mille-pattes en tant que tels (classe Diplopoda), mais comprend aussi des « cent-pattes » (classe Chilopoda).
Chilopode de l’ordre Lithobiomorpha (ordre communément observé), rescapé de ma piscine
C’est de cette deuxième classe que je veux vous entretenir! Il s’agit par ailleurs de l’invertébré-mystère de la semaine dernière. Aviez-vous deviné qu’il s’agissait d’un cent-pattes?
Première question qui vous vient sans doute à l’esprit : les chilopodes possèdent-ils bel et bien cent pattes? En fait, les centipèdes adultes retrouvés en Amérique du Nord peuvent compter de 15 à plus de 50 paires de pattes (selon les ouvrages consultés, certaines espèces peuvent dépasser largement la centaine de pattes pour atteindre quelque 350 pattes). Ce qui les distingue des mille-pattes, c’est le nombre de pattes observées par segment. Les centipèdes ne possèdent qu’une seule paire de pattes par segment, alors que les millipèdes en ont deux. De plus, les premiers présentent une forme aplatie. Les millipèdes, en revanche, sont plutôt cylindriques.
Autre différence entre ces deux classes : la dernière paire de pattes des chilopodes est plus longue et donne l’impression qu’elle traîne à l’arrière du corps. Elle ne sert pas à la locomotion, mais plutôt, selon l’espèce, à maîtriser des proies, à projeter des matériaux gluants à des prédateurs ou encore en guise de « pinces » aiguisées pour se défendre!
Chilopode (à droite) et diplopode (à gauche) qui étaient cachés sous la litière de feuille du printemps
Ces appendices (vue ventrale) sont des pattes modifiées qui injectent du venin!
Aussi, pour ceux qui ont participé à la devinette de la semaine dernière, à quoi peuvent bien servir les drôles d’appendices que l’on retrouve à l’avant de la tête des chilopodes? Il s’agit en fait d’une paire de pattes modifiées qui servent à… injecter du venin dans des proies! On les appelle « forcipules ». Plus précisément, ce sont des glandes, situées à la base de ces pattes, qui produisent du venin. Ce dernier trouve son chemin jusqu’aux « griffes », qui sont utilisées pour faire pénétrer le venin dans les tissus des proies! Vous aurez donc compris que les chilopodes sont de voraces prédateurs! Ils se nourrissent habituellement d’autres invertébrés, quoique les espèces de plus grande taille puissent également s’attaquer à de petits rongeurs, reptiles et oiseaux. Dans les régions plus au sud de l’Amérique du Nord et en région tropicale, on retrouve des chilopodes géants (16-17 centimètres) dont le venin est assez puissant pour causer de fâcheuses réactions chez les humains (enflure, douleur pouvant durer plusieurs heures, fièvre et vomissements, selon les individus). Doigts curieux s’abstenir!
Ici, au Québec, vous n’avez pas à vous inquiéter, mais devez être prudents si vous souffrez d’allergies aux piqûres d’abeilles. À ce qu’il semble, vous seriez davantage susceptibles de présenter une réaction si vous êtes mordus. Par ailleurs, bien que les centipèdes puissent techniquement nous mordre, ils le font très rarement et cherchent d’abord à fuir. Finalement, il semblerait que les petites espèces de centipèdes ne sont pas assez puissantes pour rompre la peau en mordant. Pour ma part, j’en ai manipulé à plusieurs reprises (espèces québécoises) et je ne me suis pas fait mordre jusqu’à maintenant!
Les centipèdes sont des chasseurs de nuit et vont préférer les lieux sombres et humides. En plein jour, on peut donc les retrouver sous des roches et des troncs, ou encore sous la litière de feuilles. C’est d’ailleurs une joie pour moi de nettoyer mes plates-bandes au printemps. Lorsque je soulève l’épaisse couche de feuilles (j’ai un bois dans ma cour!), j’y observe notamment beaucoup de chilopodes qui ont vite fait de se sauver et de se cacher dans un interstice à proximité. Il faut dire qu’ils sont des champions coureurs et se défilent très rapidement! Plusieurs se cachent également dans mon compost, dans doute à l’affut de proies.
Chilopode de l’ordre Lithobiomorpha, autre prise de vue
Comme ils affectionnent les lieux humides, ils peuvent parfois se retrouver dans nos habitations, en particulier dans nos sous-sols. Bien que cela ne soit pas nécessairement agréable, ils ne constituent pas une menace réelle. Si vous bouchez les trous par lesquels ils peuvent s’infiltrer et enrayez les sources d’humidité (ex. : une infiltration d’eau dans votre demeure) et de nourriture (autres insectes, qui eux, sont généralement nuisibles!), le milieu ne les intéressera guère.
Une sorte de chilopode qui peut s’infiltrer dans nos demeures et qui, je dois l’avouer, est fort impressionnant en apparence est la scutigère. Vous verrez des photos de cet individu en suivant ce lien sur le site de « Espace pour la vie ». Malgré son allure digne d’un film d’Indiana Jones (vous vous rappelez sans doute la caverne tapissée de gros invertébrés effrayants – voir cette séquence sur YouTube), la scutigère est un invertébré bénéfique!
Je termine avec un fait intéressant en cette semaine de la Saint-Valentin : la reproduction chez les chilopodes n’implique pas de copulation. Plutôt, lorsque vient le temps de se reproduire, les mâles chilopodes présentent leur spermatophore (un « paquet » de sperme, si l’on veut) en guise de cadeau aux femelles. Elles peuvent ensuite décider de prendre ce petit cadeau afin de se féconder. Mesdames, espérons que ce ne soit pas le genre de cadeau que nos conjoints comptent nous offrir pour la Saint-Valentin!
Vidéo : Chilopode (ordre Lithobiomorpha) rescapé de ma piscine et se faisant sécher. Habituellement, ils courent vite et se laissent peu prendre en photo. Pensez à mettre la vidéo en haute résolution pour une meilleure qualité!
Pour en savoir plus
Dubuc, Y. 2007. Les insectes du Québec. 456 p.
Evans, A.V. 2008. Field guide to insects and spiders of North America. 497 p.
Marshall, S.A. 2009. Insects. Their natural history and diversity. 732 p.
McGavin, G. 2000. Insectes – Araignées et autres arthropodes terrestres. 255p.
Certains invertébrés, lorsque vus de près, n’ont rien à envier des monstres conçus pour nous divertir. Pattes velues, mandibules et palpes étranges, yeux multiples, rien n’est laissé pour compte.
L’invertébré-mystère de cette semaine porte de bien étranges appendices de chaque côté de sa bouche et a une tête à faire frissonner! De qui s’agit-il et à quoi ces drôles de cornes peuvent-elles bien servir?
Vous êtes invités à répondre à cette devinette en vous joignant à la Page Facebook DocBébitte ou en inscrivant vos réponses dans la section « Commentaires » de la présente chronique.