Le feu danse dans la cheminée, mais dehors les invertébrés tremblent de froid! En effet, alors que nous nous retrouvons au chaud dans nos demeures, les invertébrés, eux, doivent trouver d’autres moyens pour survivre au rude hiver.
Contrairement à nous (ou disons, à la plupart d’entre nous, car ceux qui me connaissent bien savent à quel point je suis frileuse!), les insectes sont des organismes à sang froid dont la température corporelle est la même que celle du milieu extérieur. Ils ne produisent pas de chaleur eux-mêmes et ont besoin d’une source externe pour se réchauffer. Par conséquent, ils doivent user de différentes stratégies pour survivre pendant la saison froide. Celles-ci sont nombreuses et je tenterai de vous en dresser un portrait dans les prochains paragraphes!

Tout d’abord, quoi de mieux pour se réchauffer que de se faufiler dans nos chaudes demeures? Plusieurs invertébrés réussissent effectivement à s’introduire dans nos maisons pour y passer l’hiver. Il peut s’agir entre autres d’araignées, de mouches ou encore des fameuses coccinelles asiatiques multicolores. Ces dernières sont reconnues pour leur aptitude à trouver refuge par dizaines dans certaines maisons moins bien isolées. Parfois, elles deviennent même des pestes par leur grand nombre.
D’autres invertébrés cherchent aussi à fuir le froid, sans toutefois s’introduire dans nos demeures. Ils se dénichent ou se fabriquent des abris afin d’échapper aux conditions extrêmes. Par exemple, plusieurs trouveront refuge dans la litière au sol, dans l’écorce des arbres ou sous des pierres. Malgré tout, ces derniers s’avèrent exposés à des températures relativement froides et plusieurs ont élaboré une stratégie complémentaire afin d’éviter de geler : ils remplacent les molécules d’eau retrouvées dans leurs cellules par des molécules qui ne gèlent pas tel du glycérol. Bref, ils se retrouvent avec de l’antigel dans leurs tissus, ce qui les empêche de geler!
Une autre tactique visant à fuir le froid consiste à s’enfouir dans le sol, sous la limite de gel. C’est le cas notamment de certaines larves bien connues de coléoptères que l’on appelle les vers blancs (larves de hanneton). Les fourmis et les termites ont également adopté cette stratégie. De plus, ces dernières réussissent à maintenir des températures confortables en se réchauffant les unes les autres. C’est l’avantage de vivre en communauté.

Il en est de même pour les abeilles, qui se blottissent les unes contre les autres afin de se réchauffer. Elles parviennent à maintenir des températures plus élevées dans leurs ruches en formant un noyau compact et en produisant des vibrations constantes à l’aide des muscles situés à la base de leurs ailes (jusqu’à 35 °C au centre du noyau). Elles bougent également continuellement, de sorte que les abeilles en périphérie puissent se retrouver au centre et vice-versa.
Toutefois, plusieurs invertébrés craignent le froid à un point tel qu’ils décident tout simplement de migrer vers le sud, à l’instar de certains d’entre nous qui allons trouver refuge dans de chaudes destinations vacances! Le meilleur exemple est sans contredit celui du papillon Monarque. Ce papillon peut parcourir quelques milliers de kilomètres afin d’atteindre le Mexique, tout cela pour échapper au froid!
Bien que beaucoup d’invertébrés fuient le froid, certains y font directement face. C’est le cas de la chenille Gynaephora Groenlandica (Arctic woolly bear), retrouvée notamment au nord du Québec. Lorsqu’arrive l’hiver, elle ralentit son métabolisme au point où son cœur arrête de battre. C’est alors qu’elle gèle en entier! Au printemps venu, elle dégèle et se remet à vivre et à manger… Bref, elle revient pratiquement d’entre les morts! Je vous recommande de visionner cet épisode de Découverte (vers 19 minutes et 30 secondes) pour en savoir plus. À noter que les adeptes de cette stratégie sont également en mesure de produire des molécules « antigel » telles que le glycérol, comme chez certains invertébrés qui, de leur côté, évitent toutefois de geler en entier. Dans le cas de G. Groenlandica, cet antigel protégerait certains tissus et cellules plus fragiles.

Finalement, plusieurs invertébrés ne survivront pas à l’hiver. Leur stratégie? Ils pondent leurs œufs – un stade de vie généralement moins vulnérable – et les entreposent à l’abri du froid. Ainsi, plusieurs espèces survivront à l’hiver sous forme d’œufs ou de cocons, cachés sous les pierres et les troncs morts. C’est le cas notamment de la mante religieuse, qui pond ses œufs et les dispose dans une oothèque, une sorte de cocon protecteur. Les œufs s’y retrouvent à l’abri du froid et des prédateurs.
Plusieurs insectes passeront aussi la saison froide sous forme de larves. De bons exemples sont les larves d’insectes aquatiques, comme les libellules et les éphémères. En vivant sous l’eau, elles parviennent à échapper aux rigueurs du climat hivernal. Il en est de même pour de nombreuses espèces de papillons, dont les chenilles trouveront refuge dans la litière au sol (notamment la chenille de l’Isia isabelle).
Bref, j’ai réalisé en effectuant des recherches pour la présente chronique que les tactiques élaborées par les invertébrés pour survivre à l’hiver sont très nombreuses. Je n’ai donc pu réaliser qu’un survol de la question! Je vous invite à consulter les sources suggérées à la fin de la présente chronique si vous souhaitez en savoir plus!
Cela dit, je vous souhaite un bon début d’année 2014, bien au chaud dans vos foyers!
Pour en savoir plus
- Dubuc, Y. 2007. Les insectes du Québec. 456 p.
- About.com. Insects – Where do insects go in Winter? http://insects.about.com/od/adaptations/p/wintersurvival.htm
- Découverte. Terres de glace: le réveil du printemps. http://www.radio-canada.ca/emissions/decouverte/2013-2014/Reportage.asp?idDoc=323040&autoPlay=http://www.radio-canada.ca/Medianet/2012/CBFT/2012-02-19_18_30_00_dec_3017_1200.asx
- Encylopedia Smithsonian. Where do insects go in the winter? http://www.si.edu/Encyclopedia_SI/nmnh/buginfo/winter.htm
- Jardinage.net. Hibernent-ils, n’hibernent-ils pas? Partent-ils, ne partent-ils pas? Meurent-ils, ne meurent-ils pas? http://www.jardinage.net/aujardin/?id=182
- Le Moulin de Prey – Son Musée, ses insectes. Les insectes : où vont-ils pendant l’hiver. http://www.le-moulin-de-prey.org/pages/insectes-de-nos-departements/les-insectes-en-hiver.html
- Union nationale de l’apiculture française – L’abeille sentinelle de l’environnement. La ruche au fil des saisons. http://www.abeillesentinelle.net/concept.php?l=fr&idpage=109
- Wikipedia. Gynaephora Groenlandica. http://en.wikipedia.org/wiki/Gynaephora_groenlandica
- Wikepedia. Insect winter ecology. http://en.wikipedia.org/wiki/Insect_winter_ecology
j’ai trouvé une isia vivante ce matin sur le bord d’un chemin ce matin en prenant une marche … à ma grande surprise cette chenille étais vivante et semblais vouloir traverser le chemin!! ma question est .. comment se fais t’il que cette chenille ne gèle pas en hivers .. surtout que ce matin il faisait -12… merci et bonne journée ..Alain Talbot des cantons de l’est
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La chenille de l’Isia isabelle est en mesure de survivre à l’hiver notamment parce qu’elle produit un composé qui lui permet de « geler » sans mourir. Normalement, elle hiberne sous la litière de feuilles et ne bouge pas avant le printemps. Le fait que vous en ayez vu une aussi tard cet hiver est peut-être dû aux températures plus chaudes que nous avons eues en décembre. Selon Wagner 2005 (Caterpillars of Eastern North America), on peut apercevoir l’Isia isabelle aussi tard que lors des premiers gels. Un dégel assez important comme nous l’avons vécu cette année aura visiblement été suffisant pour réveiller la chenille que vous avez aperçue!
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