

Que vous soyez entomologiste amateur ou non, vous avez sans doute déjà passé quelques instants à contempler un joli papillon volant de fleur en fleur. Les papillons ont la cote auprès de tous et ce n’est pas pour rien : gracieux, colorés, souvent de bonne taille, ils sont faciles à admirer.
Il y a de bonnes chances que le papillon que vous contempliez fasse partie de la famille des Nymphalidés (Nymphalidae). Ce groupe est effectivement le plus nombreux en nombre d’espèces : 51 espèces au Québec selon Leboeuf et Le Tirant 2012. Dans le monde, ce sont environ 6 000 espèces qui sont retrouvées. Au Québec, cette famille comporte des individus de taille moyenne ou grande dont l’apparence est fort variée. Les couleurs sont souvent vives (le orange est courant), quoique certaines espèces revêtent également des robes plus sobres dans les teintes de brun (c’est le cas des Satyres). Le dos des ailes, quant à lui, est habituellement plus discret et permet aux papillons plus colorés de « disparaître » de la vue de potentiels prédateurs.
Vous vous demandez sans doute qui sont ces Nymphalidés? Certains d’entre eux sont très connus, car ils visitent nos plates-bandes sans gêne : Croissant nordique, Monarque, Amiral, Vulcain, Belle dame, Vice-roi et j’en passe! Saviez-vous que le fameux Morpho bleu – rendu célèbre par le film « Le Papillon bleu » résumant l’aventure qu’a vécue David Marenger avec Georges Brossard – fait partie de cette famille?



Une façon simple de reconnaître un Nymphalidé, c’est d’examiner ses pattes antérieures. Cette première paire de pattes est atrophiée, faisant en sorte que ces papillons se déplacent sur quatre pattes! Or, si elles ne servent pas à se balader, à quoi peuvent-elles bien servir? Il semblerait que cette paire de pattes ait plutôt une fonction gustative afin de « tester » la nourriture potentielle! Goûter avec ses pieds… Particulier, n’est-ce pas?
Les chenilles sont variées. Plusieurs portent de petites épines sur le dos. Certaines sont plutôt lisses, alors que d’autres ressemblent à des fientes d’oiseaux, comme la chenille de l’Amiral, par exemple. Finalement, la chenille du Monarque arbore de belles rayures jaunes, blanches et noires. Difficile à manquer! Quant aux chrysalides, celles-ci présentent également des formes et des motifs variés.
L’été dernier, j’ai eu la chance de prendre une vidéo (et quelques photos, bien sûr!) d’une chrysalide qui appartiendrait à un individu de la famille des Nymphalidés. La bête en question avait décidé de procéder à sa métamorphose sur le rebord de ma piscine creusée, dont le niveau d’eau était alors abaissé (et oui, encore des réparations de piscine – voir cette chronique et vous comprendrez!). Étant donné que je ne suis pas encore habilitée à identifier des chrysalides, ce sont des collègues entomologistes qui m’ont proposé qu’il pourrait s’agir d’une chrysalide du genre Phyciodes (Croissants). Sur la photo, l’on est capable de voir les « restes » de la chenille qui, de toute évidence, portait de petits poils et épines. Aussi, le fait que mes plates-bandes sont envahies par des Croissants nordiques pendant l’été appuie largement l’hypothèse qu’il s’agissait d’un membre de ce groupe. À la fin de la présente chronique, vous pouvez visionner une petite vidéo où l’on voit la chrysalide « gigoter » lorsque je la touche. Fascinant!
Une fois sortis de leur chrysalide, les Nymphalidés ont habituellement une assez bonne longévité qui peut se compter en nombre de mois chez plusieurs espèces (neuf mois chez le Monarque!).


Les stratégies utilisées pour survivre à l’hiver sont diverses. Certaines espèces, comme le Monarque, la Belle dame et le Vulcain, migrent vers le sud. D’autres passent l’hiver à l’état adulte, cachés dans les abris qu’ils peuvent trouver (ce qui inclut les cordes de bois et les cabanons, selon Dubuc 2007). C’est le cas du Morio, qui est l’un des premiers papillons que l’on peut apercevoir au printemps – aussi tôt qu’en avril, alors qu’il y a encore de la neige au sol! Enfin, plusieurs espèces traversent l’hiver sous forme de larves qui sont capables de geler, sans pour autant en souffrir. Chez les représentants de la sous-famille Satyrinae, les chenilles opteraient pour une stratégie visant à déshydrater leurs tissus corporels, puis geler complètement comme des cubes de glace!
En somme, cette famille nombreuse comporte des individus à l’apparence et au comportement variés, qu’ils soient au stade adulte ou à l’état larvaire. Si le sujet vous intéresse et que vous voulez en savoir plus sur les différentes sous-familles, j’ai mis la main sur un site Internet intéressant du Système canadien d’information sur la biodiversité. Il y a aussi, bien sûr, de très bons livres que vous pouvez vous procurer et qui sont cités ci-dessous! Bonne lecture!
Vidéo. Chrysalide de Nymphalidé qui bouge lorsque je la touche.
Pour en savoir plus
- Dubuc, Y. 2007. Les insectes du Québec. 456 p.
- Leboeuf, M. et S. Le Tirant. 2012. Papillons et chenilles du Québec et des maritimes. 391 p.
- Marshall, S.A. 2009. Insects. Their natural history and diversity. 732 p.
- Wagner, D.L. 2005. Caterpillars of Eastern North America. 512 p.
- Bug Guide. Family Nymphalidae – Brushfooted Butterflies. http://bugguide.net/node/view/192
- Système d’information canadien sur la biodiversité. Famille des Nymphalidae. http://www.cbif.gc.ca/fra/banque-d-especes/papillons-diurnes-du-canada/index-taxonomique/famille-des-nymphalidae/?id=1370403265509
- Wikipedia. Nymphalidae. http://en.wikipedia.org/wiki/Nymphalidae