La semaine dernière, vous avez eu droit à une courte capsule où vous deviez deviner à quel groupe appartenait l’individu photographié. Avec ses longues épines en bouquet, ce dernier ressemblait à s’y méprendre (ou presque!) à un cactus. Aviez-vous deviné qu’il s’agissait d’une chenille?

Qu’ils soient courts, longs, souples, rigides, clairsemés ou touffus, les poils sont à la mode chez plusieurs espèces de chenilles. Ces dernières arborent d’ailleurs non seulement des poils et des épines de formes diverses, mais aussi de toutes sortes de couleurs.
À quoi cela peut-il bien leur servir? Il faut savoir que les chenilles sont des larves… donc toutes ces couleurs et fantaisies ne servent visiblement pas pour l’accouplement. Elles servent plutôt à se défendre!
La présence de poils et même d’épines rend l’individu moins attrayant pour les prédateurs. Imaginez avaler une boulette d’épines… Ouch! De plus, ces épines et ces poils peuvent, dans plusieurs cas, se détacher de la chenille et se loger dans des pattes ou des doigts inquisiteurs, à l’instar des épines du porc-épic dans le museau d’un chien! Certains sont urticants et conduisent à des démangeaisons peu agréables. Les poils de certaines chenilles peuvent également causer des conjonctivites ou d’autres infections des muqueuses lorsqu’elles s’y logent.
Chez quelques chenilles retrouvées dans les régions tropicales, les épines contiennent du venin assez puissant pour terrasser un être humain. Au Brésil, des chenilles du genre Lonomia (Saturnidae) sont responsables annuellement de quelques mortalités (environ 20% des malheureux qui sont entrés en contact direct avec ces individus). Marshall (2009) relate, quant à lui, un moment où il a accidentellement mis la main sur une chenille de la famille Limacodidae (voir cette photo de Parasa macrodonta en exemple) lors d’une excursion en zone tropicale. Il indique ne jamais avoir subi autant de douleur, même lorsque précédemment piqué par des guêpes et des fourmis tropicales, ce qui n’est pas peu dire!



Au Québec, on ne retrouve pas de chenilles qui pourraient nous être fatales, mais l’on peut tout de même mettre la main sur des espèces urticantes ou allergènes. À l’automne 2013, les médias s’étaient emparés d’une nouvelle dérangeante : la chenille processionnaire du pin aurait été introduite au Québec et serait à l’origine de réactions désagréables chez certaines personnes. Or, il ne s’agissait pas d’un fait confirmé (voir cette chronique où j’en parlais). Malgré tout, il n’est pas recommandé de mettre des chenilles dans sa bouche (enfants à surveiller!) et, si les chenilles présentent des épines d’apparence douteuse, il est préférable de simplement les observer.
C’est ce que j’ai fait à l’été 2014 lorsque j’aperçus une superbe chenille munie d’épines bien aiguisées, tel un cactus. Même si j’étais tentée de la prendre dans mes mains pour la regarder de plus près, j’ai jugé qu’il était sans doute préférable de la prendre en photo sous tous ses angles sans trop la perturber. Je pus identifier l’individu comme étant une chenille du Bombyx disparate (dit spongieuse), espèce qui, selon Marshall (2009), peut parfois être source de démangeaisons cutanées et d’allergies.
En revanche, un mois plus tard, j’ai manipulé une petite chenille jaune toute mignonne qui semblait inoffensive (chenille à houppes jaunes; Orgyia definita). Elle portait des poils de couleurs et de longueurs variables et était très intrigante à regarder. Je n’eus aucune réaction en la prenant dans mes mains. Ce n’est qu’au moment d’écrire la présente chronique que je pus lire, sur Bug Guide, un avertissement sur les poils des chenilles du genre Orgyia. À ce qu’il semble, ces poils sont reconnus comme ayant le potentiel de créer des irritations cutanées. Il en est de même pour une jolie chenille orange, noire et blanche – l’arctiide de l’asclépiade (Euchaetes egle) – que je manipulai aussi l’été dernier sans aucune réaction. Pourtant, elle est identifiée sur Wikipédia comme étant urticante. C’est également le cas de la très commune Isia Isabelle qui, bien que ne posant pas de problèmes chez la majorité des gens, peut causer des irritations chez des personnes plus sensibles selon Espace pour la vie. Ce n’est pas mon cas, par chance! Bref, ce n’est pas parce que les chenilles semblent inoffensives qu’elles le sont réellement. J’ai été chanceuse jusqu’à maintenant de ne pas me révéler sensible à tous ces poils!


En somme, les chenilles poilues sont très jolies à regarder, avec leurs textures et leurs couleurs variées. Beaucoup d’entre elles ne sont pas « dangereuses » pour notre santé. Toutefois, on retrouve au Québec quelques espèces qui pourraient nous incommoder. C’est sans doute vrai pour les personnes plus vulnérables, dont les enfants. Néanmoins, il ne faut surtout pas vous empêcher d’aller à la découverte de ces jolies créatures, mais, lorsqu’incertains, contentez-vous de les observer! D’autant plus que les chenilles constituent d’excellents modèles pour faire de l’observation et de la photographie! Des bêtes au poil, quoi!
Pour en savoir plus
- Dubuc, Y. 2007. Les insectes du Québec. 456 p.
- Leboeuf, M. et S. Le Tirant. 2012. Papillons et chenilles du Québec et des maritimes. 391 p.
- Marshall, S.A. 2009. Insects. Their natural history and diversity. 732 p.
- Wagner, D.L. 2005. Caterpillars of Eastern North America. 512 p.
- Bug Guide. Species Orgyia definita – Definite Tussock Moth. http://bugguide.net/node/view/434
- Espace pour la vie. Chenilles poilues : jolies, mais précautions requises! http://espacepourlavie.ca/blogue/chenilles-poilues-jolies-mais-precautions-requises/
- Wikipédia. Arctiide de l’asclépiade. http://fr.wikipedia.org/wiki/Arctiide_de_l%27ascl%C3%A9piade
- Wikipédia. Bombyx disparate. http://fr.wikipedia.org/wiki/Bombyx_disparate
- Wikipedia. Caterpillar. http://en.wikipedia.org/wiki/Caterpillar
Mon fils de 5 ans a manupiler une chenille jaune avec quelque poil long et noir. Selon les images sur le web il s’agirait de l’acronycte d’amerique (je crois). Mon fils a developper une quarantaine de boutons du genre urtucaire et s’est plaint de démangeaisons. Nous traitons cela actuellement avec du Benadryll et de la cortisone et nous allons observer si cela provoque des complications. Les boutons sont apparus le lendemain (dimanche 24 septembre) et leur tIlles ont augmentées aujourd’hui lundi. Je ferI un compte rendu si nos traitements sont efficaces demain ou mercredi.
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Merci de partager vos observations. Selon le site d’Espace pour la vie (http://espacepourlavie.ca/blogue/chenilles-poilues-jolies-mais-precautions-requises/), l’Acronicte d’Amérique constituerait en effet une chenille urticante reconnue au Québec. J’espère que votre fils s’est bien remis des réactions causées par le contact de cette chenille?
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Pingback: Une chenille loin d’être disparate! – DocBébitte
J’adore ces bêtes à poil et tes photos les magnifient ! Merci pour toutes ces explications 🙏👍
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Merci à vous pour votre intérêt et vos commentaires positifs!
DocBébitte
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