Manipuler des insectes au Festival des Insectes 2024

Chaque année, je me pointe le bout du nez au Festival des Insectes, offert à l’Aquarium du Québec grâce à La Bibitte Mobile.

Cette année, l’Indonésie était à l’honneur, avec des insectes (et autres invertébrés) de toutes les couleurs! Bien sûr, il y avait, comme coutume le veut :

  • Dégustations d’insectes;
  • Conférence de Pierre-Olivier Ouellet sur son voyage en Indonésie;
  • Manipulations d’invertébrés;
  • Expositions variées : vente d’insectes vivants et naturalisés, peintures d’insectes et d’araignées… et j’en passe!

J’ai manipulé et observé de près bon nombre d’invertébrés. Curieux d’en voir quelques-uns de près? Visionnez ma vidéo ci-dessous de cette belle journée!

Série Voyages! Canot-camping aux Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie

Depuis que je prépare des vidéos avec montage, j’ai commencé à prendre beaucoup de photos et de vidéos de mes différentes escapades dans l’espoir de vous concocter des capsules « Série Voyages ».

J’ai jusqu’à maintenant amassé beaucoup plus de matériel que je n’ai eu de temps pour vous le partager!

Qu’à cela ne tienne, lentement, mais sûrement, vous verrez passer des capsules de voyages ou de petites escapades!

Place à l’une d’entre elles : ma première (ou presque!) expérience de canot-camping! Qui, de surcroit, a été réalisée dans un très bel endroit : le Parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie, au Québec.

Vous y verrez les lieux de camping (camping de l’Équerre), nous suivrez, mes deux acolytes et moi, dans une randonnée en montagne (Chute du Ruisseau Blanc et Point de vue des Géants), puis ferez avec nous l’aller et le retour, de 8 km chacun, en canot et en kayak.

Bien sûr, vous pourrez y observer de nombreux animaux… dont mes préférés : des insectes d’origine aquatique!

Je tiens à remercier mon conjoint Alexandre, ainsi que Jean-Isaac Blais-Roy d’avoir accepté de figurer dans la capsule vidéo.

Merci également à Jean-François Desroches pour l’identification des poissons!

Suivez moi et mes deux acolytes dans cette escapade en canot-camping!

400e publication de blogue ! Le silphe marginé : un charognard surprenant !

Pour célébrer cette 400e publication de la page docbebitte.com, je vous ai soumis, il y a quelques semaines, trois sujets pour lesquels voter :

  • #1. Photographier les mouches : quoi viser pour mieux les identifier ?
  • #2. Le silphe marginé : un charognard surprenant !
  • #3. La dolomède triton : une araignée qui aime l’eau !

La lutte a été chaude, avec 8 votes pour les thèmes 1 et 3, alors que le thème du silphe récoltait 9 votes. C’est donc de ce coléoptère original que je vais vous entretenir !

À noter que, pendant que je préparais les présentes lignes, j’ai reçu un vote tardif pour le thème 3… Créant l’égalité ! Visiblement, tous les thèmes mentionnés vous intéressent, chers lecteurs ! Je note donc de vous parler des autres sujets prochainement !

Mais, pour l’instant, place à la 400e publication ! Le silphe marginé : un charognard surprenant !

Le silphe marginé (Oiceoptoma noveboracense) est un coléoptère qui appartient à la famille Silphidae. Les membres de cette famille se nourrissent de cadavres ou de végétation en décomposition, selon l’espèce. Ce sont des nécrophages.

Les silphes marginés adultes sont d’assez grande taille (10 à 15 mm, selon les sources) et figurent parmi les plus gros – et souvent les plus colorés – organismes retrouvés sur des animaux en décomposition. Diurnes, ils nous donnent d’ailleurs l’occasion de les observer en plein jour !

En plus de se nourrir de cadavres, les adultes consomment des œufs de mouches, ainsi que leurs larves (des asticots), qui s’affairent elles aussi à dévorer le cadavre. Selon Evans (2014), on peut également les observer mangeant des champignons ou encore buvant la sève s’écoulant d’arbres blessés.

Le silphe marginé est reconnaissable par son pronotum (la partie située immédiatement sous la tête en vue dorsale) : il est noir bordé d’orange-rouge vif (certaines sources parlent de couleur saumon), d’où le nom « marginé ». Le bout de ses antennes est flanqué de « massues ». Outre la petite touche de couleur sur le pronotum, le reste de l’individu est noir ou brun foncé. On le distingue de son cousin, le silphe d’Amérique (Necrophila americana), dont le pronotum possède plus d’orange encerclant une plus petite tache noire.

Distinction entre le silphe d’Amérique, à gauche, et le silphe marginé, à droite.

Tout comme l’adulte, les larves sont nécrophages, mais se nourrissent également des œufs et des larves de mouches. Fait surprenant, quand j’ai initialement pris les photos et vidéos qui accompagnent la présente chronique, je croyais que les très abondants organismes présents aux côtés des silphes adultes étaient une sorte de cloporte que je ne connaissais pas. Il faut dire que, contrairement à mes habitudes, je ne m’étais pas grandement approchée du cadavre et je n’avais pas manipulé les arthropodes qui y grouillaient. Vous me comprendrez sans doute !

Bref, il s’avère que les larves du silphe marginé ont un corps compact de couleur brun-gris, très similaire à celui des cloportes. Cependant, on les distingue par le fait qu’ils ont une tête bien définie et six pattes – les cloportes en possèdent davantage. Le pourtour de leur corps est bordé par une couleur plus pâle, ce qui n’est pas le cas des larves du silphe d’Amérique, uniformément sombres. Cela lui sied bien étant donné son nom français « marginé » !

Le silphe marginé adulte, en haut à droite, et une larve dont les pattes et la tête sont visibles, en bas à gauche.

Le silphe marginé se rencontre des grandes plaines du centre du continent, jusqu’à l’est, dans les Maritimes. Dans la partie ouest de son aire de distribution, il est plus couramment retrouvé dans les prairies, alors qu’on le rencontre davantage dans les zones forestières, souvent des forêts décidues, dans la partie est. Pour ma part, j’ai fait la rencontre de ce coléoptère en faisant de la randonnée dans le Parc national du Lac-Témiscouata. Les traces de cerfs de Virginie étaient extrêmement abondantes : nombreuses crottes le long des sentiers, ainsi que des os et des poils de deux individus décédés près des sentiers, ce qui nous a permis de faire les fascinantes observations que je vous relate. D’ailleurs, vous l’entendrez dans la vidéo ci-jointe, les randonneurs qui m’accompagnaient se sont moqués un peu de ma fascination pour ces insectes dont le menu laissait à désirer…

Les adultes du silphe marginé survivent à l’hiver et émergent tôt au printemps pour se reproduire. Lors de mes recherches, je suis tombée sur un article scientifique examinant notamment l’arrivée de décomposeurs sur une carcasse de porcelet qui avait passé l’hiver à l’extérieur (Grégoire Taillefer et Giroux, 2021). Bien que des espèces de diptères furent les premières à trouver la carcasse, les silphes marginés sont tout de même apparus en assez grande abondance dès la mi-mai. Sans doute que la stratégie de traverser les rigueurs de l’hiver sous forme adulte leur permet d’être actifs assez rapidement le printemps venu.

Avis aux collectionneurs : Dubuc (2007) indique que les silphes peuvent être attirés par un piège-fosse contenant des restes de viande. On peut donc facilement les y attraper. Il recommande cependant de manipuler les spécimens avec précaution (ex.: portez des gants ou utilisez des pinces) et les tremper dans l’alcool à 70 % ou plus avant d’en faire quoi que ce soit, question de tuer les bactéries… Et peut-être les odeurs, qui sait ?!

J’aime relater mes observations d’insectes de toutes sortes, dont certaines se font dans des circonstances jugées macabres par certains. Oui, oui, j’ai notamment reçu des commentaires d’internautes répugnés par le fait que je filme des asticots dévorant une hermine retrouvée morte dans ma remise. Pourquoi prendrais-je donc le risque de vous présenter ces organismes ?

C’est que, malgré leurs mœurs qui ne plaisent pas à tous, il s’agit d’insectes fort utiles.

Les silphes marginés sont en effet utilisés en entomologie judiciaire. La présence des différents stades (larves et adultes), combinée avec la présence d’autres organismes comme les asticots (larves de diverses espèces de mouches), permettent d’obtenir des renseignements sur le moment du décès. Ces renseignements inestimables peuvent contribuer à attraper les contrevenants et résoudre des crimes.

D’ailleurs, je vous fais un aveu : je suis présentement en train de réécouter la série « Bones » au grand complet et, bien que j’adore le personnage principal, Temperance Brannon, surnommée « Bones », le Dr. Jack Hodgins, entomologiste s’autoproclamant roi du laboratoire, m’amuse tout particulièrement. Quel fascinant boulot… même vu au travers d’une télésérie !

Je referme la parenthèse pour revenir sur l’utilité des silphes. En plus de permettre d’attraper les « méchants », les silphes participent à la décomposition et au recyclage de la matière organique et des substances nutritives qu’elle contient dans l’environnement. Ils contribuent par conséquent grandement au bon fonctionnement de nos écosystèmes !

La prochaine fois que vous verrez ces insectes nécrophages, saluez-les pour leur beau travail ! Macabres ou pas, ils ont leur place parmi nous !

Joli coléoptère, malgré sa diète qui suscite le dégoût !

Pour en savoir plus

Conférence : fabuleux insectes aquatiques !

Les insectes aquatiques sont partout autour de nous. Pourtant, ils sont méconnus.

Si vous me connaissez, vous savez que j’adore ces bêtes !

C’est donc avec plaisir que je vous offre cette conférence, où je vous ferai découvrir toutes sortes de faits fascinants sur les insectes et autres invertébrés habitant nos lacs, rivières et étangs :

  • Comment sont-ils adaptés à leur milieu de vie ?
  • Comment respirent-ils sous l’eau ?
  • Que mangent-ils ?
  • Et bien plus encore !

Prêts à plonger à leur découverte ?

Observer des insectes sous les bûches

Une bonne méthode pour observer des insectes et autres invertébrés est de soulever des bûches jonchant le sol.

Suivez-moi dans cette vidéo tournée à la fin du mois d’avril, alors que je découvre des organismes – certains bien connus, mais d’autres plus inusités – sous les troncs morts.

Merci à mon conjoint de s’être prêté au jeu… et de faire partie de la vidéo en tant que figurant !

Et vous, que trouvez-vous sous les bûches ?