
De tous les invertébrés, ce sont sans doute les araignées qui suscitent le plus la peur et le dégoût chez nous, les humains. Pourtant, il s’agit d’êtres hors du commun caractérisés par des attributs morphologiques fort intrigants!
Dans la capsule de la semaine dernière, vous deviez deviner qui était l’individu photographié et, plus précisément, quels étaient les membres en forme de spirale situés en avant-plan. Il s’agissait, bien sûr, d’une sorte d’araignée – agelenopsis potteri, de la famille agelenidae. Les spirales, quant à elles, faisaient partie du pédipalpe, un organe situé à l’avant de la capsule céphalique (tête) et de chaque côté des chélicères (pièces buccales). Chez les mâles, le dernier segment des pédipalpes est renflé et sa face ventrale comprend le bulbe génital. Il s’agit donc de son organe reproducteur. En d’autres mots, les mâles araignées portent leurs parties génitales de chaque côté de leur tête!


Les pédipalpes des femelles ressemblent, de leur côté, à de petites pattes. Ils ne sont pas renflés et ne contiennent pas de pièces vouées à la reproduction. Les organes génitaux des femelles sont plutôt situés là où l’on pourrait s’y attendre : sur la face ventrale et antérieure de l’abdomen. Toutefois, ces organes – que l’on nomme épigyne – prennent à l’occasion une apparence comparable aux parties génitales mâles des mammifères. Par conséquent, si vous apercevez une forme qui ressemble à une plaque sur l’abdomen d’une araignée ou même à un petit pénis, sachez qu’il ne s’agit pas d’un mâle!
Les araignées se démarquent non seulement par leur anatomie sexuelle, mais aussi par leurs pièces buccales. Contrairement aux insectes qui sont typiquement munis de mandibules ou de rostres, les araignées possèdent des chélicères. Les chélicères comportent deux parties : le segment basal, auquel est rattaché le crochet. C’est par ce crochet – qui sert à percer les tissus – que les araignées injectent leur fameux venin.
Que dire des huit yeux (certaines en ont cependant six) qui servent sans aucun doute à percevoir les proies? Leur disposition varie selon les familles et elle est par conséquent utilisée comme critère d’identification. À titre d’exemple, une des paires d’yeux des araignées-loup (lycosidae) est située plus loin vers l’arrière de la tête et de chaque côté de cette dernière. Les araignées sauteuses (salticidae), quant à elles, possèdent une paire de très grands yeux sur le devant de la tête (voir cette image).
Les araignées semblent aimer le nombre « 8 », puisqu’elles arborent également huit pattes. Ces pattes, grandement articulées, se terminent par deux ou trois griffes permettant aux individus d’adhérer à toutes sortes de surfaces – et expliquant pourquoi elles se promènent si aisément sur nos plafonds! Plusieurs types de soies et de poils recouvrent les pattes des araignées. Certains, très fins, servent à percevoir les vibrations de l’air. Cela est très utile pour l’araignée immobile, à l’affut d’une proie.
Finalement, on ne pourrait passer sous silence les caractéristiques faisant en sorte que plusieurs espèces sont en mesure de tisser de robustes toiles, qui suscitent l’envie de maints ingénieurs de race humaine! Cette fascinante capacité a fait l’objet de cette précédente chronique – si le sujet vous intéresse!

Vous ne cesserez peut-être pas de craindre les araignées du jour au lendemain, mais j’espère que ce billet vous aura aidé à mieux apprécier leurs étonnantes caractéristiques!
Pour en savoir plus
- Bradley, R.A. 2013. Common spiders of North America. 271 p.
- Paquin, P. et N. Dupérré. 2003. Guide d’identification des araignées (Araneae) du Québec. 251 p.
Pingback: Toqués des tiques? – DocBébitte
Pingback: 300e chronique de DocBébitte : Ça sent le vinaigre! – DocBébitte