Un dos fragile, un été rempli d’insectes et de plein air : incompatibles? Pas forcément.
Si, comme moi, vous êtes actifs et adorez pratiquer des activités en plein air, les pépins de santé ne sont pas les bienvenus.
Néanmoins, il existe des façons de s’adapter pour continuer de vivre ses passions.
Je l’ai appris cet été et je tenais à vous partager les trucs qui m’ont aidée.
Quand tout a commencé
1er mai 2025. L’été commence à peine à pointer le bout de son nez. Les insectes sortent de leur cachette et je suis excitée à l’idée d’amorcer cette saison que j’affectionne tout particulièrement. Et c’est à ce moment que je me blesse au dos. Une blessure qui me demande encore des adaptations au moment où j’écris ces lignes, des mois plus tard.
Histoire courte : ma capacité de marche est extrêmement réduite, je peine à demeurer debout de façon statique et conduire me fait mal.
Pourtant, l’été est entièrement rempli : animations entomologiques, escapades courtes en camping et vacances en camping. Mon conjoint et moi en faisions d’ailleurs de l’humour : une seule fin de semaine de tout l’été n’était pas occupée. (Et j’ai finalement été invitée à participer à une animation entomologique!)
Cela étant dit, j’ai songé à maintes reprises à tout annuler. J’ai eu plusieurs moments de découragement… mais, heureusement, chaque défi a trouvé sa solution!
Si je vous raconte tout cela, c’est pour partager mon expérience, soutenir ceux qui traversent quelque chose de similaire et montrer qu’il est possible de continuer à profiter de la vie – et des insectes – autrement.
Faire du plein air et de l’entomologie malgré une blessure au dos
1. Trouver du soutien
Ma blessure a affecté mon autonomie. J’adorais faire mes commissions et me rendre à mes rendez-vous à pied. Tellement que je n’ai pas de voiture à moi : j’ai ma passe d’autobus et… mes jambes!
Et que dire des escapades et vacances où nous faisions plusieurs kilomètres de randonnée par jour, du canot, du kayak, et j’en passe!
Me retrouver limitée du jour au lendemain m’a fait sentir impuissante.
Heureusement, j’ai été bien entourée. Mon conjoint m’a tantôt prêté sa voiture, tantôt reconduite à mes rendez-vous lorsque la douleur m’empêchait de conduire. Il a aussi pris le rôle de conducteur en tout temps pour nos escapades et nos vacances. Pas une mince tâche, puisque nous avions beaucoup de route à faire : entre autres, l’Île du Prince Édouard était notre destination de vacances.
Avoir une douce moitié soutenante : inestimable!
Ce soutien peut également venir d’un parent ou d’un ami : l’important, c’est de ne pas s’isoler.
Autre point : par écrit, je semble sans doute détachée de la situation. En réalité, mon moral en a pris un sacré coup. C’est normal : j’ai dû faire plusieurs deuils quant à mon autonomie et ma mobilité. J’ai donc ajouté un outil de plus à mon arsenal : obtenir de l’aide externe. Aucune honte à consulter un professionnel de la santé mentale. C’est précieux et ça ne devrait jamais être un tabou!
2. Bien s’outiller
J’ai consulté des spécialistes de la santé physique et, en plus d’exercices réguliers de physiothérapie, on m’a recommandé de rester le plus active possible, en respectant mes nouvelles limites, bien sûr. Ainsi, avant de me lancer dans des activités, j’ai dû m’équiper.
J’ai fait l’acquisition d’un tabouret et d’une chaise ultralégers et déployables. Je me suis mise à les trimbaler partout – surtout le tabouret. Bon, oui, c’est généralement mon conjoint qui le trimbalait, pour limiter le poids que je transportais! Cela me permettait de m’asseoir dès que mon dos faisait mine de protester (ou, préférablement, un peu avant!).
Nous avions une activité de canot-camping prévue en début d’été. Pour ce type d’activité, j’ai acheté une corde d’amarrage qui, comme vous le verrez plus loin, a servi à me faire… tirer!
Pour les longs déplacements en voiture, je me suis munie de plusieurs accessoires : un coussin pour les fesses, un coussin pour le dos, et même un pour le cou. Après différents essais et combinaisons, j’ai adopté le coussin pour les fesses.
Enfin, nous avons choisi un équipement de camping favorisant le confort. On frôlait le « glamping », rendus là! L’utilisation d’une plus grande tente, d’un matelas plus épais et d’un petit divan gonflable a permis de sauver la mise. Plus besoin de m’accroupir et de ramper dans la mini-tente de mon conjoint – bien qu’il l’appelle son « château »!
Galerie 1. Nos adaptations en matière de tentes. Cliquez sur les images pour les voir pleine taille.



3. Adapter ses activités
En dernier lieu, j’ai choisi mes activités en fonction de ce qui m’était réellement possible. Pas de longues randonnées en vue, hélas! Mais beaucoup de belles options restaient accessibles.
Attirer les insectes vers soi
Les pièges lumineux sont conçus pour amener les insectes vers nous. Il m’était donc possible, tant à la maison qu’en camping, de les attirer afin de les observer et les photographier.
Munie de mon tabouret ou d’une chaise de camping, je pratiquais l’entomologie sans trop de douleur. Même lors de rencontres d’entomologistes amateurs, une place adaptée m’attendait.
Je n’avais qu’à attendre… puis photographier!
Diaporama 1. Piège lumineux et quelques insectes observés. Cliquez sur les flèches pour faire défiler le diaporama.
Observer (et photographier) à proximité
En plus des insectes nocturnes, la macrophotographie diurne demeurait accessible.
Heureusement, les insectes sont partout : pas besoin de couvrir de longues distances pour les dénicher. Et pour éviter d’être debout trop longtemps, je traînais mon fameux tabouret ou je squattais tous les bancs de parc ou grosses roches disponibles.
D’ailleurs, les parcs urbains sont parfaits pour une mobilité réduite : bancs multiples, fleurs, étangs… Ils me permettaient de m’adonner à ma passion!
Observer, les pieds (et les fesses) dans l’eau
Pas capable de marcher longtemps? Qu’à cela ne tienne!
Mes invertébrés préférés – ceux vivant sous l’eau – peuvent être observés dans un bol d’eau, bien assise. Il ne me suffisait que d’une plage, un filet et un bol blanc, et le tour était joué!
Je me suis adonnée à cette activité en eau salée comme en eau douce, et j’y ai trouvé de vrais trésors! En témoigne cette photo prise par mon conjoint, où j’ai l’air d’un enfant de cinq ans à la plage!
Diaporama 2. Observer des invertébrés aquatiques en eaux salées et en eaux douces. Cliquez sur les flèches pour faire défiler le diaporama.
Randos à petits pas
J’avais l’habitude de faire des randonnées de plusieurs kilomètres en terrain accidenté, particulièrement en vacances (8-10 km et plus). C’est devenu impensable.
Nous avons donc opté pour des promenades courtes, sans dénivelé, avec de nombreuses occasions de s’asseoir.
Comme je l’ai mentionné, les parcs urbains recèlent d’habitats fleuris propices aux insectes et répondaient donc à mes besoins. À Québec, le domaine de Maizerets s’est avéré parfait. Le parc du Bois-de-Coulonge et la Réserve naturelle des marais Léon-Provancher m’étaient également accessibles.
Si vous avez des suggestions de lieux de ce type, je suis tout ouïe! Partagez-moi vos coups de cœur dans les commentaires.
De plus, heureuse coïncidence (nos réservations avaient été faites avant ma blessure), nos vacances se déroulaient dans des parcs fédéraux très accessibles : le parc national de l’Île-du-Prince-Édouard, ainsi que le parc national de Fundy. Ces lieux offraient de nombreux sentiers courts, ainsi que des haltes avec bancs et tables de pique-nique, souvent près de plages. Moins rustiques que nos destinations habituelles en montagne, certes, mais bien plus compatibles avec mon dos. Nous avons pu en profiter.
Sur l’eau sans ramer
Un dos, c’est utile!
En plus de ne pas pouvoir marcher comme avant, je ne pouvais pas ramer. Moi qui adore le canot et le kayak!
Qui plus est, nous avions déjà réservé une longue fin de semaine de canot-camping. Heureusement, nous étions trois et avions prévu un canot et un kayak. La solution? M’installer dans le kayak, muni d’un bon appui pour le dos… et me faire remorquer par mon conjoint et son frère, qui siégeaient dans le canot. Le tout combiné à de multiples arrêts pour me dégourdir le dos (et me mettre les pieds à l’eau!).
J’étais dubitative au départ, mais cette tactique a très bien fonctionné.
Animer, version adaptée
Si vous me suivez sur ma page Facebook, vous savez que je suis impliquée dans plusieurs activités d’animation. Je craignais de devoir tout annuler… mais, encore ici, des adaptations étaient possibles.
Les activités d’observation des invertébrés aquatiques et de pièges lumineux m’ont permis d’être présente, car je n’avais pas besoin de marcher de longues distances. Et avec mon « super tabouret », je pouvais me rasseoir dès que nécessaire.
Galerie 2. Le tabouret: fidèle compagnon de l’animatrice! Cliquez sur les images pour les voir pleine taille.


J’ai même pu, à la mi-octobre, maintenir ma présence au Salon des insectes/Salon de la nature à Montréal. Mon acolyte Martine nous y a conduits, j’avais mon coussin et nous avons fait plusieurs arrêts-étirements. Sur place, nous avions des chaises, me permettant de m’asseoir la majorité du temps. Grâce à ces aménagements, les passants n’ont probablement pas remarqué que j’étais blessée, et j’ai pu les recevoir avec tout mon enthousiasme!
Sur la route, version dos fragile
Qui dit mal de dos, dit inconfort en voiture.
Outre l’équipement mentionné plus haut, j’ai appliqué deux autres stratégies.
Premièrement, sur recommandation de ma physiothérapeute, nous arrêtions toutes les 45 minutes de route environ pour que je me dégourdisse lors de nos plus longues sorties. Nous sortions de la voiture et marchions quelque 5 à 10 minutes chaque fois. Pour joindre l’utile à l’agréable, nous en profitions pour photographier des insectes. Cela m’a permis de photographier plusieurs observations fort sympathiques que je vous partage.
Diaporama 3. Les invertébrés observés lors de nos escales routières. Cliquez sur les flèches pour faire défiler le diaporama.
Notre voyage vers l’Île-du-Prince-Édouard s’en est trouvé rallongé d’environ 50 %. Nous avons donc choisi de faire la route en deux jours plutôt qu’un. Plus long, oui, mais grâce à ces ajustements, j’ai pu profiter de vacances que j’avais sérieusement envisagé d’annuler. Le prix à payer en valait la peine.
Deuxièmement, j’ai mis à profit la fonction de siège chauffant comme compresse chaude pour le bas du dos : un vrai soulagement!
Autre astuce à ce sujet : en camping, j’avais amené des « hot pads ». Glissés dans un bas coincé sous l’élastique de mon pyjama, ils constituaient une compresse chaude parfaite dans mon dos juste avant le dodo.
La conclusion?
Si vous me lisez, c’est peut-être que vous cherchez vous aussi des options.
J’espère que mon expérience pourra vous inspirer et vous rappeler qu’avec quelques ajustements, du soutien et le bon équipement, il est possible de continuer à profiter du plein air… et des insectes!
Ne s’adaptent-ils pas à tout, d’ailleurs? Inspirons-nous d’eux!

























