Je vous ai déjà parlé du mimétisme dans le monde des insectes (ici). Les insectes ne font pas que « mimer » d’autres insectes ou se camoufler pour se protéger des prédateurs… ils ressemblent aussi à des composantes de leur environnement pour mieux attraper leurs proies!

C’est notamment le cas de l’araignée dont je vais vous parler dans les prochains paragraphes. Je suis tombée sur cet individu l’été dernier, en voulant prendre des photos de mes fleurs. Quelle ne fut pas ma surprise de réaliser qu’il y avait quelque chose qui bougeait au centre d’une d’entre elles. La « chose » en question était une araignée, qui était toute vêtue de jaune… exactement la même couleur que la fleur dans laquelle elle se cachait! Son objectif, rester tapie en plein centre de la fleur, jusqu’à ce qu’une infortunée proie se présente.
Je suis d’ailleurs retournée voir la même fleur à intervalles réguliers. L’araignée semblait très fidèle à ce site, puisqu’elle demeura dans la même plante pendant plusieurs jours consécutifs. J’ai même pu en apercevoir une seconde, dans une fleur avoisinante. Puis, un jour, j’ai aperçu une mouche au centre d’une des fleurs, dans une drôle de position… avant de réaliser qu’il y avait une araignée jaune derrière elle, la tenant dans ses crocs. Le camouflage était tellement parfait que même mes yeux ne détectèrent pas l’araignée immédiatement!

Après avoir pris ces photographies, je ne pouvais m’empêcher d’être intriguée par la couleur parfaitement identique de l’araignée à celle de mes fleurs. Je m’interrogeais sur ce que faisait cette araignée pour se camoufler pendant les moments de l’année où les fleurs jaunes ne dominent pas le paysage.
Ce n’est que récemment que le mystère fut résolu! Je me suis effectivement achetée un livre sur les araignées de l’Amérique du Nord. J’y ai facilement trouvé l’espèce à laquelle appartenait ma belle araignée jaune : il s’agit d’une araignée-crabe (misumena vatia; goldenrod crab spider), de la famille des Thomisidae. Elle détient ce nom à cause de sa posture (pattes avant déployées latéralement), qui fait penser à un crabe. En plus, il s’agit d’une femelle. Les femelles sont en effet beaucoup plus grosses que les mâles – environ deux à quatre fois plus grosses. Elles arborent également plus de couleurs. Fait intéressant – qui répond à mes interrogations – ces araignées sont capables de changer de couleur pour mieux se camoufler parmi les fleurs. Elles peuvent donc passer d’une coloration plutôt blanchâtre (voire vert-blanchâtre) à un jaune vif (comme sur les photos que j’ai prises) et vice-versa.
Bref, cette espèce peut changer de couleur pour se fondre aux fleurs dans lesquelles elle souhaite s’installer, en attente d’une proie. Efficace comme tactique de prédation. Je n’aimerais pas être un petit insecte pollinisateur, moi!
Pour en savoir plus
- Bradley, R.A. 2013. Common spiders of North America. 271 p.
- Bug Guide (photographies et quelques informations): http://bugguide.net/node/view/6751
- Wikipédia (français): http://fr.wikipedia.org/wiki/Misumena_vatia
Bonjour! Je viens de découvrir votre site par le biais d’une amie d’une amie. J’adore! J’ai aussi vu cette araignée dans mes iris au printemps et je voulais savoir qui elle était… Merci ma curiosité est assouvie et plus encore! Au plaisir.
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Merci pour votre commentaire positif. C’est apprécié!
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