Beau petit tricot tendance fait à la main en laine jaune, rouge et bleue. On se croirait dans un défilé de haute couture. Détrompez-vous! La fine tricoteuse qui a fabriqué ce joli pull n’est pas humaine… Il s’agit plutôt d’une petite chenille dont le nom fait frémir : la mite des vêtements porte-case (Tinea pellionella).

C’est en décembre 2013 que nous avons découvert le pot aux roses. Il faut dire que nous soupçonnions déjà avoir affaire à un problème de mites des vêtements, mais ne trouvions aucune larve dans nos garde-robes.
Aux printemps 2011 et 2012, nous avions observé quelques très petits papillons (10 à 15 millimètres) brun-beige qui se promenaient dans la maison, sans plus. À l’été 2013, surprise, nous nous sommes retrouvés avec 5 à 7 papillons par jour pendant deux ou trois mois. Nous avons scruté tapis, dessous de meubles et autres recoins sans réussir à trouver la source. Or, en décembre 2013, je tombai sur une toute petite chenille enveloppée d’un fourreau laineux qui grimpait le long du mur de la salle de bain (voir la première vidéo à la fin de la chronique). En l’examinant sous le microscope je compris 1) qu’il s’agissait d’une mite des vêtements porte-case (on la nomme aussi « teigne ») et 2) que son joli fourreau arborait des couleurs que l’on retrouvait… dans les couvertes de notre lit! C’est à ce moment que nous eûmes l’idée de tirer le lit et d’examiner en dessous. Ouf! Quel spectacle nous eûmes, voyant tout un tas de petites chenilles entrelacées avec brindilles de tissus et de poussière!


À partir de mon stéréomicroscope, je pris quelques vidéos des amas de fourreaux entremêlés, incluant les chenilles bien vivantes qui s’y cachaient. Vous pouvez les visionner à la toute fin de la présente chronique. J’en entends déjà certains d’entre vous dire « ouache »! Oui, ces belles petites bêtes étaient bien sous mon lit!
À partir de ce moment, nous avons commencé à trouver des larves de ces mites un peu partout au sol dans la chambre. Par chance, aucune ne semblait s’intéresser à nos vêtements, qu’ils soient suspendus ou dans des tiroirs.
Évidemment, bien que je n’aime pas maltraiter les insectes, nous avons dû prendre des mesures pour nous en débarrasser. Malheureusement, ces teignes peuvent avoir des impacts négatifs lorsqu’elles se faufilent dans nos demeures. Les larves peuvent ronger les vêtements et les tissus (couvertes, par exemple), de même que les tapis. Il s’agit d’une espèce nuisible.
Elles ne sont pas, non plus, appréciées des établissements muséologiques, car elles affectionnent tout ce qui contient de la kératine (poils, peaux, fourrures, plumes et cornes), ainsi que les tissus, tapisseries et tapis (attention objets et meubles anciens!).
Ces teignes font partie de la famille Tineidae, qui compte de nombreuses espèces dont les larves se nourrissent principalement de fongus, de lichens et de détritus. Outre la mite porte-case, deux autres espèces de teignes envahissent nos demeures : la teigne commune des vêtements et la teigne du tapis. Ce ne sont cependant que les larves de Tinea pellionella qui tissent de jolis petits fourreaux.
Bref, il me fut facile de confirmer à quoi nous faisions face. C’est un expert en extermination qui nous indiqua quoi faire pour nous débarrasser de ces insectes dont les populations étaient visiblement en train d’exploser dans notre demeure. La solution : un produit à vaporiser tout le long des murs et du lit et qui tue tout ce qui rampe. Malheureusement, ce produit n’était pas spécifique et je craignais bien que d’autres petites bêtes que j’aime et que je laisse promener dans ma maison – des poissons d’argent et des araignées – allaient aussi être affectées. Ce fut le cas, car je retrouverai beaucoup de poissons d’argent morts le long des murs de la chambre dans les jours qui suivirent. Toutefois, l’effet fut concluant pour les teignes également et nous permit de réduire les populations à un point tel que nous n’avons vu qu’un très faible nombre d’adultes (4 ou 5) se promener au printemps dernier.


Selon les conseils de l’expert en extermination, nous avions aussi suspendu un piège à phéromones destiné à attirer et capturer les mâles de sorte à éviter tout accouplement. Nous n’avons capturé aucun individu, mais compte tenu du très faible nombre d’adultes observés cette année, je ne saurais dire s’il s’agit d’un échec.
En plus de ces stratégies, nous nettoyons beaucoup plus souvent qu’avant le dessous du lit! Par ailleurs, nous nettoyons aussi plus fréquemment les couvertes, car j’avais lu que les larves de ces teignes ont un faible pour les vêtements un peu défraîchis (elles aiment l’odeur de sueur, à ce qu’il paraît!). Nous nous assurons aussi d’une certaine rotation des vêtements à laver – j’étais du genre à porter un chandail de laine plusieurs fois avant de le mettre au lavage (je n’aime pas gaspiller l’eau!). Il s’agit d’une seconde stratégie : en effet, si des œufs ou des larves de teignes se retrouvaient sur ces vêtements, ils seraient éliminés.
J’aimerais terminer par l’épineuse question : comment peut-on se retrouver avec des mites des vêtements dans notre maison? Bien que je ne saurai jamais exactement quelle est la source d’introduction, je soupçonne que les coussins de nos chaises de patio, qui passent l’été dans notre remise et que l’on entrepose dans la maison pour l’hiver, pourraient être un vecteur. Autrement, des vêtements, couvertes ou matériaux de ce genre achetés dans des magasins pourraient, à l’occasion, contribuer à introduire des individus. À titre d’exemple, en allant acheter des articles de Noël à un Dollarama cette année, j’observai un tout petit papillon brun-beige de ce type qui passa à un mètre de moi. D’où venait-il? Y avait-il des larves cachées dans un objet quelque part? L’histoire ne le dira pas!
Pour conclure, si vous observez de petits papillons dans votre maison, il serait pertinent que vous tentiez de les identifier avant que les populations n’explosent. Il pourrait s’agir de teignes des vêtements, mais aussi d’autres microlépidoptères qui, pire encore, s’attaquent aux denrées alimentaires. Habituellement, les spécialistes en extermination pourront vous aider à l’identification des spécimens et aux solutions associées.
Vidéo 1. La toute première teigne aperçue, grimpant le long du mur de ma salle de bain.
Vidéo 2. Teignes porte-case qui s’agitent sous mon stéréomicroscope.
Vidéo 3. Deux autres teignes porte-case en mouvement.
Pour en savoir plus
- Borror, D.J. et R.E. White. 1970. Peterson Field Guides – Insects. 404 p.
- Evans, A.V. 2008. Field guide to insects and spiders of North America. 497 p.
- Marshall, S.A. 2009. Insects. Their natural history and diversity. 732 p.
- Insectes du patrimoine culturel. Tinea pellionella (Linnaeus, 1758). http://www1.montpellier.inra.fr/cbgp/insectes-du-patrimoine/?q=fr/fiche-insecte/tinea-pellionella
- University of California Agriculture and Natural Resources. Pests of Homes, Structures, People, and Pets – Clothes Moths http://www.ipm.ucdavis.edu/PMG/PESTNOTES/pn7435.html
- Wikipedia. Tinea pellionella. http://en.wikipedia.org/wiki/Tinea_pellionella
- Wikipedia. Tineidae. http://en.wikipedia.org/wiki/Tineidae
Bonjour, un grand merci pour cet article qui m’a permis de mettre un nom sur ces affreuses bêbêtes qui se nichent dans des cocons que je prenais pour de la poussière ! en effet nous avons de temps à autre quelques petits papillons, mais je n’avais jamais fait le lien avec ces cocons… bref nous vivons en appartement, mais les fenêtres des chambres donnent sur des arbres, et c’est dans ces pièces là qu’on trouve les cocons, en nombre très restreint cela dit.
Carole
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Merci pour votre commentaire. Il peut être utile de vérifier à chaque année si la population de papillons dans la maison augmente. Au début, nous en avions peu et je ne pensais pas qu’il y ait de problèmes, mais après 3 ou 4 années, nous avons eu une explosion des populations! C’est à ce moment où nous avons constaté également une forte présence de chenilles dans toutes sortes de recoins qui furent plus difficiles à éradiquer. Bonne chance!
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Pingback: Les « bébittes » de nos demeures – DocBébitte
J’aimerai savoir si dautre personne, a part moi et ma petite chienne,bella son infester physiquement,de ses bestiole?
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Bonjour. Dans mes lectures sur le sujet, je n’avais pas vu de cas de figure où des animaux et des gens en étaient infestés, hormis pour ce qui est des vêtements. C’est sans doute possible et, si c’est une source d’inquiétude pour vous, je vous conseille fortement de communiquer avec une firme d’extermination. Ils pourrons également vous confirmer le diagnostic, à savoir de quel organisme très précisément il s’agit et quoi faire pour résoudre le problème. Je vous souhaite bonne chance.
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Je ne comprends pas bien où elles etaient en nombre ? Sur votre couvre lit ou accrochés sous votre matelas??
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Bonjour! Elles étaient sous le lit, plus spécifiquement sous le sommier qui était constitué d’une large boîte en bois. C’est en déplaçant le meuble que nous les avons découvertes!
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