Gagnante du concours de photo 2015 – Augochlora pura par Julie Cusson

Les jeux sont faits! Vous vous êtes prononcés quant à votre photo « coup de cœur » et c’est le cliché représentant un hyménoptère tout vert et pris par Mme Julie Cusson qui a reçu le plus grand nombre de votes. Félicitations à Mme Cusson et, comme promis, le reste de la présente chronique fera le portrait de l’insecte photographié!

Avant de me lancer, je souhaiterais commencer par remercier tous les participants au concours amical de cette année qui ont soumis de superbes clichés, souvent hauts en couleur! De nombreux lecteurs qui ont voté m’ont d’ailleurs indiqué que le choix s’avérait fort difficile. Bravo pour vos jolis clichés et pour avoir partagé votre passion des insectes et de la photographie!

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Photographie gagnante du concours amical de 2015 – Augochlora pura par Julie Cusson

Parlons maintenant de notre insecte-vedette. Je dois tout d’abord préciser que l’identité de l’insecte – Augochlora pura – a été fournie par la photographe. Comme je l’ai déjà mentionné, je suis une entomologiste amateur qui a tout à apprendre au sujet de nombreux groupes d’insectes. Les hyménoptères en font partie : cet ordre représente un groupe varié et je vous mentirais si je vous disais que je maîtrise l’identification des espèces qui y appartiennent.

Chez les hyménoptères, on retrouve quelques familles qui comprennent des individus de coloration vert ou bleu métallique, dont les Halictidae, les Megachilidae et les Chrysididae. Si je me fie à Borror et White (1970), ainsi qu’à Marshall (2009), l’examen attentif des motifs sur les ailes, ainsi que de leur forme est d’une grande importance dans la distinction de ces familles – ce qu’on ne voit pas toujours bien sur une photo individuelle! Dans notre cas, Augochlora pura est une jolie abeille appartenant à la famille Halictidae.

Ce petit halicte de 8 mm de long est bien réparti dans l’est de l’Amérique du Nord. Habituellement de couleur vert métallique, il peut toutefois prendre des teintes cuivrées, dorées et même bleutées. On peut l’observer butinant sur des fleurs de diverses variétés : amélanchier, hydrangée, asclépiade, rhododendron, aster, mauve (malva), rudbeckies et j’en passe! Il n’est donc pas surprenant de le voir en action sur de jolies fleurs, comme c’est le cas sur notre photo gagnante!

Ce petit pollinisateur vit sous l’écorce des arbres, souvent dans le bois mort ou pourri, ou encore dans des galeries taillées par des insectes xylophages. Une des sources consultées suggère qu’il vivrait aussi sous terre, en particulier lorsque celle-ci n’est pas compactée et permet la libre circulation.

Les femelles A. pura ramènent au nid le pollen qui servira à nourri leurs larves qui se développent dans des cellules habituellement situées tout au bout des galeries. Selon Borror et White (1970), il arrive que plusieurs individus établissent leur nid à proximité les uns des autres de sorte qu’ils utilisent les mêmes galeries pour circuler. Marshall (2009), quant à lui, indique que les halictes de façon générale (pas spécifiquement A. pura) nichent souvent en groupes et peuvent prodiguer des soins à l’ensemble des jeunes, qu’ils soient les leurs ou non. Il n’en demeure pas moins que le mode de vie solitaire semble aussi être fréquent, suggérant une variabilité dans le comportement social de cette famille.

Ces abeilles seraient parmi les premières à être observées au printemps, puisqu’elles seraient plus tolérantes au froid que plusieurs de leurs consœurs. Les premiers individus observés seraient généralement des femelles fécondées qui passent l’hiver à l’abri dans leurs galeries. Les larves survivent également à l’hiver en demeurant sous le bois et elles émergent un peu plus tard pendant la saison estivale.

Pour terminer, vous pourriez être tentés de manipuler ces sympathiques petites abeilles. Vous devrez cependant user de prudence, car il semblerait qu’elles soient en mesure de piquer! Sur ce, bonnes observations et bravo encore à Julie Cusson pour ce cliché coloré!

 

Pour en savoir plus

Avoir une taille d’hyménoptère

L’ordre des hyménoptères constitue un groupe d’insectes à la fois très commun, mais également méconnu. Les hyménoptères sont omniprésents dans nos plates-bandes et nos cours. Ils jouent d’importants rôles dans les écosystèmes terrestres. En revanche, ils sont très nombreux et fort diversifiés. Nous n’en connaissons qu’une infime partie. Il me semble en effet plus facile de se procurer des livres et des guides sur les flamboyants papillons ou coléoptères, alors que les hyménoptères demeurent davantage dans l’ombre.

Bourdon_Pollinisateur
Bourdon se délectant de nectar

La question que certains d’entre vous vous posez est sans doute « qui sont les hyménoptères »? Tout d’abord, sachez que le terme hyménoptère signifie « ailes membraneuses» ou « ailes mariées », selon les sources. Ce nom fait référence au fait que les deux paires d’ailes des hyménoptères sont liées par de petits crochets, en plus d’être membraneuses et faiblement veinées. C’est notamment en observant la présence de ces deux paires d’ailes que l’on peut distinguer les hyménoptères de certaines mouches (diptères) qui prennent plaisir à les imiter (voir cette chronique). Les mouches ne possèdent effectivement qu’une seule paire d’ailes.

Ce n’est toutefois pas par les ailes que l’on reconnaît habituellement la majorité des hyménoptères, mais plus souvent par leur forme. En effet, beaucoup d’hyménoptères (ceux appartenant au sous-ordre Apocrita) ont une fine taille créée par une dépression entre le deuxième et le troisième segment abdominal (le premier étant fusionné au thorax) – d’où l’expression avoir une taille de guêpe. Les familles qui possèdent ces attributs et qui nous sont les plus familières sont les vespidae (guêpes), les formicidae (fourmis), ainsi que les apidae (abeilles et bourdons). Ce groupe inclut aussi les pélécinides (pelecinidae), qui ont fait l’objet d’une précédente chronique, ainsi que moult individus moins connus.

Abeille cotonnière
Abeille cotonnière (Famille : Megachilidae)

Le second sous-ordre (Symphyta) comprend bon nombre d’individus avec lesquels nous sommes généralement moins familiers. Bien qu’ils ne possèdent pas de taille plus fine, ils ressemblent tout de même à de petites abeilles ou guêpes. Les femelles appartenant à ce groupe sont munies d’un ovipositeur dont elles se servent pour pondre leurs œufs dans des plantes et des arbres. Les larves, qui ressemblent à des chenilles, se nourrissent de ces plantes-hôtes. C’est à cause de ce comportement que certaines d’entre elles sont d’ailleurs considérées comme des pestes. Un groupe sans doute connu des jardiniers (je pense à quelques membres de ma famille qui ont notamment des rosiers!) et appartenant au sous-ordre Symphyta est celui des tenthrèdes.

Les espèces comprises dans le sous-ordre Apocrita, quant à elles, présentent une plus grande variété dans leurs comportements et préférences alimentaires : on y retrouve des prédateurs, des parasitoïdes et des pollinisateurs.

Chrysididae
Guêpe-coucou, un petit parasitoïde d’un joli bleu-vert métallique

Plusieurs familles d’Apocrita sont des parasitoïdes externes ou internes d’autres invertébrés. Les pélécinides en sont un bon exemple. Les femelles parviennent à atteindre les larves de hanneton, enfouies sous la terre, à l’aide de leur long ovipositeur pour y pondre leurs œufs. Les larves de pélécinides qui s’y développent se nourrissent de la chair des larves de hannetons. Les ichneumonidés, une autre famille qui a adopté cette stratégie, sont également très impressionnants (voir cette photo en exemple). Ils sont munis d’un très long ovipositeur servant à percer l’écorce des arbres afin de rejoindre les larves de divers insectes, incluant celles d’hyménoptères du sous-ordre Symphyta.

Plusieurs espèces de guêpes et de fourmis sont des prédateurs. Certaines guêpes, par exemple, rapportent au nid des insectes variés et servent une recette d’insectes prémâchés à leurs larves. Ces guêpes et fourmis peuvent parfois compléter leur régime avec du pollen ou encore avec du miellat, une substance collante et sucrée produite par les pucerons. J’avais déjà parlé plus en détail de l’association entre des fourmis et des pucerons (à cause du miellat) dans cette précédente chronique. Certaines fourmis ont aussi développé l’art de cultiver des champignons, quoiqu’on ne les retrouverait pas tout à fait jusqu’ici (la littérature parle d’une limite nordique dans les environs de New York).

Dolichovespula maculata
Guêpe à taches blanches, un hyménoptère prédateur bien répandu
Fourmi 2
Fourmi noire

Les abeilles et les bourdons, quant à eux, se nourrissent de pollen. Ce sont des pollinisateurs par excellence et c’est pourquoi ils jouent un rôle très important dans les écosystèmes terrestres. Sans eux, beaucoup de fruits, de légumes et de céréales que nous mangeons ne seraient tout simplement pas (ou beaucoup moins) fertilisés.

L’ordre des hyménoptères comprend plusieurs insectes sociaux, qui vivent en colonies complexes. C’est le cas de plusieurs espèces de guêpes, d’abeilles, de bourdons et de fourmis. Ces sociétés invertébrées sont matriarcales. La reine fonde la colonie : elle donne naissance à des femelles stériles dont les rôles peuvent varier. Bon nombre sont des ouvrières qui se chargent notamment de prendre soin des rejetons, de trouver de la nourriture et de faire l’entretien de la colonie. Chez certaines espèces, l’on retrouve également des soldats dont le rôle est de défendre la colonie.

En somme, l’ordre des hyménoptères est très diversifié et je dois bien humblement avouer que j’en connais moi-même très peu à leur sujet. Les lectures que j’ai effectuées afin de préparer la présente chronique m’ont convaincue que j’avais encore beaucoup de choses à vous raconter. Je compte donc bel et bien vous faire le portrait de certains individus au fur et à mesure que je les rencontrerai! On se dit donc « à suivre »!

 

Pour en savoir plus

  • Borror, D.J. et R.E. White. 1970. Peterson Field Guides – Insects. 404 p.
  • Dubuc, Y. 2007. Les insectes du Québec. 456 p.
  • Evans, A.V. 2008. Field guide to insects and spiders of North America. 497 p.
  • McGavin, G. 2000. Insectes – Araignées et autres arthropodes terrestres. 255p.
  • Marshall, S.A. 2009. Insects. Their natural history and diversity. 732 p.
  • Wikipédia. Hymenoptera. http://fr.wikipedia.org/wiki/Hymenoptera

Des insectes propres propres

Parmi les tâches quotidiennes que nous exécutons, quoi de plus coutumier que de se laver? Plus ou moins chaque jour (selon nos critères de propreté!), nous prenons douches et bains, dans l’objectif louable de désincruster notre peau et nos cheveux des impuretés qu’ils ont recueillies pendant la journée. De façon similaire, nous voyons souvent nos chats, chiens ou oiseaux domestiques prendre le temps de se nettoyer.

Les insectes ne sont pas en reste! Eux aussi accordent beaucoup d’importance à leur hygiène corporelle. Le fait de se laver leur apporte en effet plusieurs bienfaits.

Mouche lave
Les mouches passent beaucoup de temps à se laver – Celle-ci se frotte les pattes l’une contre l’autre
Coccinelle asiatique lave
Coccinelle asiatique qui se lisse les antennes

Tout d’abord, les insectes sont munis d’organes sensoriels délicats qui, s’ils sont sales, n’opèrent pas convenablement. À titre d’exemple, leurs antennes peuvent servir à de multiples fins (odorat, goût, texture, température, etc.) et doivent par conséquent être dépourvues d’impuretés. Sans un nettoyage régulier des antennes, il devient difficile pour les insectes de trouver leur nourriture, éviter les prédateurs ou encore trouver un partenaire. De même, le nettoyage permet aux insectes volants de lisser leurs écailles de sorte à diminuer la friction lorsqu’ils sont en vol.

Le nettoyage quotidien permet aussi de se débarrasser des organismes pathogènes et des parasites qui pourraient autrement devenir trop abondants et altérer la qualité de vie de l’insecte qui en est porteur. De plus, certains insectes profitent des séances de nettoyage pour se badigeonner le corps de sécrétions corporelles. Ces dernières sont souvent utiles pour s’identifier entre espèces et dénicher un partenaire intéressant.

Fait étonnant, une des sources que j’ai consultées suggère que, tout comme chez plusieurs mammifères et oiseaux, le comportement conduisant les insectes à se « nettoyer » peut être induit par le stress. Qui aurait cru qu’un insecte stressé puisse développer la manie de se laver?

Les tactiques de nettoyage sont nombreuses et variées. Afin d’atteindre les différentes parties de leur corps, les insectes se frottent avec leurs pattes, se grattent ou se lèchent avec leurs pièces buccales, s’étirent et se secouent les ailes et « gigotent » dans tous les sens. Certains insectes pratiquent également le « nettoyage communautaire ». Par exemple, les abeilles et les termites se servent de leurs pièces buccales afin d’enlever tout débris ou parasite du corps de leurs consœurs. Chez les fourmis, une étude récente a permis d’observer que la fourmi noire des jardins nettoie ses larves afin de les débarrasser de spores nocives pour la communauté. Elle prélève ces spores avec sa bouche, puis les recrache ensuite plus loin sous forme de boulettes.

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Cette scuddérie utilise sa bouche pour se nettoyer les pattes

Quoi de mieux pour illustrer certaines tactiques utilisées par les insectes que des vidéos que j’ai prises l’été dernier? Une image vaut mille mots, dit-on! Ces vidéos, que vous pourrez visionner ci-dessous, présentent en un premier temps une cicindèle à six points. J’avais rescapé cette dernière de ma piscine. On la voit se frotter frénétiquement les pattes et les ailes. La seconde vidéo présente un autre insecte que j’avais également retrouvé dans ma piscine. Il s’agit d’un petit hyménoptère bleu que je n’ai malheureusement pas encore identifié. Il utilise notamment ses pattes afin de lisser et de nettoyer ses antennes. Pour terminer, on voit un syrphe (mouche à fleurs) qui se nettoie les yeux à l’aide de ses pattes, pour ensuite les ramener vers ses pièces buccales.

Voilà ce qui vous prouvera que les insectes, quoiqu’on en pense, accordent beaucoup d’importance à la propreté! Selon une de mes sources, ils seraient même pires que des adolescents imbus d’eux-mêmes, tellement ils passent de temps à se nettoyer!

Bon visionnement!

 

1 – Vidéo de la cicindèle à six points

 

2- Vidéo de l’hyménoptère bleu

 

3- Vidéo du syrphe

 

Pour en savoir plus

La fête des amoureux, même chez les invertébrés!

Les oiseaux le font, les abeilles le font…Vous avez sans doute déjà entendu cette expression qui sert de préambule pour expliquer aux enfants « d’où viennent les bébés ». Bien que de nombreux invertébrés « le fassent » de façon traditionnelle, d’autres ont opté pour des stratégies quelque peu moins orthodoxes!

En cette semaine de la Saint-Valentin, j’ai donc pensé bon vous parler de différentes stratégies de reproduction chez les invertébrés.

Syrphes accouplement
Syrphes (diptères) s’accouplant

Comme je vous l’ai mentionné d’entrée de jeu, beaucoup d’invertébrés ont recours à la reproduction sexuée. L’avantage de cette forme de reproduction est qu’elle favorise un patrimoine génétique plus varié et, par conséquent, l’évolution des espèces par la sélection des individus les mieux adaptés.

Qui dit reproduction sexuée dit toutefois nécessité de trouver un partenaire. Afin d’attirer le sexe opposé, les invertébrés déploient donc une myriade de stratégies. Aucun sens n’est laissé pour compte : ouïe, goût, odorat, vue, toucher, toutes les techniques sont bonnes!

Ainsi, plusieurs orthoptères (grillons, scuddéries) sont des virtuoses de la chanson. Les stridulations des mâles attirent les femelles, qui choisissent leur chanteur préféré! De même, les « mouches à feu » maîtrisent à merveille la production de lumière. Le but est le même : se faire remarquer par un partenaire potentiel!

Une autre façon de se faire remarquer est par l’odorat. Plusieurs insectes, dont les papillons de nuit, produisent des phéromones. Elles permettent aux mâles et aux femelles de se repérer, malgré les grandes distances qui peuvent parfois les séparer. Et que dire du goût? Tout comme les humains qui invitent leur douce moitié pour un souper gastronomique au restaurant ou encore qui leur achètent des chocolats, certains invertébrés mâles offrent un repas à leur partenaire. C’est le cas par exemple des Empididés mâles (famille des Empididae), une sorte de mouche, qui offrent des insectes morts à leur petite amie comme amuse-gueule avant la copulation. Aussi, les mâles scuddéries (sauterelles) produisent une sécrétion gélatineuse comestible nommée spermatophylax destinée à leur compagne. Les femelles en raffolent! En fait, ils enrobent leur sperme de cette sécrétion, puis attachent le tout à l’abdomen de la femelle, à proximité de ses organes génitaux (voir cette photo). À ce qu’il paraît, ce « cadeau » aurait pour effet de détourner l’attention de la femelle du sperme tel quel, de sorte à garantir la fécondation! Rusé, le Monsieur!

Odonates tandem
Libellules en tandem

Côté toucher, certains papillons s’adonneraient notamment à des « attouchements antennaires » afin de se stimuler. Chez les odonates (libellules et demoiselles), les mâles retiennent carrément les femelles en captivité! Ils resserrent leur appendice terminal, situé tout au bout de leur abdomen, autour du cou de la femelle, qui n’a d’autre choix que de les suivre. Le mâle s’assure ainsi que la femelle ne copule pas avec d’autres rivaux. Les deux individus se retrouvent donc physiquement liés jusqu’à ce que l’accouplement ait eu lieu.

La reproduction sexuée ne compte pas que des avantages. Chez certaines espèces, être un mâle et vouloir se reproduire peut s’avérer tout un défi… dans le cadre duquel le conquérant prend le risque de sa vie. C’est le cas notamment des mantes religieuses et des veuves noires. Dans les deux cas – et ce n’est pas un mythe – il arrive que le mâle serve de dîner à la femelle, qu’il ait eu le temps de copuler avec elle ou non! Si « Madame » est dispose, le mâle peut s’en sortir indemne. Autrement, il deviendra une source de protéine supplémentaire pour la femelle et ses œufs à venir!

En revanche, certaines femelles invertébrés ont décidé qu’elles pouvaient se passer complètement des mâles. C’est ce qu’on appelle la reproduction asexuée. La forme la plus connue est la parthénogenèse. J’ai déjà parlé de ce type de reproduction dans une précédente chronique sur les pucerons. La parthénogenèse correspond au développement d’un ovule non fécondé et elle consiste essentiellement à produire des « clones ». Dans le cas des pucerons, la femelle peut donc produire une vaste quantité de filles identiques, sans aucune intervention d’un mâle. Chez les abeilles, la reine peut produire des rejetons par parthénogenèse ou non. Si elle produit des œufs fécondés par un mâle, ceux-ci donneront des femelles ouvrières ou d’autres reines. Toutefois, la reine peut choisir de pondre des œufs non fécondés. Ceux-ci donneront des mâles! Ainsi, selon les besoins de la ruche, la reine peut « choisir » son mode de reproduction!

La reproduction asexuée semble être facultative dans bien des cas. Son avantage est de permettre à l’espèce de survivre et de se reproduire dans les moments plus difficiles, où les mâles, par exemple, sont peu abondants.

Asilides
Asilides (diptères) en train de copuler

Pour terminer, certains invertébrés ont trouvé une solution pour contourner de potentielles pénuries en mâles ou en femelles: ils sont hermaphrodites! C’est le cas d’invertébrés comme les escargots, les limaces, les sangsues et les vers de terre. Lors d’une rencontre romantique entre deux individus de ces espèces, l’un des deux partenaires joue le rôle du mâle, alors que le second joue le rôle de la femelle. Parfois, ils jouent les deux rôles en même temps! Ainsi, une rencontre entre deux individus peut toujours aboutir à une fécondation!

Comme vous pouvez le constater, les invertébrés ont développé de multiples stratégies pour assurer la survie de leur espèce. Il  n’en demeure pas moins que, dans la majorité des cas, la reproduction doit être issue d’une « rencontre romantique » entre deux individus, tout comme pour nous, les humains. Par conséquent, pour mes amis invertébrés, ainsi que pour vous tous, chers lecteurs, je vous souhaite une très belle Saint-Valentin!

 

Pour en savoir plus

Ça pique ou ça mord?

Si vous êtes amateur de films de science fiction, vous avez sûrement vu la trilogie du Seigneur des anneaux. Vous rappelez-vous quand Frodon lutte contre une immense araignée et que cette dernière le pique à l’aide d’un appendice venimeux situé à l’extrémité de son abdomen, le paralysant? Peut-être était-ce voulu pour mousser l’action, mais il y a une erreur dans ce portrait : les araignées ne piquent pas, elles mordent!

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Les araignées possèdent des crocs

Dépendamment du type d’invertébré concerné, celui-ci aura le potentiel de piquer ou de mordre – bien que certains soient tout simplement inoffensifs! Dans la présente chronique, je vais tenter de vous démystifier les différents types de morsures et de piqûres, question également de vous aider à savoir comment manipuler les invertébrés sans vous faire pincer!

Commençons par les piqûres réalisées à l’aide de dards. Les membres de l’ordre des hyménoptères (guêpes, abeilles, bourdons) vous viennent sans doute déjà à l’esprit. En fait, les dards ne sont pas que l’apanage des hyménoptères, bien que ces derniers remportent la palme. Outre ceux-ci, seuls quelques autres organismes possèderaient des dards : scorpions, raies à aiguillon et ornithorynques. Selon le Petit Robert, un dard, c’est un organe pointu et creux qui sert à inoculer un venin. Ce n’est donc pas surprenant que la douleur soit aigüe et persistante.

Fait étonnant, il existe une échelle mesurant la pénibilité des piqûres d’insectes! C’est Justin O. Schmidt, un entomologiste américain qui a eu la joyeuse idée de se faire piquer par de nombreuses espèces d’hyménoptères, qui est à l’origine de cette échelle (que vous pouvez visionner ici).

Pour m’être faite piquer par une abeille, je peux vous confirmer que je n’ai absolument aucune envie de recommencer! Dans mon cas, j’avais eu l’infortune de mettre le pied à côté d’un nid, alors que je me déplaçais à pied le long d’une rivière que j’échantillonnais.

Côté manipulation, la meilleure façon d’éviter la piqûre d’un hyménoptère, c’est naturellement de le laisser tranquille. Cependant, il m’arrive à l’occasion d’en extirper de ma piscine, alors qu’ils se noient. Habituellement, je me sers d’un bout de bois ou d’une feuille pour ne pas les toucher directement. Il m’arrive cependant d’attraper les plus petits spécimens en les faisant monter sur mon ongle de pouce (s’ils décident de piquer, c’est moins risqué)!

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Les hyménoptères, comme ce bourdon, possèdent des dards

La deuxième catégorie porte sur les « piqûres » effectuées à l’aide de rostres. On pourrait parler également de morsure – ce qui me semble d’ailleurs plus juste, car les rostres sont les pièces buccales de certains insectes. On retrouve dans cette catégorie les hémiptères, dont la punaise d’eau géante (Famille : Belostomatidae). Cette dernière a le potentiel d’infliger une morsure fort désagréable qui, semble-t-il, excéderait le dernier niveau de l’échelle de pénibilité de M. Schmidt. Toutefois, comme le rostre est situé à l’avant et que le corps est rigide (ne plie pas comme le corps d’une abeille, par exemple), la punaise d’eau géante peut être manipulée de sorte à éviter la pénible morsure. Vous pouvez d’ailleurs visionner ce film sur YouTube, dans lequel une punaise d’eau géante est manipulée (voir vers 4 minutes 25 secondes).

Un autre insecte que vous connaissez bien et qui est muni d’un rostre – bien qu’il ne fasse pas partie des hémiptères – est le maringouin (Famille: Culicidae). C’est la femelle qui est responsable des redoutables morsures. Bien que nous n’apprécions guère cette attention que nous portent les maringouins, la cause est noble : le sang procure aux œufs portés par les femelles les protéines nécessaires pour se développer! C’est ainsi que ces dernières assurent un futur à leurs rejetons!

Troisièmement, on retrouve les morsures réalisées à l’aide de crocs ou de mandibules. Ceci nous ramène à l’exemple de l’araignée dont je parlais en début de chronique. Les araignées sont dotées de deux crocs dont elles se servent pour mordre leurs proies et y injecter leur venin. On les perçoit bien sur cette illustration. Il n’y a pas vraiment de façon que je connaisse pour manipuler une araignée manuellement (sans outils) de sorte à éviter ses crocs. Or, jusqu’à maintenant, je n’ai pas été mordue par les araignées que j’ai manipulées. Si elles ne se sentent pas menacées, les chances qu’elles mordent sont faibles. De toute façon, la plupart des gens ne font pas particulièrement de détour pour prendre des araignées dans leurs mains!

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Les hémiptères, comme cette punaise assassine, peuvent se servir de leur rostre pour nous piquer

Certains insectes, dont quelques espèces présentées dans de précédentes chroniques (cicindèles et corydales, par exemple), sont munis de larges et puissantes mandibules qui peuvent causer de sérieux dommages – en particulier si on est un autre insecte! Bien sûr, ces mandibules peuvent aussi servir à mordre des doigts inquisiteurs, d’où l’intérêt de manipuler les organismes qui les arborent avec prudence! Encore une fois, si les insectes ne se sentent pas menacés, les probabilités qu’ils mordent sont faibles. Je peux d’ailleurs dire avec confiance que j’ai manipulé plus d’un insecte doté de large mandibules sans subir de fâcheuses conséquences!

En somme, il est facile d’éviter la piqûre ou la morsure de plusieurs invertébrés lorsqu’on prend soin de les manipuler avec prudence. En cas de doute, on porte des gants, on utilise des « outils » (branches, etc.) ou on fait de notre mieux pour les éviter!

 

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