Quoi de mieux, pour mon premier article, que de vous parler d’un insecte aquatique tout à fait étonnant?
Nombreux sont ceux qui ignorent qu’il existe toute une faune vivant dans le fond des lacs et des rivières… et je ne parle pas de poissons! En effet, une multitude d’invertébrés – crustacés, mollusques, insectes et autres – passent leur vie (ou une partie de leur vie) en milieu aquatique.
Ces organismes sont dotés de systèmes leur permettant de respirer sous l’eau… systèmes variables d’une espèce à l’autre! On parle de branchies, de bulles d’air, de diffusion de l’oxygène à travers la peau, etc.!
Pour ce premier article, je vous parle d’un des plus gros d’entre eux: les corydales, de l’ordre des Mégaloptères (Famille: Corydalidae). En fait, pour être précise, je devrais vous parler de larves de corydales, puisque ce sont les juvéniles qui vivent en milieu aquatique. Une fois près de la maturité, les larves se métamorphosent en adultes ailés… et terrestres! Le processus est similaire à la chenille qui se transforme en papillon, exception faite que les corydales vont complètement changer de milieu! Aussi, les larves peuvent prendre jusqu’à trois ans pour se développer sous l’eau… alors que l’adulte ne va survivre qu’une saison, le temps de se reproduire!

Comme on peut le déduire en regardant les photographies, les corydalidae sont des prédateurs. Ils se nourrissent de d’autres invertébrés aquatiques. Leurs grosses mandibules (mâchoires) en témoignent bien. Leur taille est aussi impressionnante, pouvant aller jusqu’à 9 centimètres!

Les corydales vivent de préférence dans les milieux aquatiques qu’on appelle lotiques. Ce sont les rivières et les ruisseaux où l’eau coule de façon constante – par opposition aux milieux lentiques, où l’eau est plus stagnante.
Les larves respirent sous l’eau à l’aide de branchies. Ce sont les longs filaments que l’on peut voir le long de leur corps. Elles assimilent également l’oxygène à travers certaines portions de leur peau.
Les invertébrés aquatiques comme les corydales sont souvent utilisés pour identifier l’impact des activités humaines (pollution) sur les milieux aquatiques. Ils présentent effectivement des degrés de tolérance variés face à différents types de pollution. Les larves de corydales sont considérées comme étant intolérantes à la pollution et leur présence témoignerait donc d’un site peu affecté par la pollution d’origine humaine. Toutefois, mon expérience sur le terrain suggère que les corydales peuvent présenter une certaine tolérance à la pollution, en particulier lorsqu’il s’agit d’un enrichissement du cours d’eau conduisant à une plus grande abondance de proies. Cela dit, je n’en ai trouvé qu’à quelques sites en rivière au Québec et il ne semble pas s’agir d’un invertébré extrèmement abondant.
Il peut être étonnant de constater que d’aussi gros organismes se promènent sous nos pieds lorsque nous nous baignons dans les lacs et les rivières. J’espère que ce blogue aidera à les démystifier… et à vous rassurer!
Pour en savoir plus…
- Les insectes du Québec (corydale cornu): http://www.lesinsectesduquebec.com/insecta/23-neuroptera/corydalus_cornutus.htm
- Les insectes du Québec (corydale noir): http://www.lesinsectesduquebec.com/insecta/23-neuroptera/nigronia_serricornis.htm
- Bug Guide: http://bugguide.net/node/view/233428
- Carter, J.L. et al. 2007. Macroinvertebrates as biotic indicators of environmental quality. pp. 805-833. Dans: Hauer, F.R. et G.A. Lamberti, Éditeurs. 2007. Methods in stream ecology. 877 p.
- Voshell, J.R. 2002. A guide to common freshwater invertebrates of North America. 442 p.
Le titre est très bien choisi. En effet, c’est monstrueux mais sans doute très utile. Est-ce que tu as déjà vu des poissons qui avalent un de ces trucs?
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Bonjour Bruno,
Je n’ai jamais vu de poissons de nourrir de corydales, personnellement. J’ai fouillé dans mes livres afin de savoir si les corydales font partie de la diète des poissons, sans confirmation. Cependant, je te dirais qu’à la grosseur qu’ils ont, ils constituent sans aucun doute une bonne dose de protéine pour les poissons… et doivent donc leur être d’intérêt.
Je pense notamment aux achigans à petite bouche qui se nourrissent d’écrevisses (qui ont le potentiel de pincer). Alors pourquoi pas un corydale qui mord?
Finalement, en fouillant sur Internet, je suis tombée sur ce leurre à poisson en forme de corydale… Ce qui laisse supposer que les poissons s’en nourrissent! Voici le lien Internet: http://i1007.photobucket.com/albums/af191/hch3photography/clipperjig-1.jpg
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Le leurre ne ressemble pas trop à un corydale. Les poissons ne doivent pas avoir une très bonne vue. Je comprends à ton commentaire que ces insectes ne sont pas très gentils. Ils mordent. De quoi se nourissent-ils à part des mains et des doigts des chercheuses de bébittes ?
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L’adulte ailé a l’air de quoi?
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Tu peux voir des photos d’aldultes en suivant les deux premiers liens Internet sous « Pour en savoir plus »!
J’en ai vu à deux reprises seulement… et je n’avais pas de caméra entre les mains!
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Ils nous trouvent probablement aussi monstrueux que nous eux ! Et avec meilleure raison 🙂 !
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