Jusqu’à ce jour, je vous ai très peu parlé des hyménoptères (ordre regroupant fourmis, abeilles et guêpes) dans le cadre de mes chroniques. C’est que, il faut le dire, cet ordre riche en individus de toutes sortes en est un que je connais encore très peu.

Depuis l’été 2013, j’ai commencé à collectionner des invertébrés que je retrouvais morts (dans des piscines, au sol, dans des toiles d’araignées, etc.). Parmi ces derniers se retrouvaient plusieurs guêpes (famille Vespidae). Vers la fin de l’été 2014, je mis la main sur un guide d’identification visuel des Vespidae disponible sur Internet (suivre ce lien), ce qui me donna la motivation de tenter d’identifier quelques spécimens que j’avais récoltés.
La majorité des individus que j’avais recueillis appartenait à deux espèces communes de guêpes : la guêpe à taches blanches (Dolichovespula maculata) et la guêpe de l’Est (Vespula maculifrons). Les guêpes à taches blanches que j’avais entre les mains étaient surprenantes à regarder, comparativement aux guêpes de l’Est : ces premières étaient en effet beaucoup plus grosses (peuvent dépasser 15 millimètres de longueur).
Quelques jours plus tard, en rentrant à la maison alors qu’il faisait noir, j’eus l’heureuse surprise de voir une très grosse guêpe se promener près d’une lumière située à l’extérieur de la porte d’entrée. En y jetant un coup d’œil de plus près, je reconnus la guêpe à taches blanches. Celle-ci est effectivement facile à reconnaître. Non seulement elle est très grosse, mais ses pattes sont plus noires que les autres espèces, alors que son abdomen très noir est ponctué de quelques marques qui semblent plus blanches que jaunes. Son visage allongé et blanchâtre est aussi reconnaissable. Le guide cité ci-dessus offre davantage de détails sur les façons de distinguer cette guêpe des autres membres de la famille Vespidae, si le sujet vous intéresse.

La guêpe à taches blanches construit des nids en papier qui prennent la forme de gros ballons (on parle de ballons de football dans Evans 2008). Ils se situent le plus fréquemment dans les arbres, sur des rochers ou après des structures artificielles. À ce qu’il semble, ces guêpes préfèrent construire leur nid un peu plus haut que ce que font d’autres espèces (jusqu’à 20 mètres du sol). Par conséquent, elles constituent moins une nuisance que les guêpes qui construisent leur nid à des hauteurs qui interfèrent avec nos activités. Cela est une chance, car la guêpe à taches blanches est capable de piquer si elle se sent menacée. Par ailleurs, un nid peut contenir de 100 à 400 individus… Bonne chose, donc, que ces nids soient généralement hors de notre portée!
Cette espèce peut être considérée comme étant omnivore. Elle se nourrit non seulement d’autres insectes (guêpes, araignées et mouches font partie du menu), mais elle se délecte aussi de nectar, de sève et de fruits. De plus, les adultes prédigèrent des insectes qu’ils offrent ensuite en repas aux larves. Il importe de préciser que ces hyménoptères vivent en colonies structurées autour d’une reine et beaucoup d’efforts sont consacrés au soin des larves.

Je mentionnais d’emblée que cette guêpe est commune. On la retrouve effectivement partout au Canada et dans la plupart des états américains (sauf dans les régions plus arides). Je n’avais pas réalisé à quel point elle est commune avant de pouvoir la reconnaître. Cet automne, alors que les nuits devenaient de plus en plus fraîches, il m’est arrivé fréquemment, le matin venu, de voir bon nombre de ces guêpes paralysées au sol par le froid. Cela me permit d’en prendre quelques-unes dans mes mains et de les observer de plus près. Bien sûr, je ne recommande pas de prendre des guêpes en tout temps dans vos mains – une piqûre n’est vraiment pas une chose agréable. Or, le fait d’apprendre à reconnaître les individus, leur comportement et leurs habitudes est toujours utile pour en être moins effrayé. Ainsi, bien que la guêpe à taches blanches puisse faire peur par sa grosseur, il ne s’agirait pas d’une des guêpes les plus agressives. Profitons-en donc pour l’observer : elle est si jolie!
Pour en savoir plus
- Borror, D.J. et R.E. White. 1970. Peterson Field Guides – Insects. 404 p.
- Dubuc, Y. 2007. Les insectes du Québec. 456 p.
- Evans, A.V. 2008. Field guide to insects and spiders of North America. 497 p.
- Marshall, S.A. 2009. Insects. Their natural history and diversity. 732 p.
- Bug Guide. Species Dolichovespula maculate – Bald-faced Hornet. http://bugguide.net/node/view/2890
- Canadian Journal of Anthropod Identification. Identification Atlas of the Vespidae (Hymenoptera, Aculeata) of the northeastern Nearctic region. Dolichovespula maculata (Linnaeus, 1763) – Baldfaced Hornet. http://www.biology.ualberta.ca/bsc/ejournal/bmc_05/84d_maculata.html
- Wikipedia. Bald-faced hornet. http://en.wikipedia.org/wiki/Bald-faced_hornet
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