Un piège mortel

Araneus diadematus 2
Épeire diadème et sa proie

Si je vous dis les mots « invertébré prédateur », à quoi pensez-vous? Le mot « araignée » vous est-il venu en tête?

Les araignées sont effectivement passées maîtres dans l’art de capturer diverses proies, parfois aussi grosses quelles-mêmes! Plusieurs d’entre elles disposent de l’arme parfaite du crime : la toile!

La capacité des araignées de tisser des toiles de toutes sortes est admirable. Elles utilisent, pour ce faire, une soie qu’elles produisent dans leur abdomen et qui est presque entièrement composée de protéines. Dans le corps des araignées, cette soie se retrouve sous forme liquide. Elle se solidifie toutefois rapidement aussitôt qu’elle est extraite de l’abdomen. Elle forme alors une fibre solide, mais élastique.

Je parle de soie « extraite » de l’abdomen, car cette dernière n’est effectivement pas « projetée » hors du corps de l’araignée. Celle-ci doit soit l’extraire elle-même de façon manuelle, avec ses pattes, ou encore attacher (ou coller) sa soie à un point donné et s’en éloigner. Soulignons toutefois que certaines araignées ont développé une tactique fort étonnante qui consiste à projeter leur soie, et ce, non pas par derrière, mais par leur bouche! Il n’en demeure pas moins que la majorité des araignées ont tout de même adopté la première méthode mentionnée!

Araneus diadematus 1
Toile orbiculaire verticale (Épeire diadème)
Orbiculaire
Toile orbiculaire horizontale (Tetragnatha sp.)

Différents types de soie, présentant des propriétés variées, peuvent être produits par les araignées, selon le besoin visé (voir cet article). Ainsi, certaines araignées tissent un fil unique qui les suit partout. Il s’agit en quelque sorte d’une corde de sécurité qui leur permet de se ressaisir si elles perdent pied! Elles peuvent s’en servir aussi si elles sont perturbées : il leur suffit de se jeter en bas de leur promontoire pour échapper à tout danger. Leur corde de sécurité les retiendra! Les araignées se servent également de leur soie pour produire des cocons, soit pour s’y cacher ou encore pour protéger leurs œufs.

Les toiles, quant à elles, correspondent à l’usage le plus spectaculaire que font les araignées de leur soie. Quatre grandes catégories de toiles peuvent être distinguées et chacune est caractéristique d’un ou de quelques groupes d’araignées : toile orbiculaire, toile en entonnoir, toile en hamac et toile-échafaudage.

La toile orbiculaire est la classique toile ronde, composée de rayons, de cercles concentriques et d’une partie centrale où repose l’araignée. Alors que les rayons et la partie centrale sont composés de soie non collante, les cercles, eux, sont humides et collants. Ce sont donc ces derniers qui jouent le rôle principal dans la capture des proies. Comme leur efficacité diminue lorsqu’ils sèchent, les araignées vont détruire et recommencer leur toile sur une base régulière. Cependant, afin d’éviter de perdre toutes ces précieuses protéines, les araignées vont manger leur toile et recycler les protéines qu’elle contient. Même les araignées ont compris que le recyclage était une bonne idée!

Entonnoir
Toile en entonnoir
Toile hamac
Toile en hamac

La toile en entonnoir est également facilement reconnaissable. Pour ceux qui ont des haies de thuyas (je pense à mes parents en particulier!), vous n’êtes pas sans connaître ce type d’araignée! Ces toiles sont généralement composées d’une partie plate horizontale qui conduit à une cachette en forme d’entonnoir. Lorsqu’une proie se retrouve coincée dans la toile, l’araignée sort de sa cachette en un clin d’œil pour s’en emparer.

La toile en hamac peut ressembler à la première partie de la toile en entonnoir, sauf qu’elle ne conduit pas à une cachette. Elle peut se présenter sous différentes formes : plate, en forme de cuvette ou en forme de dôme. L’araignée se tient habituellement sous la toile, tête en bas, prête à saisir toute proie qui s’y collera.

Finalement, la toile-échafaudage ressemble à un amas de fils qui auraient été tissés au hasard. Malgré leur apparence peu soignée, ces toiles sont, en fait, minutieusement construites. Elles constituent un labyrinthe qui est généralement fatal pour toute proie qui s’y aventure. L’araignée profite du fait que les proies sont désorientées pour s’en emparer.

Les toiles d’araignées font l’envie des ingénieurs. Elles sont élastiques et très résistantes – 5 fois plus que l’acier. Imaginez si l’on pouvait concevoir un produit de ce genre à l’échelle humaine!

Malgré leur extraordinaire résistance, elles ne sont toutefois pas à l’abri des différents perturbateurs environnementaux. Certaines études en laboratoire visaient à exposer les araignées à différents composés chimiques. Il en est ressorti que les araignées se mettaient à tisser des toiles anarchiques lorsqu’elles étaient sous l’influence de la caféine, de la marijuana, ainsi que d’autres composés (voir cet article). Cela a de quoi à nous faire réfléchir sur nos propres habitudes de consommation!

 

Galerie vidéo

Épeire diadème en train de « momifier » un bourdon. Notez la largeur de la soie, qui ressemble à un ruban.

 

Autre Épeire diadème qui accroche un bourdon au bout de son abdomen pour le ramener vers sa cachette.

 

Troisième Épeire diadème (oui, ce sont des araignées très communes!), cette fois-ci en train de tisser les rayons composant sa toile.

 

Araignées tisseuses de toile en entonnoir le long de ma maison.

 

 

Pour en savoir plus

 

Une réflexion sur “Un piège mortel

  1. Pingback: DocBébitte en bref : Des araignées plein les pantalons! – DocBébitte

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