Un festival emballant!

Permettez-moi de faire une petite entorse à la programmation initialement prévue! Je vous fais languir encore une semaine de plus avant de vous présenter la chronique réponse associée à la devinette du lundi 20 avril pour vous parler d’un évènement récent : le 1er festival des insectes tenu à l’Aquarium du Québec, à Québec!

Theraphosidae bleue
Des espèces vivantes pouvaient être observées dans des vivariums
Mante et Caro
La manipulation d’insectes était fort populaire

Ce festival, qui avait lieu du 17 au 19 avril, est une initiative de La Bibitte mobile, une organisation qui se dévoue à la sensibilisation et à l’éducation des jeunes au monde des insectes. Misant beaucoup moi-même sur la sensibilisation et l’éducation dans le cadre de mon travail sur les milieux aquatiques, ainsi que pour mon blogue DocBébitte, je ne pouvais faire autrement que de les encourager! Par conséquent, je me suis « sacrifiée » de deux façons : 1) en me présentant samedi comme visiteuse et 2) en faisant du bénévolat toute la journée du dimanche! Les activités étaient diverses et mon seul regret est de ne pas avoir eu assez de temps pour tout voir et tout faire.

Premier élément au menu : animation humoristique par Victor l’Insecteur pour les enfants… ainsi que pour les grands enfants! Quelle merveille de voir tous ces jeunes, bouche béante, devant les récits et les « bébittes » vivantes de M. l’Insecteur. De petits entomologistes en devenir, sans aucun doute! L’animation ne s’arrêtait pas là et les visiteurs ont également pu assister à des présentations variées données par des entomologistes chevronnés dont la passion était indéniablement contagieuse : chasse aux insectes nocturnes, élevage de papillons, fabuleux monde des fourmis, échantillonnage de scarabées et j’en passe (comme je vous ai mentionné, je n’ai malheureusement pas tout vu)! Saviez-vous, par exemple, qu’il existe des fourmis à tête plate qui se servent justement de cet attribut pour boucher le trou de leur nid de sorte à éviter que des intrus y entrent? Ou encore qu’il est mieux d’attendre que les papillons de nuit, que l’on attire à l’aide d’un mélange sucré appelé « miellée », soient « saouls » avant de tenter de les capturer?

Dégustation grillon
Dégustation d’insectes en direct! Grillon à saveur de sel et vinaigre!
Cécropia volière
Une volière à papillons permettait de voir ces derniers de près

Autre point fort de l’évènement : la possibilité de manipuler plusieurs invertébrés vivants, activité très populaire – du moins si je me fie au petit groupe avec lequel j’ai fait la visite du samedi! Il était possible en outre de manipuler mantes, chenilles, mygales et papillons (voir cette vidéo de Radio-Canada à cet effet). Pour les visiteurs moins aventureux, moult invertébrés déjà morts pouvaient aussi être observés dans un grand nombre de présentoirs disposés à divers endroits sur le site de l’Aquarium.

La possibilité d’étaler soi-même un invertébré était également offerte. J’aurais bien aimé tenter ma chance, mais la journée tirait déjà à sa fin lorsque nous parvînmes à ce kiosque. Néanmoins, l’activité semble avoir été fort populaire auprès des visiteurs que l’on voyait déambuler sur le site avec « leurs » insectes étalés à la main!

Les insectes étaient aussi au menu, littéralement! Un kiosque proposait effectivement des insectes à déguster. Non seulement en fis-je la dégustation le samedi en tant que visiteuse, mais je me retrouvai bénévole à ce kiosque toute la journée du dimanche. Je peux vous dire qu’il y a beaucoup plus de gens que je pensais qui ne font pas la fine bouche! Même un ancien collègue de travail que je croyais dégoûté par les insectes s’est délecté (en fait, je ne suis pas certaine si le mot est bien choisi!) de grillons à saveur de bacon et fromage! De plus, certains visiteurs étaient même déçus qu’il n’y ait pas plus de choix, comme des insectes dans le chocolat, par exemple! Bravo, chers visiteurs, vous n’avez pas froid aux yeux!

En outre, il y avait une pléiade d’activités et beaucoup de visiteurs (petits et grands) souriants! Espérons que cet évènement se reproduise les prochaines années! Il s’agit d’une belle occasion d’ouvrir les horizons et de mieux faire connaître ces sympathiques invertébrés, trop souvent méconnus et mal-aimés! Serez-vous de la partie la prochaine fois?

Mygale et Caro
Une grosse journée de bénévolat récompensée par la manipulation d’une bête sympathique

 

Pour en savoir plus

 

 

Gagnants du concours de photo 2014 – Partie 1 : Le mélanople birayé de France St-Aubin

Vous l’avez appris la semaine dernière : trois photographies candidates au concours amical de photographie 2014 ont été élues gagnantes ex aequo par les lecteurs de DocBébitte. Par conséquent, les trois prochaines chroniques viseront à vous brosser un portrait des individus retrouvés sur chacune de ces photographies, respectivement.

Cette semaine, nous amorçons avec un insecte bien connu de tous : le mélanople birayé.

F. St-Aubin_2
En vedette, le joli cliché d’un mélanople birayé par France St-Aubin, une des trois photos gagnantes

Le mélanople birayé est sans contredit l’un des plus communs représentants des orthoptères (grillons, criquets, sauterelles et compagnie!) qui peuplent nos cours et nos jardins. Ce n’est donc pas une surprise s’il s’est retrouvé sur plusieurs photos soumises lors des deux concours de photographie en 2013 et 2014.

Bien qu’on le nomme communément « sauterelle », cette appellation n’est pas exacte. Le terme « sauterelle » réfère effectivement à d’autres membres de l’ordre des orthoptères : les tettigonies (notamment les scuddéries; voir cette précédente chronique pour plus de détails sur l’identification de ces groupes). Le mélanople, qui appartient à la famille Acrididae, devrait plutôt être qualifié de « criquet »… À distinguer cependant du terme « cricket » en anglais, qui réfère aux grillons! Tout pour nous confondre, quoi!

On reconnaît le mélanople birayé à… ses rayures! Il arbore effectivement une rayure jaune bien visible qui passe au-dessus de l’œil et qui s’étend le long de son pronotum (premier segment dorsal du thorax, situé immédiatement après la tête). Il s’agit également d’une espèce qui atteint une longueur appréciable s’étalant de 30 à 55 millimètres.

Dans une précédente chronique, je vous avais parlé d’invasions historiques et notables de criquets qui les avaient propulsés au rang de « fléau »! Les mélanoples birayés ne sont pas en reste : ils sont considérés comme étant des pestes de différentes cultures incluant la luzerne, le maïs, le tabac et les céréales. Ils ne font pas la fine bouche et peuvent aussi se délecter d’un grand nombre de plantes ornant nos plates-bandes. D’ailleurs, une autre photographie soumise au concours de photo 2014 présentait un mélanople birayé en flagrant délit de gourmandise sur une feuille d’hosta.

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Cette autre photo candidate au concours 2014 présente un mélanople birayé en flagrant délit de gourmandise

De plus, je vous avais déjà vanté les aptitudes de certains orthoptères – en particulier les scuddéries et les grillons – à composer des chants dignes de virtuoses (suivre ce lien). Malheureusement, les criquets n’ont pas hérité de ce don. Bien qu’ils soient aptes à produire certains sons, ces derniers sont considérés comme étant beaucoup moins riches que ceux de leurs cousins. En outre, leur chant est qualifié de « sec » et s’apparentant à deux bouts de papier sablé que l’on frotte l’un contre l’autre. Pas une représentation digne d’une ovation, quoi!

Par ailleurs, la façon de produire le chant, de même que de le capter, diffère entre ces deux grands groupes d’orthoptères. Chez le premier groupe – le sous-ordre Ensifera –, une vaste variété de sons est produite par le frottement des ailes les unes contre les autres. De plus, leurs organes récepteurs – en quelque sorte leurs oreilles – sont situés sur les tibias. En revanche, chez le second groupe – le sous-ordre Caelifera, qui inclut les mélanoples – les individus génèrent typiquement leur « chant » en frottant la partie intérieure de leurs fémurs sur la surface extérieure de leurs ailes. Ils peuvent aussi produire un son qualifié de « crépitation » en ouvrant rapidement leurs ailes. Les « oreilles », quant à elles, sont situées sur l’abdomen.

Les femelles ne possèdent pas d’ovipositeur long et protubérant comme leurs cousines scuddéries, grillons ou camellines. Afin de pondre leurs œufs, elles tendent plutôt à enfouir la totalité de leur abdomen dans le sol. Je me souviens encore de cette fois – ce devait être en 2002 ou 2003 – où j’étais allée faire une randonnée dans un sentier pédestre constitué de gravier et longeant la rivière Saint-Charles à Québec. J’avais aperçu un énorme mélanople, immobile, dont l’extrémité de l’abdomen était enfouie dans le gravier. En tentant de le prendre, j’avais été surprise de voir à quel point l’abdomen était enflé. Je pensais que l’individu était malade! Je n’avais pas réalisé, à ce moment, qu’il s’agissait vraisemblablement d’une femelle en train de pondre.

C’est malheureusement sans doute cette habitude – et peut-être l’envie de se faire chauffer au soleil – qui fait en sorte que les criquets se retrouvent en plein milieu de sentiers pédestres ou cyclables et, bien malgré eux, sous nos roues et nos souliers. Par chance, il y a des entomologistes qui tendent à regarder au sol en marchant (devinez pourquoi!) et qui sauront les éviter!

 

Pour en savoir plus

Fille ou garçon?

C’est une fille! C’est un garçon! Sortez les cigares!

Chez les humains, il nous semble que la différence entre le genre masculin et féminin est bien évidente. Pourtant, chez plusieurs invertébrés, il est assez facile de distinguer en un simple coup d’œil les mâles des femelles.

Pédipalpes
Les males possèdent des pédipalpes, qui ressemblent à de petits gants en fourrure
Épeire_Épigyne marquée
Détrompez-vous: cette forme qui ressemble à un organe masculin est une épigyne (cliquez sur la photo pour agrandir)

C’est en progressant tranquillement dans ma connaissance des invertébrés (et en tentant d’identifier certains d’entre eux) que j’ai réalisé à quel point il était parfois aisé de séparer mâles et femelles. Bien sûr, ma progression est loin d’être achevée, mais je jugeais bon, avec le retour imminent des invertébrés pour la période estivale, vous faire part de quelques astuces.

Commençons par les araignées. Vous serez heureux d’entendre que, pour plusieurs d’entre elles, vous n’aurez pas besoin de vous en approcher beaucoup pour distinguer s’il s’agit d’un mâle ou d’une femelle. Les mâles matures possèdent effectivement des pédipalpes (palpes de chaque côté de la tête que l’on pourrait prendre pour des antennes) protubérants. Une des sources consultées les compare à de petits gants de boxe. Les femelles – ou les mâles immatures – ont des palpes plus filiformes.

Si vous êtes toutefois prêts à vous approcher davantage, vous pourrez également examiner le dessous de l’abdomen des femelles. Pour bon nombre de familles, les femelles matures sont munies de plaques génitales visibles (l’épigyne). Vous pouvez jeter un coup d’œil au dessous de l’abdomen des épeires diadèmes, ces araignées communes et faciles à observer alors qu’elles se tiennent immobiles dans leur toile orbiculaire. Comme elles atteignent aussi une taille appréciable, il est d’autant plus facile d’observer leurs caractéristiques et de déterminer si une épigyne est présente. À noter aussi que les femelles de cette espèce prennent habituellement des proportions plus impressionnantes que les mâles. Une épeire diadème dodue risque fort bien d’être une femelle.

Scuddérie
Femelle scuddérie dont l’ovipositeur est apparent
Camelline mâle 2
Mâle camelline, ne possédant pas d’ovipositeur

L’ordre des orthoptères constitue un second groupe comprenant plusieurs familles pour lesquelles il est aisé de discriminer les mâles des femelles. Notamment, les femelles grillons, scuddéries et camellines (voir cette précédente chronique sur les orthoptères pour plus de détails) possèdent un long ovipositeur au bout de leur abdomen qui permet de les distinguer des mâles. Il ne s’agit donc pas d’un outil pouvant vous piquer le bout des doigts, mais bien d’un organe permettant aux femelles de pondre leurs œufs à l’abri des prédateurs (dans le sol, le bois, les crevasses, etc.).

Finalement, mesdames et messieurs mouches (je pense entre autres aux mouches domestiques, à fleur et à chevreuil) sont également suffisamment différents pour nous permettre de les identifier. C’est en les regardant dans les yeux que l’on peut voir la différence! En effet, les yeux des femelles sont plus espacés que ceux des mâles. Chez certaines familles, comme les tabanidés (mouches à chevreuil et à cheval), la différence est très évidente, les yeux des mâles étant complètement collés. Chez les mouches domestiques, il faut être plus attentif, car c’est la distance entre les deux yeux qui comptera (voir cette image). Cette différence peut s’avérer utile si vous faites face à une mouche à chevreuil ou à cheval, puisque ce sont les femelles qui sont susceptibles de nous piquer (voir cette chronique)… quoiqu’elles nous repèrent habituellement avant qu’on ait le temps de les identifier!

Syrphes accouplement_2
Ces deux syrphes qui s’accouplent nous permettent de comparer les yeux du mâle (dessus) et de la femelle (dessous)
Tabanidae mâle
Mâle tabanidé (possiblement atylotus sp.), les yeux collés
Tabanus atratus
Femelle tabanidé (tabanus atratus), avec des yeux séparés par une bande

Il y a une myriade d’autres façons de déterminer le genre des invertébrés, notamment en examinant les antennes (je pense aux lépidoptères) ou la couleur (certaines libellules), mais comme j’ai encore beaucoup à apprendre à ce sujet, je réserverai la suite pour une prochaine chronique. Ce n’est pas comme si le monde des invertébrés ne recelait pas de nouveautés à chaque jour!

 

Pour en savoir plus

Concerto pour demoiselle orthoptère

Scuddérie_Organe
Les organes sur les tibias des scuddéries sont leurs oreilles!

Dans la capsule de la semaine dernière, je vous demandais de deviner à quoi sert l’organe situé sur le tibia d’une espèce de scuddérie (sauterelle). Aviez-vous deviné qu’il s’agissait… de ses oreilles?

Je vous ai déjà glissé quelques mots dans de précédentes chroniques à l’effet que certains orthoptères étaient des virtuoses du chant. Il n’est donc pas surprenant de réaliser que ces derniers sont bien équipés pour transmettre des sons et les recevoir… Même si les organes qui y sont associés sont situés à de bien drôles d’endroits!

Ce ne sont pas tous les orthoptères qui sont de bons chanteurs. C’est pourquoi je mettrai l’accent dans cette chronique sur deux grands groupes, ceux que l’on entend habituellement nous faire de jolis concerts lors de douces soirées d’été : les tettigonies ou sauterelles (famille des Tettigoniidae) et les grillons (famille des Gryllidae).

Himmelman livre
Livre qui a inspiré la présente chronique

Tout d’abord, j’aimerais souligner que l’envie de vous parler des chants de certains orthoptères a été déclenchée par un cadeau que j’ai reçu à Noël. Il s’agit d’un guide visuel sur les insectes chanteurs nocturnes, qui est accompagné d’un CD sur lequel on retrouve les chants en question (Himmelman 2009). Fait intéressant, il existe aussi un site Internet permettant d’écouter les chants de différents insectes (orthoptères et cigales – suivre ce lien). Il est donc non seulement possible de tenter d’identifier ces insectes à partir de photographies ou de guides visuels, mais également à partir des sons qu’ils émettent.

Et justement, les orthoptères chanteurs sont généralement assez discrets, visuellement parlant. Il est souvent plus facile de les repérer au son! C’est pourquoi les scuddéries, par exemple, ressemblent aux feuilles vertes et tendres parmi lesquelles elles se cachent. Il en est de même pour les grillons, qui vivent au sol, cachés sous les roches, les feuilles mortes et les brindilles. Ces derniers arborent des couleurs sombres et ont un corps aplati, parfait pour passer inaperçu.

C’est généralement lorsque la journée achève – quoique plusieurs orthoptères chantent aussi le jour – que les sauterelles et les grillons dévoilent leur présence. S’élève ainsi toute une chorale de cri-cri-cri et chiiiiirp chiiiiirp déferlant du sol à la cime des arbres.

Grillon
Les grillons aussi produisent des stridulations avec leurs ailes – Il s’agit cependant ici d’une femelle
Scuddérie_2
Femelle scuddérie – A-t-elle déjà répondu au chant d’un mâle?

Naturellement, cette jolie chorale a pour objectif d’attirer un partenaire. J’en ai d’ailleurs glissé un mot dans cette chronique de la Saint-Valentin. Or, comment les orthoptères produisent-ils ces sons?

Les tettigonies et les grillons produisent une vaste variété de sons en frottant leurs ailes les unes contre les autres. Plus précisément, la base des deux ailes (près de la tête) est pourvue d’une section plus dure, formant une sorte de crête. C’est ce qui est appelé l’organe ou la surface stridulatoire. Pour l’une des deux ailes, la crête est dentelée (voir cette photo), alors qu’elle est lisse pour la seconde. Vous pouvez donc vous imaginer comment le son est produit! Une des sources que j’ai consultée compare d’ailleurs le frottement produit à un ongle qui frotte contre une fermeture éclair.

En frottant ces deux surfaces à différentes vitesses, les tettigonies et les grillons parviennent à produire des « chirp » plus ou moins prononcés et plus ou moins longs. De plus, les caractéristiques de l’organe stridulatoire, comme sa dureté, l’espacement entre les « dents » ou l’épaisseur de ces dernières, vont également moduler le son. Le tout est amplifié par une « caisse de résonnance » située à proximité de l’organe stridulatoire.

J’ai trouvé plusieurs vidéos sur Internet où l’on peut observer des grillons ou des tettigonies en pleine campagne de stridulation! Voici quelques recommandations (cliquer sur le titre en caractère gras) :

  • Vidéo d’un grillon – on peut entendre les « cri-cri-cri » incessants de ce dernier. Notez comment les ailes bougent! On parle ici de « cricket » en anglais, mais il ne faut pas confondre avec « criquet » en français qui réfère plutôt aux membres de la famille des acrididae (voir cette précédente chronique).
  • Vidéo d’une tettigonie – cette dernière fait des « clics-clics-clics ». Regardez la vidéo à partir de la minute 2 :40 et vers la minute 5 :15. Vous pourrez voir les ailes qui bougent au fur et à mesure que l’on entend les « clics ». Attention, la qualité visuelle est limitée; la vidéo donne tout de même une idée de ce type de chant.
  • Vidéo d’une autre tettigonie – celle-ci produit plutôt des « screech screech »!

Cela dit, si vous souhaitez en savoir plus sur ces orthoptères chanteurs, je vous invite à vous acheter le guide de Himmelman (2009) ou encore vous connecter sur la page Internet du guide de Walker et Moore – tous deux cités ci-dessous. Ainsi, lors des prochaines soirées d’été, vous serez en mesure d’identifier quelle vedette, au juste, est en train de vous faire un concert!

Pour en savoir plus

Le 8e fléau (ou l’histoire des orthoptères)

Il est probable – tout comme moi – que votre catéchisme remonte à de nombreuses années. Il n’en demeure pas moins que vous avez sans doute été marqués par l’histoire rapportant les dix plaies d’Égypte : grenouilles qui tombent du ciel, maladies et mortalités inexpliquées et… sauterelles dévorant toutes les plantes et les fruits!

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Espèce très commune de criquet (mélanople birayé)

Me connaissant bien, vous vous doutez que je ne suis aucunement habilitée à vous faire une séance de catéchèse. Toutefois, je me prétends suffisamment « digne » pour vous entretenir sur les principaux responsables de la 8e plaie d’Égypte qui appartiennent à un groupe d’insecte bien connu de tous : les orthoptères.

L’ordre des orthoptères se compose de plusieurs groupes d’individus assez variés. D’ailleurs, dans les prochains paragraphes, je vous brosserai un portrait de quatre grands groupes communs d’orthoptères.

Oedipode
Un oedipode, appartenant au groupe des criquets et locustes

Premier point important en ce qui concerne les « sauterelles » impliquées dans la 8e plaie: ce que nous avons l’habitude d’appeler des sauterelles sont généralement des criquets. Plus précisément, les criquets et les locustes forment la famille des Acrididae. Il s’agit d’orthoptères munis d’antennes relativement courtes (plus courtes que leur corps) que l’on observe très communément autour de nos maisons et dans les champs. Ce groupe comprend notamment les oedipodes, dont les ailes bien développées sont parfois teintées de noir, de jaune ou d’orangé. En vol, on pourrait les méprendre pour des papillons!

Scuddérie
Une scuddérie, une « vraie » sauterelle (tettigoniidae)

Les « vraies » sauterelles, cependant, existent bel et bien. Elles appartiennent à la famille des Tettigoniidae et on les appelle tettigonies ou sauterelles vertes – quoique certaines soient brunes si l’on se fie à cette page provenant du site Internet Insectes du Québec. Contrairement aux criquets, ces dernières possèdent de longues antennes, pratiquement aussi longues (parfois plus) que leur corps. Il s’agit de virtuoses du chant et l’on peut entendre leurs stridulations à différents moments de la journée, selon l’espèce.

Les camellines constituent un autre groupe d’orthoptères. Elles sont reconnaissables par leurs longues antennes, leur dos courbé et l’absence d’ailes. Elles sont plus réservées que leurs cousins criquets et vivent principalement dans les milieux sombres et humides. J’ai déjà parlé des camellines dans cette chronique.

Finalement, l’ordre des orthoptères comprend les grillons (Famille : Grillydae). Vous en avez sans aucun doute déjà vu ramper dans vos plates-bandes, ou entendu chanter à la brunante. Peut-être avez-vous également vu des représentants de cette famille en vente à l’animalerie, puisqu’ils servent de repas pour plusieurs animaux domestiques. Ils sont habituellement plus aplatis et compacts que les autres orthoptères. J’en ai d’ailleurs perdu plusieurs de vue, alors que je les poursuivais : ils parvenaient à trouver refuge dans de toutes petites fissures!

Camelline mâle
Une camelline, sans ailes et avec le dos courbé

Tous ces orthoptères sont omniprésents autour de nos maisons. Si vous êtes attentifs, vous pourrez facilement les apercevoir. Ils sont faciles à distinguer des autres insectes, leur caractéristique-clé étant leurs grandes et fortes pattes arrière. Si vous ne les voyez pas, vous pourrez minimalement apprécier leur chant lors de douces soirées d’été. À cet effet, j’ai demandé au Père Noël un livre sur les chants d’orthoptères. Je pourrai sans doute vous en parler davantage après les fêtes!

Pour terminer, pourquoi parler de plaie lorsque l’on réfère aux orthoptères? Et bien, certains d’entre eux sont reconnus pour avoir un appétit vorace, se nourrissant de nombreuses sortes de plantes. Des invasions de « sauterelles » (des criquets, en fait) ont été recensées à plusieurs moments dans l’histoire. Celles-ci étaient synonymes de dévastation, les criquets mangeant pratiquement toutes les plantes sur leur passage. En particulier, la 8e plaie d’Égypte serait expliquée par une invasion massive du criquet pèlerin, dont la plus importante aire de regroupement se situerait autour de la mer Rouge.

Grillon
Un grillon, plus trapu

Ces invasions notables ne sont pas qu’anciennes. En fouillant davantage sur Internet, j’ai effectivement mis la main sur plusieurs articles parlant d’une invasion en Israël, ainsi que d’une autre à Madagascar au printemps 2013. À ce qu’il semble, la population de criquets à Madagascar était tellement effarante qu’elle formait un essaim long de 15 km se déplaçant à quelques mètres du sol! Je vous recommande entre autres de jeter un coup d’œil à cette vidéo, qui démontre l’ampleur de la situation. Bref, une nuée de criquets n’annonce rien de bon pour les cultivateurs des pays touchés.

Faut-il craindre les orthoptères pour autant? La réponse est non, bien sûr. Bien que les essaims de criquets puissent s’avérer dévastateurs, nombreux sont les différents orthoptères grouillant dans vos plates-bandes. Pourtant, leur impact sur la végétation autour de votre maison demeure tout à fait modeste. Amusez-vous plutôt à les observer ou laissez-vous bercer en écoutant leur doux chant les soirs d’été!

 

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