Vous avez sans doute reconnu que j’avais emprunté le titre de la présente chronique à un film qui date déjà de quelques années (encore plus vieux que la personne qui écrit la présente chronique, je l’avoue!) et qui portait sur une coccinelle… motorisée! Il s’agissait de Herbie (Choupette pour la version française, de ce que j’ai appris en lisant sur Internet), la Volkswagen Coccinelle qui n’en faisait qu’à sa tête.


Qu’elles soient en métal ou animales, les coccinelles ont la cote, tant auprès des entomologistes aguerris que des néophytes. Jolies et colorées, les coccinelles « insectes » ne sont généralement pas considérées comme étant répugnantes contrairement à leurs consœurs araignées ou coquerelles – pour n’en nommer que quelques-unes!
Plusieurs espèces de coccinelles habitent nos plates-bandes. Outre la coccinelle asiatique multicolore (Harmonia axyridis), une espèce introduite qui est connue pour sa propension à entrer par dizaines dans les demeures à l’automne, la coccinelle à sept points (Coccinella septempunctata) est sans doute l’une des plus communes. Fait intéressant que je ne connaissais pas : la coccinelle à sept points a elle aussi été introduite en Amérique du Nord en tant qu’outil de lutte biologique. Elle est maintenant si bien répandue qu’elle est devenue l’insecte-emblème de cinq états américains!
Le fait que les coccinelles adorent se mettre des pucerons sous la dent n’est pas étranger à leur introduction. Selon les sources consultées, nos petits coléoptères adultes seraient en mesure d’ingérer entre 40 à 100 pucerons par jour en moyenne. Brisson et al. (1992) précisent qu’une larve, quant à elle, se nourrirait de 200 à 600 pucerons pendant la vingtaine de jours qu’elle prend pour se développer. Efficace pour nettoyer une plate-bande infestée de pucerons, n’est-ce pas? En plus des pucerons, d’autres insectes comme les thrips, les cochenilles et les acariens figurent à leur menu.
La coccinelle à sept points se reconnaît facilement par le fait que ses élytres sont munis… d’un total de sept points! Avouez que vous n’êtes pas surpris! En fait, les élytres sont ponctués chacun de trois points distincts, auxquels s’ajoute une septième tache située au début de la jonction entre les deux élytres. En cas de doute – ou si vous ne savez pas compter! –, vous pouvez aussi baser votre identification sur le fait que cette septième tache est bordée de deux zones blanches triangulaires. De plus, la tête toute noire est munie de deux points blancs bien distincts. Le pronotum (premier segment dorsal situé immédiatement après la tête) est, lui aussi, majoritairement noir et entouré de deux taches blanches de forme plutôt carrée.


Je retrouve beaucoup d’individus de C. septempunctata dans mes plates-bandes au printemps, lorsque je ramasse les feuilles qui y étaient tombées l’automne précédent. Ceux-ci semblent avoir trouvé refuge sous l’épaisse litière de feuilles pendant la période hivernale. C’est donc un plaisir d’effectuer le nettoyage des plates-bandes chaque printemps, appareil photo à la main. Une des photographies qui accompagne la présente chronique présente d’ailleurs un individu encore couvert de particules de terre, dont je venais tout juste de découvrir l’abri!
Cette jolie coccinelle introduite en Amérique du Nord a fait couler beaucoup d’encre en Europe, où elle est connue depuis plusieurs siècles. Il semblerait que les nombreuses légendes européennes touchant les coccinelles ont en commun qu’elles seraient associées à la coccinelle à sept points. Cette dernière porte souvent des surnoms à connotation religieuse, incluant « bête à bon Dieu ». Pourquoi donc, me direz-vous?
La légende veut que ce sympathique coléoptère ait sauvé, au Moyen Âge, un homme qui allait être décapité pour un crime qu’il n’avait pas commis. Alors qu’il allait se faire couper la tête, une coccinelle vint se poser sur son coup et ne s’y laissa point déloger. Cet « incident » fut perçu comme une intervention divine et le pauvre homme fut épargné!
La coccinelle à sept points fut dès lors considérée comme un porte-bonheur par les humains – ce qui semble encore vrai de nos jours. Elle ne constitue peut-être pas un symbole de chance, cependant, pour moult coccinelles indigènes d’Amérique du Nord, dont les populations furent décimées par son arrivée. Néanmoins, la coccinelle à sept points semble maintenant ancrée dans nos terres et dans nos cœurs, jolie comme elle est! En cette journée de la Saint-Valentin, on peut se permettre de dire qu’elle est un amour de coccinelle!
Pour en savoir plus
- Brisson, J.D. et al. 1992. Les insectes prédateurs : des alliés dans nos jardins. Fleurs Plantes et Jardins : Collection no. 1. 44 p.
- Bug Guide. Species Coccinella septempunctata – Seven-spotted Lady Beetle. http://bugguide.net/node/view/3543
- Dubuc, Y. 2007. Les insectes du Québec. 456 p.
- Evans, A.V. 2014. Beetles of Eastern North America. 560 p.
- Marshall, S.A. 2009. Insects. Their natural history and diversity. 732 p.
- Wikipéldia. Bête à bon Dieu. https://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%AAte_%C3%A0_bon_Dieu
- Wikipédia. Coccinella septempunctata (Français). https://fr.wikipedia.org/wiki/Coccinella_septempunctata
- Wikipedia. Coccinella septempunctata (Anglais). https://en.wikipedia.org/wiki/Coccinella_septempunctata
- Wikipedia. (Anglais). List of U.S. statut insects. https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_U.S._state_insects
- Wikipédia. Un amour de Coccinelle. https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_amour_de_Coccinelle