Une soif à étancher pour un insecte-emblème

Nous sommes au tout début de l’été 2012. C’est une des premières journées chaudes de l’été où il fait bon se baigner. Alors que je me prélasse dans la piscine, un papillon me tourne autour. Je me rends rapidement compte que la bête en question est assoiffée et qu’elle profite des flaques d’eau que j’ai laissées autour de la piscine pour s’abreuver. Il ne m’en faut pas plus pour aller chercher ma caméra et tenter de prendre l’individu en photo. Celui-ci ne se laisse pas facilement approcher et je réalise quelques clichés de médiocre qualité. Tant pis, je continue à me baigner. Mais voilà donc que le papillon s’approche davantage. Je sors de la piscine et j’attends. Ce dernier se pose à mes pieds, où une flaque d’eau s’est formée. Puis je tends ma main mouillée vers ce dernier… qui y monte pour « lécher » l’eau qui dégouline sur mes doigts!

Naturellement, j’ai pris l’évènement en photo et j’ai également pris une vidéo. Sur cette dernière, on voit très bien le papillon « lécher » mes doigts avec son rostre – l’appendice que les papillons déploient pour se délecter du nectar des fleurs. Bref, je n’étais pas la seule à avoir chaud!

Après cette sympathique rencontre, je décidai d’identifier le papillon en question… ce qui fut très facile. Cette espèce de papillon est bien distincte, avec ses ailes foncées traversées chacune d’une large bande blanche. C’est d’ailleurs cette bande blanche qui lui a valu son nom : l’Amiral (Limenitis arthemis).

L’Amiral est l’insecte-emblème (non-officiel, cependant) du Québec. Ce choix s’est concrétisé en 1998, dans le cadre d’un vote populaire auquel 230 000 québécois ont participé. L’Amiral s’était alors présenté contre quelques autres espèces d’insectes, dont la coccinelle maculée et la cicindèle à six points (qui aurait sans doute été mon premier choix si j’avais eu connaissance d’un tel vote). C’est sans doute sa jolie parure qui lui valu le premier prix!

Amiral 2
Amiral vu de dos
Amiral 1
Amiral sur ma main, vu de côté

Cette espèce est abondante dans la portion sud du Québec. En faisant quelques recherches, j’ai appris que l’Amiral se nourrissait non seulement du nectar des fleurs, mais aussi de la sève et des jus provenant de matières en décomposition, telles que des fruits, des excréments et des cadavres d’animaux… Bref, je ne peux pas dire où s’est promené le joli papillon avant d’atterrir sur ma main (et je crois ne pas vouloir le savoir)!

La chenille de l’Amiral a développé un camouflage idéal : elle imite une fiente d’oiseau. Vous en avez peut-être déjà vu une (moi aussi d’ailleurs), mêlée à la matière végétale, sans réaliser qu’il s’agissait d’une chenille. Elle se nourrit des feuilles d’un bon nombre de d’arbres, incluant amélanchiers, bouleaux, saules et peupliers. Il n’est donc pas étonnant d’en retrouver (chenilles et adultes) autour de nos maisons – surtout lorsqu’on demeure à côté d’un boisé!

Si vous voyez souvent des papillons dans votre entourage, portez une attention particulière aux ailes. Si vous tombez sur un papillon d’assez grande taille caractérisé par de belles bandes blanches, il est fort probable que vous soyez tombé face à face avec un Amiral, l’insecte-emblème du Québec!

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