Sortez tambours et trompettes! C’est l’heure du dévoilement de la photographie élue favorite dans le cadre du concours amical DocBébitte 2020!
Vous aviez à choisir parmi 25 jolis clichés d’invertébrés que l’on peut observer au Québec. Et c’est la charmante punaise de M. Marc Bergeron, posée sur une fleur aux doux et chauds contrastes, qui a séduit le plus grand nombre d’entre vous! Bravo, M. Bergeron, pour votre beau cliché!

Chose promise, chose due, ladite photo est mise en vedette dans la présente chronique et je m’affairerai à vous parler de cette fantastique punaise dans quelques instants!
Or, avant de commencer, j’aimerais chaleureusement remercier tous les participants qui nous ont fait voir de beaux invertébrés québécois, tantôt sur des fleurs et du feuillage, tantôt de plus près sur les murs de nos demeures… ou même sur une toile de chasse entomologique!
En particulier, j’offre une mention honorable pour la photographie « Couple de charançons » d’Alexandre Roy qui s’est hissée sur la seconde marche du podium. L’esthétisme de la photo et l’apparente complicité entre les deux bêtes auront sans doute charmé les électeurs.
La punaise euschistoïde
Malgré plus de 300 chroniques à mon actif, je n’avais pas encore eu l’occasion de vous parler de la punaise euschistoïde (sous-espèce Euschistus servus euschistoides). C’est donc avec plaisir que je vous brosse un portrait de ce sympathique arthropode que M. Bergeron a si bien su mettre en valeur.
Cette punaise ne m’était pas inconnue, puisqu’elle est très commune. J’avais d’ailleurs recueilli plusieurs individus, retrouvés morts dans des piscines, que j’avais identifiés dans mes débuts en entomologie vers 2013-2014. Il est fort probable que vous ayez vous-même déjà rencontré cet insecte.
Plusieurs critères sont à examiner pour distinguer cette punaise de ces consœurs : la couleur globale de l’insecte, la forme du thorax, les segments et la couleur des antennes, de même que la disposition du rostre en sont des exemples (Canadian Journal of Arthropod Identification 2013a; Entomofaune 2020). De plus, l’extrémité de la tête est à regarder de près, car notre punaise a une tronche caractéristique : les joues dépassent le tylus (cela signifie qu’il y a une partie centrale plus courte logée entre deux segments un peu plus longs; voir ma photo ci-contre). Combinée aux autres caractéristiques, il devient assez aisé de la reconnaître, même à partir d’une photo!
La robe arborée par cet arthropode est d’un gris-beige sobre. Selon Entomofaune (2020), certaines variations dans la couleur peuvent être notées entre le début et la fin de l’été. Ces teintes peu criardes n’empêchent cependant pas l’œil averti de repérer notre jolie punaise sur les plants où elle s’alimente. En effet, cette dernière est munie de pièces buccales de type piqueur-suceur (qu’on appelle « rostre ») dont elle se sert pour siroter la sève de nombreuses plantes : « mauvaises herbes », cultures fruitières, maïs et soya peuvent y passer! Elle est donc considérée par certains comme une peste… et n’est pas toujours aimée des jardiniers!
Ce n’est certainement pas le cas de notre punaise qui a remporté le premier prix au concours amical 2020! Cette dernière semble en avoir charmé plus d’un!
Selon les sources consultées, la longueur des individus varierait de 10 à 15 mm. La croissance est importante, les œufs et les rejetons fraîchement éclos mesurant environ 1 mm! D’ailleurs, concernant le cycle de vie de cette punaise, vous apprécierez les photos et explications disponibles sur cette page d’Entomofaune.
Les adultes matures aperçus à la fin de l’été vont se chercher un abri pour traverser les rigueurs de l’hiver. Ainsi, la litière de feuilles et les débris végétaux laissés au sol leur serviront de protection. Plusieurs individus ne réussiront malheureusement pas à survivre jusqu’au printemps. C’est un fait que j’ai observé moult printemps alors que j’enlevais d’épaisses couches de feuilles de mes plates-bandes : je retrouvais beaucoup de carcasses de ces punaises, ainsi que de la punaise verte (Chinavia hilaris) dont je vous ai entretenus dans cette précédente chronique. Heureusement, il m’arrivait aussi de tomber sur des spécimens vivants qui, dès qu’un peu réchauffés par les rayons du soleil, prenaient leur envol.
De nombreuses sources indiquent que les membres de la famille Pentatomidae, dont fait partie la punaise euschistoïde, sont réputés pour l’odeur nauséabonde qu’ils dégagent. Il semble que ce soit là un mécanisme de défense bien utile contre les prédateurs. Pourtant, de toutes les fois où j’ai manipulé un pentatome, jamais je ne suis parvenue à sentir l’odeur si caractéristique. Se pourrait-il que certaines personnes ne parviennent pas à détecter cette odeur? Ou peut-être n’ai-je pas suffisamment malmené les spécimens que j’ai manipulés, qui sait? Avez-vous déjà senti leur odeur, de votre côté? Je serais curieuse d’en connaître la réponse!
Vous voulez en savoir plus sur cette jolie punaise croquée sur le vif par notre gagnant M. Marc Bergeron? Jetez un coup d’œil aux sources citées dans la section « Pour en savoir plus ».
Bravo encore à Marc Bergeron et merci à tous pour votre participation et votre intérêt!
Pour en savoir plus
- Borror, D.J. et R.E. White. 1970. Peterson Field Guides – Insects. 404 p.
- BugGuide. Subspecies Euschistus servus euschistoides. https://bugguide.net/node/view/237806 (page consultée le 4 octobre 2020)
- Canadian Journal of Arthropod Identification. 2013a. Stink bugs (Pentatomidae) and parent bugs (Acanthosomatidae) of Ontario and adjacent areas: A key to species and a review of the fauna. http://cjai.biologicalsurvey.ca/pmmm_24/pmmm_24_12.HTM (page consultée le 4 octobre 2020)
- Canadian Journal of Arthropod Identification. 2013b. Euschistus servus euschistoides. http://cjai.biologicalsurvey.ca/pmmm_24/pmmm_24_147.HTM (page consultée le 4 octobre 2020)
- Entomofaune. 2020. Les hémiptères du Québec – punaises. Euschistus servus euschistoides. http://entomofaune.qc.ca/entomofaune/punaises/punaises_euschistus.html (page consultée le 4 octobre 2020)
- Iriis phytoprotection. 2020. Euschistus servus euschistoides. https://www.iriisphytoprotection.qc.ca/Fiche/Insecte?imageId=3945 (page consultée le 4 octobre 2020)
- Marshall, S.A. 2009. Insects. Their natural history and diversity. 732 p.
- McGavin, G. 2000. Insectes – Araignées et autres arthropodes terrestres. 255p.
- Normandin, E. 2020. Les insectes du Québec et autres arthropodes terrestres. 610 p.