
Que vous soyez fin jardinier ou que vous appréciez tout simplement avoir un peu de verdure autour de votre maison, vous n’êtes pas sans connaître les pucerons!
Comme tout hémiptère qui se respecte, les pucerons sont dotés d’un rostre dont ils se servent pour drainer la sève des plantes. Leur arme secrète? Ils s’attaquent à vos plantes par centaines!
C’est à la suite du constat que mon aubépine arbustive était envahie de pucerons – et quand je parle d’envahie, c’est que je ne trouve pas un pouce carré de l’arbuste qui n’est pas affecté – que j’ai décidé de vous parler de ce groupe d’insecte. Mon aubépine est effectivement en état de siège non seulement par des pucerons, mais par une armée de fourmis qui les protège. J’ai d’ailleurs pu prendre plusieurs photographies qui témoignent de ce fascinant partenariat.

Mais pourquoi donc les fourmis protègent-elles de simples pucerons? La réponse réside dans ce que les pucerons éjectent de leur arrière-train : le miellat. Le miellat est un liquide sucré sécrété par les pucerons dont les fourmis raffolent. Ces dernières font d’ailleurs, en quelque sorte, l’élevage des pucerons, afin de pouvoir profiter au maximum de cette denrée.
Et gare aux intrus! Les fourmis les mordront et les attaqueront sans hésiter! C’est d’ailleurs parce que je me suis fait mordre par des fourmis, alors que je nettoyais la plate-bande située à côté de mon aubépine, que j’ai découvert le pot aux roses!
Revenons à nos pucerons! Sur les photographies où l’on voit les pucerons et les fourmis, on ne voit que des pucerons aptères (ne possédant pas d’ailes). Toutefois, certains individus sont dotés d’ailes et peuvent se déplacer, assurant ainsi la dissémination de l’espèce. Un fait étonnant que j’ai appris en faisant des recherches pour la présente chronique, c’est que les femelles ne sont fécondées qu’une seule fois à l’automne. Elles pondent des œufs et donnent ainsi naissance à des femelles dites vivipares, c’est-à-dire qui produisent des individus sans fécondation, un peu comme des clones. Ce sont ces femelles qui produiront des rejetons tout l’été suivant, jusqu’à une nouvelle fécondation à l’automne. Étrangement, alors que ces « clones » sont encore à l’intérieur du ventre de leur mère, ils commencent déjà à former leurs propres clones. Bref, chaque femelle peut se retrouver à porter plusieurs générations à la fois! Pas difficile de croire qu’elles peuvent coloniser rapidement toute plante!

Comme je l’ai mentionné en début de chronique, les pucerons ont pour principale occupation de s’agglomérer en colonies afin d’aspirer la sève des plantes. Herbacées, arbustes, arbres, rien de les arrête… ou presque! En effet, nous avons heureusement quelques alliés dans le monde animal qui se nourrissent de pucerons, entre autres les chrysopes, les coccinelles et leurs larves, ainsi que les larves de syrphes (voir cette précédente chronique).
Outre la lutte biologique, plusieurs solutions dites écologiques existent pour faire face à une armée de pucerons. Plusieurs concoctions à base de savons doux, vinaigre ou autres peuvent être trouvés sur Internet ou dans les livres d’horticulture. Quant à leur efficacité ou encore leur impact sur les plantes-hôtes et les autres espèces d’invertébrés, je ne pourrais vous en dire plus. La meilleure solution est d’y aller avec parcimonie et, comme le suggère le jardinier paresseux, si une plante est trop problématique, c’est peut-être signe qu’elle n’est pas la bonne pour vous ou pour sa localisation géographique!
Pour en savoir plus
- Hodgson, L. 2006. Les 1 500 trucs du jardinier paresseux. 704 p.
- Marshall, S.A. 2009. Insects. Their natural history and diversity. 732 p.
- Smeesters, E. et al. 2006. Solutions écologiques en horticulture. 198 p.
- Entomofaune du Québec Inc. Les hémiptères du Québec – Pucerons : http://entomofaune.qc.ca/entomofaune/Pucerons/Index_Pucerons.html
- Wikipédia (Aphidoidae; super-famille regroupant les pucerons) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Aphidoidea