Les mouches à feu font partie des insectes dont on nous parle dès notre plus tendre enfance. On en retrouve dans les livres et les dessins animés. Elles sont souvent représentées par un genre de mouche, dont la base de l’abdomen est d’un brillant jaune vif. Tapez « firefly cartoon » sur google et vous verrez une myriade d’exemples de ce type.

Or, les mouches à feu ne sont pas des mouches (ordre des diptères). Ce sont des coléoptères, de la famille des Lampyridae. De plus, elles portent habituellement des couleurs un peu plus sombres, quoique la base de l’abdomen de certaines espèces soit tout de même jaunâtre.
Autre fait étonnant : ce ne sont pas toutes les espèces de lampyrides (certains écrivent aussi « lampyres ») ou de lucioles qui produisent de la lumière! Du moins, pas chez les adultes. Une espèce très commune – Ellychnia corrusca ou lampyride à bordure orange – est en fait diurne et ne produit pas de lumière. Elle est si commune que vous en avez probablement déjà vu voleter autour de vous, et même se poser sur vous, lors de belles journées printanières ou estivales.

Les lampyrides sont des prédateurs, et ce, tant sous forme adulte que sous forme larvaire (quoique qu’il semblerait que certains adultes ne se nourrissent pas, ou se nourrissent d’autres types d’aliments; la littérature que j’ai consultée n’est pas unanime à ce sujet). On retrouve d’ailleurs fréquemment les larves dans le compost, où elles se nourrissent d’autres petits organismes.
Les larves ont une allure très particulière. On dirait des dragons miniatures, tout droit sortis d’un livre de science fiction! Alors que leur « carapace » est brunâtre, leur abdomen présente une coloration jaunâtre qui trahie le fait qu’elles sont fluorescentes lorsqu’il fait noir. De fait, on peut voir ces couleurs, ainsi que l’allure générale de la larve, sur la vidéo que j’ai insérée à la toute fin de la chronique.
Aussi, les femelles appartenant à certaines espèces ont perdu la capacité de voler avec le temps. Elles ont perdu leurs ailes et sont, par conséquent, souvent confondues avec les larves. Toutefois, contrairement à ces dernières, la tête et les yeux des femelles sont bien visibles (voir cette photo en exemple). Comme elles ont préservé la capacité d’émettre de la lumière, on les qualifie souvent de « vers luisants », terme qui fait également référence aux femelles d’un groupe apparenté, de la famille des Phengodidae (à ne pas confondre avec les lucioles ou les lampyrides proprement dites).
Bien que ce ne soient pas toutes les espèces qui, une fois adultes, produisent de la lumière le soir venu, les larves, elles, sont toujours fluorescentes. Les œufs de certaines espèces sont également lumineux. Dans ces cas, l’objectif premier serait d’indiquer aux prédateurs que les œufs et larves ne sont pas comestibles, soit parce qu’ils goûtent mauvais, soit parce qu’ils sont carrément toxiques.

La production de lumière chez les adultes, quant à elle, a un autre but : attirer un compagnon ou une compagne! Les différentes espèces de lucioles ont un signal différent, question d’éviter d’attirer le mauvais partenaire. Ainsi, chacune des quelques 2 000 espèces de mouches à feu aurait un « code Morse » qui lui est propre. Or, il semblerait que les femelles appartenant à certaines espèces plus grosses aient appris à trafiquer leur signal afin d’attirer des mâles de plus petites espèces pour… les manger!
Cela dit, comment ces insectes produisent-ils de la lumière? Le processus mis en cause s’appelle la bioluminescence. Il s’agit d’une réaction chimique, impliquant différents types d’enzymes, qui se produit dans l’abdomen des lucioles. Fait intéressant, il semblerait que l’exosquelette (coquille externe de l’insecte) au niveau de l’abdomen de certaines lucioles soit configuré de sorte à diffuser davantage la lumière. Le procédé de production lumineuse de ces dernières est si efficace que même les scientifiques s’en inspirent pour améliorer la luminosité des DEL et diminuer les coûts énergétiques (voir cet article qui en parle en détail). Quelle brillante idée!
Ci-dessous, une vidéo mettant en vedette une larve de lampyride.
Pour en savoir plus
- Dubuc, Y. 2007. Les insectes du Québec. 456 p.
- Marshall, S.A. 2009. Insects. Their natural history and diversity. 732 p.
- Bugguide (Lampyridae) : http://bugguide.net/node/view/85
- Science Daily. In Fireflies, Flightless Females Lose out on Gifts from Males. http://www.sciencedaily.com/releases/2011/04/110405093656.htm
- Université de Sherbrooke. Le scintillement des lucioles inspire des chercheurs. http://www.usherbrooke.ca/genie/accueil/nouvelles/nouvelles-details/article/20698/
- Wikipédia (Lampyridae – Firefly): http://en.wikipedia.org/wiki/Firefly
- Wikipistes. Pourquoi les lucioles allument-elles dans le noir? http://wiki.pistes.org/index.php?title=Pourquoi_les_lucioles_allument-elles_dans_le_noir%3F