


Depuis que je fais partie de l’Association des entomologistes amateurs du Québec (AEAQ), j’ai l’occasion de faire quelques sorties entomologiques annuellement, entourée d’amateurs et d’érudits qui me permettent d’en apprendre plus sur de nouvelles espèces. C’est ainsi que je fis la découverte d’un sympathique scarabée à l’été 2015 : le scarabée du rosier (Macrodactylus subspinosus).
Plus précisément, c’est dans le cadre du congrès de 2015 que je rencontrai pour la première fois un individu de cette espèce. Le congrès se déroulait à Waterville, en Estrie, sur le territoire du Camp Val-Estrie. Nous étions entourés de boisés et de champs, lesquels étaient parsemés d’une vaste variété de plantes herbacées. Un terrain de jeu paradisiaque pour tout entomologiste amateur, car qui dit plantes herbacées dit nombreux invertébrés! En effet, nos fameuses « mauvaises herbes » attirent une myriade de petites bêtes à six pattes et plus!
C’est d’ailleurs sur un plant d’asclépiades – une « mauvaise herbe » par excellence – que j’aperçus mon premier spécimen… qui n’échappa point à mon appareil photo! Pendant ce séjour, qui fut également suivi d’une escapade de quelques jours supplémentaires aux abords du lac Magog, je pris tout un tas de ces scarabées en photographie. Je n’en avais pas encore observé, moi qui sillonne surtout les environs de la ville de Québec.
Ainsi, c’est sans grande surprise que j’en vis à nouveau en grand nombre lors d’un second congrès de l’AEAQ, lui aussi situé plus au sud, dans la région de Contrecœur. Les bêtes en questions étaient manifestement en période de reproduction : on les voyait regroupées en amas de dizaines d’individus, les mâles se chamaillant pour dégoter une femelle. Je vous invite d’ailleurs à visionner la vidéo en fin de chronique à cet effet!
En effectuant mes recherches pour la présente chronique, j’appris que ce scarabée se rencontre effectivement plus au sud du Québec. Hardy (2014) mentionne que l’espèce est commune à partir de Trois-Rivières en descendant. Cela expliquerait pourquoi je ne me souvenais pas d’avoir vu cet insecte, pourtant commun, dans la région de Québec où j’habite.



Au Québec, le scarabée du rosier est relativement facile à identifier. De couleur beige-jaunâtre, il se caractérise par un corps plutôt allongé et des pattes très longues. Ses fémurs et ses tibias sont rougeâtres, alors que ses tarses sont plutôt noirs. Ses antennes se terminent par trois articles bien visibles, qui peuvent cependant être repliés (il faut donc bien observer!). Il s’agit d’un coléoptère d’assez bonne taille – dans les environs d’un centimètre. Il se perçoit facilement à l’œil nu. Sur la côte est américaine, plus au sud, une autre espèce de Macrodactylus (M. augustatus) ressemble beaucoup à M. subsinosus. Il faut par conséquent être plus prudent lors de l’identification des spécimens si ceux-ci sont recueillis aux États-Unis et effectuer des vérifications plus poussées.
Comme son nom commun en témoigne, on peut retrouver le scarabée du rosier… sur les rosiers! Il ne dédaigne pas, non plus, les vignes et diverses espèces de fleurs sauvages, d’arbustes et d’arbres. Il peut se nourrir des feuilles, des fleurs, des bourgeons et des fruits de ces différents végétaux. Par conséquent, il arrive qu’il soit considéré comme une peste, étant donné sa capacité à faire des dommages sur les plants bien-aimés. J’ai d’ailleurs découvert un petit paragraphe sur ce scarabée dans Les 1500 trucs du jardinier paresseux (Hodgson 2006), où l’auteur donne quelques conseils à suivre si vos rosiers sont attaqués par ce scarabée… qu’il qualifie de « même pas beau »! Pourtant, je le trouve très mignon, moi! C’est dire que tous les goûts sont dans la nature!
La larve évolue sous terre, où elle se nourrit des racines d’herbacées et de plantes variables. Lors de la ponte, la femelle se fraie un chemin dans le sol. Selon les sources consultées, elle enfouit ses œufs, chacun dans une cloison individuelle, à quinze centimètres de profondeur. Les petites larves s’en extirpent une à trois semaines plus tard.
C’est sous cette forme larvaire, bien enfouie sous terre, que l’espèce survit aux rigueurs de l’hiver. Une fois le printemps venu, la larve migre vers la surface du sol pour se transformer en pupe, puis émerger en tant qu’adulte au courant des mois chauds de l’été. L’adulte peut vivre jusqu’à six semaines, ce qui nous laisse suffisamment de temps pour apprécier la beauté – peu importe ce que certains en disent! – de ce sympathique et commun coléoptère!
Vidéo 1. Quelques individus observés en période de reproduction.
Pour en savoir plus
- Bug Guide. Species Macrodactylus subspinosus – Rose Chafer. http://bugguide.net/node/view/2884
- Dubuc, Y. 2007. Les insectes du Québec. 456 p.
- Evans, A.V. 2008. Field guide to insects and spiders of North America. 497 p.
- Evans, A.V. 2014. Beetles of Eastern North America. 560 p.
- Hardy, M. 2014. Guide d’identification des Scarabées du Québec (Coleoptera: Scarabaeoidae). Entomofaune du Québec (EQ) inc., Saguenay. 166 pages.
- Hodgson, L. 2006. Les 1 500 trucs du jardinier paresseux. 704 p.
- Wikipédia (français). Macrodactylus subspinosus. https://fr.wikipedia.org/wiki/Macrodactylus_subspinosus
- Wikipedia (anglais). Macrodactylus subspinosus. https://en.wikipedia.org/wiki/Macrodactylus_subspinosus