Un p’tit diable de ténébrion !

Il y a des insectes dont vous entendez parler souvent, cherchez, et ne trouvez simplement pas ?

Puis, à un moment totalement inattendu, eurêka, vous tombez dessus ?

C’est le cas, pour moi, du mignon ténébrion cornu (Bolitotherus cornutus).

J’ai entendu des collègues entomologistes mentionner à quel point il était facile de trouver ces coléoptères en examinant la surface ou l’intérieur de certaines espèces de champignons. Je m’étais mise à porter attention à divers champignons sans jamais ne rencontrer le fameux insecte.

C’est par chance, lors d’une randonnée dans les sentiers du secteur des Trois Fourches à la mi-juin 2022, que je tombai enfin sur mes premiers spécimens. Et, par premiers, je veux dire la première douzaine d’un seul coup !

J’avais commencé à prendre de jolis champignons en photo (des ganodermes, du genre Ganoderma – merci à Fabien Girard et iNaturalist pour l’aide à l’identification), pour me rendre compte qu’ils étaient truffés de petits coléoptères noirs. Beaucoup étaient affairés à copuler.

Il s’agissait enfin de mes premiers ténébrions cornus ! Dire que je ne regardais initialement que les champignons, sans voir les insectes associés !

Comme le laisse présager leur abondance sur les ganodermes photographiés, ces arthropodes se nourrissent de certaines espèces de champignons dits polypores qui poussent sur des troncs en décomposition, ainsi que de pleurotes (espèce Pleurotus ostreatus). C’est le cas autant des larves que des adultes. D’ailleurs, sur certaines images photo ou vidéo que j’ai prises, je croyais initialement qu’on y voyait une femelle se délectant du champignon, alors qu’un mâle l’accouplait. Or, il s’avère que le mâle fait face à l’arrière-train de la femelle, qui est plutôt affairée à pondre dans le champignon. Le mâle supervise ainsi la ponte pour ne pas se faire déloger par un autre mâle.

Fait intéressant, les mâles sont munis de deux cornes, comme de petits diables ! La taille des cornes varie grandement entre les spécimens et dépend de la qualité de la nutrition des larves. Plus elles sont imposantes, plus le mâle peut s’en servir lors de combats avec d’autres mâles dans l’espoir de conquérir sa future dulcinée. C’est que ces Messieurs impressionnent par la taille de leurs… cornes !

Les femelles, de leur côté, ne possèdent pas de cornes. Leur petit corps trapu, sombre et bosselé, est tout de même facile à distinguer de beaucoup d’espèces de coléoptères. Aussi, deux protubérances demeurent présentes là où les mâles portent leurs cornes.

Femelle du ténébrion cornu, retrouvée sur un champignon du genre Ganoderma.
Autre femelle.

Les adultes sont de taille moyenne pour nos coléoptères québécois et font 10 à 12 mm. Actifs durant le printemps et l’été, ils sont attirés aux lumières le soir venu. Selon les sources consultées, ils seraient nocturnes, mais je les ai pour ma part observés, actifs, en plein jour. Il faut dire que j’étais sous une canopée plutôt épaisse et que, de surcroît, c’était une journée nuageuse ponctuée de quelques précipitations.

Ce sympathique coléoptère vit plus de deux ans. Pour traverser les rigueurs de l’hiver, il se cache sous l’écorce des arbres. Comme je l’ai mentionné précédemment, la larve se nourrit elle aussi de champignons. Il est donc possible, en examinant et en égrainant les champignons présentant des trous visibles, de dénicher quelques-unes de ces larves.

Cet individu feint la mort.

Lors de mon expérience en juin, je n’ai tenté de manipuler qu’un spécimen adulte, seul, pour éviter de déranger les individus affairés à s’accoupler. Aussitôt saisi entre mes doigts, ce dernier se laissa tomber au sol, immobile, feignant la mort. Ce comportement est corroboré par Marshall (2009) qui indique que, bien que les ténébrions cornus soient capables de générer des produits chimiques susceptibles de colorer ou de bruler la peau, ils préfèrent généralement faire le mort.

La leçon de cette histoire, c’est qu’il ne faut pas laisser tomber lorsqu’on n’arrive pas à observer un spécimen vivement recherché. Parfois, le hasard nous permet de tomber sur de véritables joyaux, comme ce petit ange cornu de ténébrion !

Pour en savoir plus

Ami scarabée, lève ton verre !

Avec le temps des fêtes qui s’amène, on pense à faire le plein de victuailles, friandises et boissons incluses !

Plusieurs songent déjà à lever leur verre à cette année qui s’achève, alors que la vente de vins et produits connexes s’apprête à atteindre des sommets.

Bien que nettement moins captivés par les produits alcoolisés dérivés des vignes, certains insectes s’intéressent néanmoins aux feuilles et aux fruits de ces plants, avant qu’ils ne soient transformés.

C’est le cas de notre insecte vedette : le scarabée ponctué de la vigne (Pelidnota punctata) !

Ce gros coléoptère, d’une envergure de 19 à 27 mm, est en effet retrouvé dans les vignobles, les jardins, ainsi que les fourrés et les bois. Espèce commune, elle se rencontre dans tout l’est de l’Amérique du Nord.

Comme susmentionné, l’adulte se délecte des feuilles et des fruits de différentes vignes, à la fois sauvages et cultivées. Malgré cette préférence alimentaire, il ne semble pas être un ravageur important des vignobles.

Le scarabée de la vigne arbore l’orange, marqué de quelques points noirs.

Outre sa taille remarquable, il se reconnaît aisément par son corps de couleur orangée, ponctué de plusieurs points noirs : un de chaque côté du pronotum (partie située immédiatement après la tête), ainsi que trois le long de chaque élytre. Il faut cependant noter que les spécimens retrouvés plus au sud de l’aire de distribution (sud-est américain en particulier) peuvent présenter des points réduits, voire absents.

Les larves, quant à elles, atteignent aussi une taille appréciable : jusqu’à 5 cm ! On les voit toutefois peu : une fois sorties de l’œuf, elles pénètrent le sol et s’enfouissent près des souches où elles ont été pondues. Elles se nourrissent des racines et souches pourries.

Le cycle de vie complet de cet arthropode s’étale sur deux années. Les adultes émergent entre les mois de mai à septembre et vivent environ un mois. Le pic d’observations sur iNaturalist, pour le Canada, est au mois de juillet.

Mon premier scarabée ponctué de la vigne était… sur une vigne quand je l’ai aperçu!

Ma première prise de conscience quant à l’existence de ce scarabée remonte à l’année 2013, alors que ma mère me transmettait une photo d’un individu retrouvé dans sa piscine. C’était plus précisément dans le cadre du tout premier concours annuel de photographie d’insectes DocBébitte. J’étais impressionnée par la taille du coléoptère, que ma mère avait pris soin de déposer sur une règle pour apprécier sa grosseur (ce cliché).

Le scarabée s’est laissé manipuler.

Cela aura pris presque dix ans avant que je voie moi-même mon premier individu. Et je n’étais pas la seule à rechercher une telle observation : un certain collègue entomologiste que je ne nommerai pas (hein, Ludo !) était à la recherche depuis plusieurs années d’un spécimen à ajouter à sa collection. J’aurai eu le plaisir de faire ma première observation tout juste un peu avant ce dernier !

Ce fut donc avec excitation que je reconnus mon tout premier spécimen en juillet dernier, lors du congrès annuel de l’Association des entomologistes amateurs du Québec, qui se tenait à la Colonie des Grèves de Contrecœur. C’était le soir et nous étions, mon conjoint et moi, à la recherche d’insectes dans les fourrés… quand j’aperçus un gros coléoptère… dans une vigne !

Après avoir mitraillé l’individu de photos, je pus le prendre dans mes mains, avant de le remettre dans son habitat. Fait intéressant, d’ailleurs, ce gros arthropode s’est laissé manipuler sans trop broncher. Un plaisir pour les yeux et toute une chance pour les photographes amateurs que nous étions !

Cela dit, comme les vignobles, notre charmant coléoptère semble être mieux représenté dans le sud du Québec. Les observations sont très nombreuses dans le secteur de Montréal et diminuent en se dirigeant vers le nord et l’est. Néanmoins, iNaturalist affiche quelques occurrences au nord de Shawinigan et à la hauteur de Québec.

Vous n’avez pas encore rencontré ce coléoptère qui mérite d’être connu ? Qu’à cela ne tienne ! Levons nos verres à ce sympathique scarabée !

Au frontibus, au neztibus… au clypéus, iglou iglou iglou !!!

Trêve de plaisanteries ! Amusez-vous bien – avec modération – en ce temps de réjouissances qui approche ! Et prenez soin de vous !

Il est joli, vous ne trouvez pas ?

Pour en savoir plus

  • Bug Guide. Species Pelidnota punctata – Grapevine Beetle. https://bugguide.net/node/view/3139 (page consultée le 26 novembre 2022).
  • Dubuc, Y. 2007. Les insectes du Québec. 456 p.
  • Evans, A.V. 2008. Field guide to insects and spiders of North America. 497 p.
  • Evans, A.V. 2014. Beetles of Eastern North America. 560 p.
  • Hardy, M. 2014. Guide d’identification des Scarabées du Québec (Coleoptera: Scarabaeoidae). Entomofaune du Québec (EQ) inc., Saguenay. 166 pages.
  • iNaturalist. Scarabée ponctué de la vigne. https://inaturalist.ca/taxa/48259-Pelidnota-punctata (page consultée le 23 novembre 2022).
  • Marshall,, S.Q. 2009. Insects. Their natural history and diversity. 732 p.
  • Normandin, E. 2020. Les insectes du Québec. 620 p.
  • Wikipédia (français). Pelidnota punctata. https://fr.wikipedia.org/wiki/Scarab%C3%A9e_de_la_vigne (page consultée le 26 novembre 2022).

Le bossu de l’asclépiade

Il y a plusieurs années de cela, je vous ai parlé des insectes et autres invertébrés qui sont associés à l’asclépiade (Le peuple de l’asclépiade).

Nombreux d’entre eux portent l’orange et le noir, des couleurs sous le thème de l’Halloween qui approche à grands pas.

Une de mes premières rencontres ! Notez les motifs qui diffèrent.

Pourquoi ne pas vous parler davantage de l’un de ces arthropodes qui, en plus d’arborer fièrement l’orange et le noir, est aussi de bonne taille et amusant à observer ?

Il s’agit de la chrysomèle de l’asclépiade (Labidomera clivicollis).

Comme son nom commun français l’indique, le cycle de vie de ce charmant coléoptère est étroitement lié à l’asclépiade. Tant la larve que l’adulte se nourrissent majoritairement d’asclépiades du genre Asclepias, quoique certaines autres plantes de la famille des asclépiadacées figurent à leur menu.

De taille moyenne (8 à 12 mm selon les sources), l’adulte est facile à identifier. Son dos est très arrondi, comme un dôme; on utilise d’ailleurs le mot « bossu » pour le décrire dans les sources anglophones que j’ai consultées. Sa tête, son pronotum (partie immédiatement située après la tête), ses pattes et le dessous de son corps sont d’un noir comportant des reflets bleu ou vert métallique. Ses élytres, quant à eux, sont flanqués du même noir ainsi que d’une coloration orange bien visible. Evans (2014) précise que les motifs sur les élytres peuvent être variables (voir cette photo sur Bug Guide), certains individus retrouvés dans le nord-est de l’aire de distribution pouvant même présenter une quasi-absence de motifs.

Il est bossu, ce coléoptère !

À propos de l’aire de distribution de la chrysomèle de l’asclépiade, elle couvre une bonne partie de l’Amérique du Nord. Débutant à l’est des Montagnes Rocheuses, elle s’étend longitudinalement jusqu’en Nouvelle-Écosse. Au sud, elle atteint la Floride à l’est et le Mexique à l’ouest. Bref, notre mignon coléoptère est bien connu en Amérique du Nord !

Les pattes, antennes, ainsi que la tête et la face ventrale de l’abdomen sont noires.

Si vous n’avez pas encore rencontré cet insecte, il vous suffit de regarder là où poussent des talles d’asclépiades. Plus spécifiquement, les milieux ouverts comme les parcs urbains, ainsi que les lisières de routes et de boisés constituent des endroits par excellence pour les observer. 

Bien qu’Evans (2008) mentionne que ces chrysomèles ne causent généralement pas d’importants dommages, plusieurs individus peuvent être observés sur de mêmes plants. Une de mes premières observations fut d’ailleurs celle de plusieurs adultes et larves se délectant de quelques plants en bordure des marais de la Réserve naturelle du Marais-Léon-Provancher (Neuville, Québec). J’étais surprise par le nombre appréciable de bêtes en train de dévorer des feuilles d’asclépiades.

Cette rencontre fortuite me permit de prendre quelques clichés du festin en cours, incluant les étranges larves trapues de couleur blanc-jaunâtre et noire (photos à l’appui !).

L’étrange larve s’alimentant près de quelques adultes.

Si l’on revient à la couleur halloweenesque de l’adulte, vous avez sans doute vu une similarité avec le célèbre monarque. Ce papillon porte des couleurs vives afin d’alerter les prédateurs à l’effet qu’il est toxique : la chenille ingère les toxines produites par l’asclépiade et peut rendre malade tout prédateur qui s’en nourrit. Bien que la chrysomèle de l’asclépiade se nourrisse elle aussi d’asclépiades, il semble qu’elle ne soit pas toxique pour les prédateurs. Néanmoins, elle arbore la même coloration orange et noire que le monarque, avertissant les prédateurs d’un potentiel toxique.

Ce subterfuge réduit les probabilités de se retrouver dans l’estomac d’un oiseau ou d’un autre prédateur… et fait que notre coloré « bossu » de l’asclépiade est tout joliment vêtu et prêt pour fêter l’Halloween !

La chrysomèle de l’asclépiade est un insecte facile à manipuler.

Pour en savoir plus

Observer les insectes la nuit: les pièges lumineux

Vous souhaitez observer les insectes et autres invertébrés la nuit ?

Quoi de mieux qu’un piège lumineux pour les attirer !

Dans cette capsule vidéo, quelques collègues entomologistes sont mis à contribution pour vous expliquer comment utiliser un piège lumineux.

Vous y apprendrez entre autres choses:

  • Quel type de lumière peut être utilisée;
  • Quelles sources d’énergie sont disponibles;
  • Comment installer son piège.

Merci à Ludovic Leclerc, Serge Mailhot et Étienne Normandin de s’être prêtés au jeu ! Bonne observation d’insectes !

Les hannetons s’invitent au Festival d’été de Québec ?!?

Au Festival d’été de Québec, on s’attend à voir des vedettes de toutes sortes : pop, rock, métal…

Mais qui aurait cru que le show serait volé par des insectes ?

Je n’ai malheureusement pas expérimenté la situation moi-même : c’est une collègue de travail qui m’a relaté les faits. Alors que les premières parties d’un des spectacles donnés sur les Plaines d’Abraham battaient leur plein, d’assez gros scarabées peu habiles firent leur apparition parmi les spectateurs.

Des centaines de hannetons européens étaient écrasés sur les Plaines d’Abraham, au lendemain du spectacle

Voletant par-ci, fonçant dans la figure des gens par-là, ils étaient loin d’être discrets. Ma collègue – qui aime les « bébittes » autant que moi – était fascinée. Ça ne semble cependant pas être le cas de la majorité des spectateurs, vraisemblablement agacés par ces centaines de bêtes qui grimpaient dans leurs cheveux et s’agrippaient à leurs vêtements.

Par chance, ma collègue m’informa dès le lendemain de son observation. En deux temps trois mouvements, je me rendis sur les Plaines d’Abraham pour collecter les restes de ces dérangeantes bestioles. J’en ai d’ailleurs fait une vidéo Facebook Live, disponible sur la Page Facebook DocBébitte.

De quelle espèce s’agissait-il ? Quelques vérifications et questions auprès de collègues entomologistes me permirent de confirmer qu’il s’agissait du hanneton européen (Amphimallon majale). Mais que faisait-il au juste en aussi grand nombre, à la brunante, au beau milieu des Plaines ?

À cet effet, Espace pour la vie indique que les adultes apparaissent en juin et juillet et que, pendant la période de reproduction, on peut les observer en nuées. Marshall (2009) abonde dans le même sens : en période de reproduction, cette espèce forme de bruyants (référant à leur vol) agrégats de milliers d’individus, habituellement actifs au crépuscule.

Ma récolte sur les Plaines

D’ailleurs, suivant l’incident sur les Plaines, je me suis mise à collecter grand nombre de ces coléoptères dans ma piscine, tous les jours qui suivirent. Il semble que ces insectes étaient présents en très grand nombre partout dans la région de la Capitale Nationale.

Qui plus est, j’en observai davantage dans le secteur de Contrecœur la fin de semaine suivante (c’était le congrès de l’Association des Entomologistes Amateurs du Québec). Ils devaient donc être actifs dans plus d’une localité.

Malheureusement, cet arthropode plutôt mignon est une espèce exotique envahissante. Introduit en Amérique du Nord, ce scarabée d’Europe a été remarqué au Québec en 1986. Depuis, il est retrouvé dans différentes municipalités et est visiblement en expansion au Québec, puisque Hardy (2014) le recensait principalement dans la région de Montréal en 2014 et ne le retrouvait pas plus loin, au nord, que Trois-Rivières. En 2022, il était définitivement déjà très abondant dans la région de Québec.

Le hanneton européen est considéré comme une peste. Les larves se nourrissent des racines de plusieurs herbacées, comme le gazon, le trèfle, le blé et le maïs. Elles peuvent donc faire jaunir les pelouses, au grand désespoir de ceux qui mettent temps et argent pour avoir LA pelouse parfaite du voisinage ! À cet effet, si vous cherchez des façons de vous en débarrasser, je vous recommande de jeter un coup d’œil aux sources consultées (section Pour en savoir plus). Plusieurs conseils y sont prodigués.

Un individu rescapé de ma piscine

Les gloutonnes de larves ressemblent à celles du hanneton commun (Phyllophaga anxia) – les fameux vers blancs dont je vous ai déjà parlé. Les adultes ont aussi des airs de famille, bien que le hanneton européen soit plus petit (12 à 15 mm) que le hanneton commun (17 à 23 mm). Globalement, le hanneton européen porte également une robe plus pâle – qualifiée de brun roux pâle dans certaines sources consultées –, mais je me méfie de façon générale lorsque vient le temps d’identifier un insecte par la couleur. Chez plusieurs espèces d’insectes, la couleur est variable et on ne peut uniquement s’y fier. Pour notre hanneton européen, j’ai d’ailleurs noté que les individus collectés sur les Plaines – morts et secs – étaient d’un brun plus foncé que ceux recueillis dans l’écumoire de ma piscine. L’état de la bête pourrait affecter sa coloration, à ce qu’il semble du moins dans le présent cas !

Ces spécimens, retrouvés morts dans ma piscine, ont eu moins de chance

En outre, l’ouvrage de Hardy (2014), Guide d’identification des Scarabées du Québec, me fut très utile pour bien comprendre les critères à observer. Loin de moi est l’idée de vous faire un cours complet d’identification des scarabéidés du Québec. Néanmoins, j’aime toujours vous donner quelques astuces concernant les parties du corps à cibler si vous faites de la photo. Ainsi, pour distinguer entre eux les « hannetons » ou autres coléoptères apparentés de la tribu Melolonthini, il importe de porter une attention aux antennes et aux griffes situées au bout des tarses antérieurs.

Tout d’abord, il faut vérifier si la massue antennaire est constituée de 5-7 articles (aussi appelés lamelles) ou de 3 articles.

Vous voyez 5 à 7 articles ? Ce n’est pas notre insecte-vedette !

La massue possède 3 articles ? Il faut regarder en un deuxième temps si les deux griffes des tarses antérieurs sont simples ou si elles sont munies d’une dent bien évidente vers le centre de la griffe. Si la griffe est simple, il s’agit du genre Amphimallon… et comme une seule espèce de ce genre est présente au Québec en ce moment, il s’agit nécessairement du hanneton européen ! Petit bonus : le pronotum (partie située sous la tête) et les élytres sont toujours pubescents chez le hanneton européen. Ils peuvent l’être ou non chez les autres genres. Bref, notre hanneton européen s’avère être une belle petite bête poilue !

Je souligne dans la seconde étape des instructions ci-dessus que la dent sur les griffes est évidente lorsque ce n’est pas le genre Amphimallon. C’est que, lors de mes vérifications sous la loupe de mon appareil binoculaire, je réalisai que ladite griffe « simple » d’Amphimallon comportait en fait une dent plus petite, près du début du tarse. Cela me déconcerta pendant un certain temps et je dus faire davantage de recherches et de vérifications pour m’assurer que j’avais bien un hanneton européen devant moi. Vous en serez donc avertis !

Cela étant dit, il faut noter que mes recherches m’ont permis de voir qu’il y a une autre espèce d’Amphimallon qui est aux portes du Québec. Sur iNaturalist, on observe en effet l’espèce A. solstitiale dans les provinces canadiennes et états américains qui entourent notre belle province. C’est probablement une question de temps avant que certains spécimens ne soient retrouvés à nos latitudes.

Nous connaissons maintenant l’identité de l’insecte qui a chatouillé plusieurs spectateurs lors du Festival d’été de Québec 2022. Sera-t-il de la partie l’an prochain ? Place au tout nouveau boys band, les Hannetons Amphimallon !

Pour en savoir plus