Les hannetons s’invitent au Festival d’été de Québec ?!?

Au Festival d’été de Québec, on s’attend à voir des vedettes de toutes sortes : pop, rock, métal…

Mais qui aurait cru que le show serait volé par des insectes ?

Je n’ai malheureusement pas expérimenté la situation moi-même : c’est une collègue de travail qui m’a relaté les faits. Alors que les premières parties d’un des spectacles donnés sur les Plaines d’Abraham battaient leur plein, d’assez gros scarabées peu habiles firent leur apparition parmi les spectateurs.

Des centaines de hannetons européens étaient écrasés sur les Plaines d’Abraham, au lendemain du spectacle

Voletant par-ci, fonçant dans la figure des gens par-là, ils étaient loin d’être discrets. Ma collègue – qui aime les « bébittes » autant que moi – était fascinée. Ça ne semble cependant pas être le cas de la majorité des spectateurs, vraisemblablement agacés par ces centaines de bêtes qui grimpaient dans leurs cheveux et s’agrippaient à leurs vêtements.

Par chance, ma collègue m’informa dès le lendemain de son observation. En deux temps trois mouvements, je me rendis sur les Plaines d’Abraham pour collecter les restes de ces dérangeantes bestioles. J’en ai d’ailleurs fait une vidéo Facebook Live, disponible sur la Page Facebook DocBébitte.

De quelle espèce s’agissait-il ? Quelques vérifications et questions auprès de collègues entomologistes me permirent de confirmer qu’il s’agissait du hanneton européen (Amphimallon majale). Mais que faisait-il au juste en aussi grand nombre, à la brunante, au beau milieu des Plaines ?

À cet effet, Espace pour la vie indique que les adultes apparaissent en juin et juillet et que, pendant la période de reproduction, on peut les observer en nuées. Marshall (2009) abonde dans le même sens : en période de reproduction, cette espèce forme de bruyants (référant à leur vol) agrégats de milliers d’individus, habituellement actifs au crépuscule.

Ma récolte sur les Plaines

D’ailleurs, suivant l’incident sur les Plaines, je me suis mise à collecter grand nombre de ces coléoptères dans ma piscine, tous les jours qui suivirent. Il semble que ces insectes étaient présents en très grand nombre partout dans la région de la Capitale Nationale.

Qui plus est, j’en observai davantage dans le secteur de Contrecœur la fin de semaine suivante (c’était le congrès de l’Association des Entomologistes Amateurs du Québec). Ils devaient donc être actifs dans plus d’une localité.

Malheureusement, cet arthropode plutôt mignon est une espèce exotique envahissante. Introduit en Amérique du Nord, ce scarabée d’Europe a été remarqué au Québec en 1986. Depuis, il est retrouvé dans différentes municipalités et est visiblement en expansion au Québec, puisque Hardy (2014) le recensait principalement dans la région de Montréal en 2014 et ne le retrouvait pas plus loin, au nord, que Trois-Rivières. En 2022, il était définitivement déjà très abondant dans la région de Québec.

Le hanneton européen est considéré comme une peste. Les larves se nourrissent des racines de plusieurs herbacées, comme le gazon, le trèfle, le blé et le maïs. Elles peuvent donc faire jaunir les pelouses, au grand désespoir de ceux qui mettent temps et argent pour avoir LA pelouse parfaite du voisinage ! À cet effet, si vous cherchez des façons de vous en débarrasser, je vous recommande de jeter un coup d’œil aux sources consultées (section Pour en savoir plus). Plusieurs conseils y sont prodigués.

Un individu rescapé de ma piscine

Les gloutonnes de larves ressemblent à celles du hanneton commun (Phyllophaga anxia) – les fameux vers blancs dont je vous ai déjà parlé. Les adultes ont aussi des airs de famille, bien que le hanneton européen soit plus petit (12 à 15 mm) que le hanneton commun (17 à 23 mm). Globalement, le hanneton européen porte également une robe plus pâle – qualifiée de brun roux pâle dans certaines sources consultées –, mais je me méfie de façon générale lorsque vient le temps d’identifier un insecte par la couleur. Chez plusieurs espèces d’insectes, la couleur est variable et on ne peut uniquement s’y fier. Pour notre hanneton européen, j’ai d’ailleurs noté que les individus collectés sur les Plaines – morts et secs – étaient d’un brun plus foncé que ceux recueillis dans l’écumoire de ma piscine. L’état de la bête pourrait affecter sa coloration, à ce qu’il semble du moins dans le présent cas !

Ces spécimens, retrouvés morts dans ma piscine, ont eu moins de chance

En outre, l’ouvrage de Hardy (2014), Guide d’identification des Scarabées du Québec, me fut très utile pour bien comprendre les critères à observer. Loin de moi est l’idée de vous faire un cours complet d’identification des scarabéidés du Québec. Néanmoins, j’aime toujours vous donner quelques astuces concernant les parties du corps à cibler si vous faites de la photo. Ainsi, pour distinguer entre eux les « hannetons » ou autres coléoptères apparentés de la tribu Melolonthini, il importe de porter une attention aux antennes et aux griffes situées au bout des tarses antérieurs.

Tout d’abord, il faut vérifier si la massue antennaire est constituée de 5-7 articles (aussi appelés lamelles) ou de 3 articles.

Vous voyez 5 à 7 articles ? Ce n’est pas notre insecte-vedette !

La massue possède 3 articles ? Il faut regarder en un deuxième temps si les deux griffes des tarses antérieurs sont simples ou si elles sont munies d’une dent bien évidente vers le centre de la griffe. Si la griffe est simple, il s’agit du genre Amphimallon… et comme une seule espèce de ce genre est présente au Québec en ce moment, il s’agit nécessairement du hanneton européen ! Petit bonus : le pronotum (partie située sous la tête) et les élytres sont toujours pubescents chez le hanneton européen. Ils peuvent l’être ou non chez les autres genres. Bref, notre hanneton européen s’avère être une belle petite bête poilue !

Je souligne dans la seconde étape des instructions ci-dessus que la dent sur les griffes est évidente lorsque ce n’est pas le genre Amphimallon. C’est que, lors de mes vérifications sous la loupe de mon appareil binoculaire, je réalisai que ladite griffe « simple » d’Amphimallon comportait en fait une dent plus petite, près du début du tarse. Cela me déconcerta pendant un certain temps et je dus faire davantage de recherches et de vérifications pour m’assurer que j’avais bien un hanneton européen devant moi. Vous en serez donc avertis !

Cela étant dit, il faut noter que mes recherches m’ont permis de voir qu’il y a une autre espèce d’Amphimallon qui est aux portes du Québec. Sur iNaturalist, on observe en effet l’espèce A. solstitiale dans les provinces canadiennes et états américains qui entourent notre belle province. C’est probablement une question de temps avant que certains spécimens ne soient retrouvés à nos latitudes.

Nous connaissons maintenant l’identité de l’insecte qui a chatouillé plusieurs spectateurs lors du Festival d’été de Québec 2022. Sera-t-il de la partie l’an prochain ? Place au tout nouveau boys band, les Hannetons Amphimallon !

Pour en savoir plus

La vie de mon jardin – Partie 2 : les ennemis

Hanneton adulte
Sympathique coléoptère… mais la larve est sans pitié pour nos pelouses!

Hanneton larve stigmates
Larve de hanneton – le fameux « Ver blanc »

Scarabée japonais
Scarabée japonais à l’œuvre dans un framboisier

Vous venez de nettoyer vos plates-bandes ou encore vous vous apprêtez à faire votre jardin, comme à chaque année? Et bien, sachez qu’il y a une foule d’invertébrés qui ont aussi hâte que vous d’avoir à portée de pattes une belle gamme de fleurs, de plantes ornementales et de légumes frais!

Heureusement, vous avez des alliés pour vous aider à réguler les populations d’invertébrés affamés, ce dont j’ai parlé dans la dernière chronique… Néanmoins, les invertébrés phytophages usent de toutes sortes de tactiques pour pouvoir mettre la dent sur une belle pièce de laitue et sont par conséquent nettement moins appréciés des jardiniers! Dans le cadre de la rédaction de la présente chronique, je me suis inspirée du livre « Solutions écologiques en horticulture » pour identifier quelques ravageurs dont je voulais vous brosser un portrait plus détaillé. J’avais certes déjà quelques idées en tête, mais je n’avais pas réalisé à quel point il y a une multitude d’invertébrés susceptibles de croquer nos belles plantes. Notez donc que les quelques cas cités ci-dessous sont loin d’être exhaustifs et que je vous recommande, comme la semaine dernière, de vous référer aux sources citées à la section « Pour en savoir plus » si vous voulez davantage d’information.

Ce printemps, comme chaque année, j’ai trouvé bon nombre de hannetons adultes cachés sous la litière de feuilles. Bien qu’il s’agisse de gros coléoptères fort sympathiques en apparence, leurs larves sont à l’origine d’importants dommages. Vous connaissez probablement déjà ces dernières, que l’on appelle communément « vers blancs ». Ces larves qui vivent sous terre tendent à ronger les racines des plantes et, en particulier, de la pelouse. Cette dernière finit par dépérir et jaunir, au grand dam de tous ceux qui désirent préserver une pelouse verte et parfaite. Le hanneton n’est pas le seul scarabée retrouvé au Québec qui fasse l’objet de haine de la part des jardiniers! Plus dommageable encore est le scarabée japonais, une espèce exotique envahissante que l’on peut retrouver en très grand nombre dans le sud du Québec. Les larves se nourrissent des racines de graminées, de plantes potagères et de légumineuses, alors que les adultes transforment en gruyère suisse les feuilles de plusieurs herbacées, arbres et arbustes dont les framboisiers sur lesquels ils sont souvent aperçus. Une façon écologique de combattre ces deux coléoptères est l’utilisation de nématodes dits entomopathogènes qui contrôlent les populations de larves. Je relate également d’autres trucs dans deux précédentes chroniques sur les hannetons et les scarabées japonais, respectivement.

Criocère du lis
Beau coléoptère d’un rouge vif… mais mauvais pour les lis!

Piéride du chou_Chenille
Chenille de la piéride du chou

Piéride du chou_Adulte
Adulte de la piéride du chou

Plusieurs autres coléoptères s’attaquent à nos végétaux et se nourrissent en particulier des parties aériennes. Par exemple, le criocère du lis constitue un très joli coléoptère rouge et noir qui, comme son nom l’indique, effectue une grande portion de son cycle de vie sur les lis. À la fois les larves et les adultes se nourrissent des feuilles, des fleurs et des graines des lis et autres plantes de cette famille. Les larves optent pour une stratégie intrigante servant à se protéger des prédateurs : elles forment, tout autour de leur corps, un abri de mucus et d’excréments qu’elles traînent en permanence, peu importe où elles se rendent. Cet abri, d’une couleur plutôt noirâtre, est assez facile à détecter sur ou sous les feuilles des lis. À l’intérieur se cache une larve de couleur orangée (voir cette photo tirée de Bug Guide). Le contrôle de ces ravageurs s’effectue en collectant les insectes à la main et en vaporisant les plants touchés (et les larves en particulier) avec une préparation de pyréthrine. Le plus facile demeure d’éviter de planter des lis en grande quantité et de se tourner vers d’autres plantes semblables qui ne sont pas attaquées. Je pense aux hémérocalles qui sont d’ailleurs très jolies et nécessitent peu – voire pas du tout – d’entretien. Hodgson (2006), quant à lui, propose une solution assez radicale dans Les 1500 trucs du jardinier paresseux que je cite : « Un seul traitement logique : arrachez vos lis! ».

L’ordre des lépidoptères est un autre groupe d’insectes qui comprend de nombreux individus susceptibles de s’en prendre à nos plantes bien-aimées. Les chenilles sont de vraies gloutonnes et peuvent engloutir une biomasse de végétaux impressionnante. Leur seul objectif : croître le plus vite possible… et donc manger le plus possible! Saviez-vous à cet effet que certaines espèces de chenilles peuvent multiplier leur taille jusqu’à 3000 fois en quelques semaines? La piéride du chou est sans contredit un des papillons les plus communs. Petite, je voyais souvent voleter dans la cour familiale ce joli papillon blanc ou légèrement jaunâtre, ponctué de quelques taches ou zones noires. D’ailleurs, en écrivant la présente chronique confortablement assise à l’extérieur en cette fin du mois de mai, je ne cesse de voir passer des membres de cette espèce. Les plantes hôtes de la piéride du chou incluent une vaste gamme de plantes alimentaires, ornementales, naturalisées ou indigènes de la famille des crucifères. Cela inclut par exemple le chou, le navet et le brocoli. Les chenilles de couleur verte se fondent à merveille aux plants favoris… Parlez-en à mon père qui a fait une aversion au brocoli après avoir réalisé que les pousses fraîchement cueillies du jardin qu’il mangeait étaient truffées de ces petites chenilles (après en avoir mangé, bien sûr)! Une bonne source de protéine, quoi!

D’autres chenilles, plus grosses et flamboyantes, risquent moins de se faire croquer en même temps que les plants cultivés. Elles font tout de même des dommages et ne sont pas toujours appréciées des jardiniers. C’est le cas de la chenille du papillon du céleri (Papilio polyxenes) dont un joli spécimen a été pris en photo l’été dernier par ma tante – qui a tout un jardin dans sa cour, il faut le dire! Ce lépidoptère a notamment un faible pour le céleri, les carottes et le fenouil. Attention à votre jardin! Heureusement, vous pouvez compter sur plusieurs prédateurs invertébrés (comme mentionné la semaine passée), mais aussi vertébrés pour vous aider à réguler les populations de chenilles de vos plates-bandes. Entre autres, les oiseaux et les crapauds vont se faire un grand plaisir à dévorer une grosse chenille bien juteuse. N’hésitez pas à les attirer!

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Cette jolie chenille du papillon du céleri fait des ravages dans les potagers!

Pucerons fourmis 2
Grégaires, les pucerons s’attaquent en masse à nos végétaux

Escargot proche
Sympathiques escargots… mais qui trouent nos salades!

Autre insecte phytophage qui ne nécessite pas de présentation : les pucerons! Ces tout petits hémiptères sucent la sève de divers végétaux à l’aide de leur rostre et, par le même fait, conduisent à leur dépérissement. Lorsqu’ils trouvent un plant digne d’un dîner, les pucerons s’agglomèrent par centaines pour partager le goûter, ce qui est d’autant plus nuisible à la plante en question. Il arrive que ces colonies soient protégées par des fourmis qui sont attirées par le miellat, un liquide sucré sécrété par les pucerons (voir cet article). Encore une fois, il n’est pas facile de se débarrasser de ces insectes lorsqu’ils s’attaquent à nos végétaux en aussi grand nombre, mais vous pouvez trouver plusieurs conseils dans les livres d’horticulture ou sur Internet en matière de contrôle. En outre, des concoctions à base de savons doux ou de vinaigre semblent être des solutions couramment suggérées. Par ailleurs, plusieurs prédateurs vous aideront dans le contrôle des pucerons, notamment les larves et les adultes coccinelles.

Finalement, les limaces et les escargots, bien qu’ayant l’air lents et inoffensifs, peuvent également faire des ravages dans vos plates-bandes! Ce sont des brouteurs par excellence qui chiquent sans problème les jolies feuilles de nos plantes ornementales. Je mentionnais dans cette précédente chronique que j’en retrouve passablement sur mes hostas, mais aussi dans mon compost (les limaces en particulier). Dans mon cas, j’ai beaucoup d’hostas et d’herbacées variées dans mes plates-bandes, ce qui dilue l’effet des escargots et des limaces. Les « trous », bien qu’assez nombreux, sont répartis entre bon nombre de spécimens. Fait intéressant, Hodgson (2006) indique que les escargots retrouvés à nos latitudes seraient davantage bénéfiques que nuisibles. Ces derniers préféreraient en effet les végétaux jaunis ou en décomposition plutôt que le feuillage vert. Néanmoins, si les escargots et les limaces demeurent un problème dans votre cour, sachez que plusieurs prédateurs vous aideront à contrôler leurs populations : carabes, oiseaux, crapauds, couleuvres et j’en passe! De plus, Smeesters et al. (2005) suggèrent notamment de mettre du paillis dans vos plates-bandes et d’y installer quelques roches plus grosses. Le paillis ralentira, voire découragera, la progression des escargots et des limaces. Les individus qui préfèrent la matière en décomposition risquent même de s’arrêter au paillis pour s’y nourrir et ne s’attaqueront pas aux plantes saines. Enfin, les roches offriront une bonne cachette aux prédateurs qui se chargeront du reste du travail.

Bien sûr, je n’ai brossé qu’un portrait très succinct de la vaste diversité d’invertébrés prêts à dévorer vos plantes et vos salades… Ils sont très nombreux à attendre avec hâte que vous fassiez votre jardin! Profitez de leur retour pour les photographier et apprendre à les identifier afin de distinguer les invertébrés bénéfiques de ceux qui posent une réelle menace. Au plaisir de faire la découverte d’autres ennemis ou alliés du jardinier au cours de cette nouvelle saison qui s’amorce enfin!

 

Pour en savoir plus

  • Brisson, J.D. et al. 1992. Les insectes prédateurs : des alliés dans nos jardins. Fleurs Plantes et Jardins : Collection no. 1. 44 p.
  • Bug Guide. Species Lilioceris lilii – Lily Leaf Beetle. http://bugguide.net/node/view/20177
  • DocBébitte. Avoir une faim de… chenille! http://www.docbebitte.com/2013/02/18/avoir-une-faim-de-chenille/
  • Dubuc, Y. 2007. Les insectes du Québec. 456 p.
  • Hardy, M. 2014. Guide d’identification des Scarabées du Québec (Coleoptera: Scarabaeoidae). Entomofaune du Québec (EQ) inc., Saguenay. 166 pages.
  • Hodgson, L. 2006. Les 1 500 trucs du jardinier paresseux. 704 p.
  • Leboeuf, M. et S. Le Tirant. 2012. Papillons et chenilles du Québec et des Maritimes. 391 p.
  • Marshall, S.A. 2009. Insects. Their natural history and diversity. 732 p.
  • Smeesters, E. et al. 2005. Solutions écologiques en horticulture. 198 p.

Cette chose pique-t-elle?

Avez-vous déjà vu un pélécinide? Si tel est le cas, vous risquez encore de vous en souvenir.

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Femelle pélécinide

En effet, les femelles pélécinides – qui appartiennent à l’ordre des hyménoptères (abeilles, guêpes et fourmis) – sont munies d’un très, très long appendice en guise d’abdomen. S’en servent-elles pour piquer? Heureusement, non! Nous n’avons rien à craindre, sauf si nous sommes une larve de hanneton (c’est-à-dire un ver blanc).

L’appendice en question est un ovipositeur. La femelle s’en sert pour atteindre les larves de hanneton, enfouies sous la terre, et y pondre ses œufs. Les larves de hanneton causent des dommages aux pelouses. Par ce fait, les pélécinides, malgré leur apparence menaçante, s’avèrent être des insectes bénéfiques pour l’humain. Il s’agit de bons amis du jardinier!

En particulier, la femelle localise les larves de hanneton à l’aide de son ovipositeur. Une fois qu’elle a trouvé une larve, elle y pond un œuf. Lorsque l’œuf éclot, la larve de pélécinide commence à se nourrir des tissus internes de la larve de hanneton. Bien sûr, cette dernière ne survit pas à l’assaut. Une fois à terme, la larve de pélécinide finit sa métamorphose pour sortir de sa cachette sous la forme d’un adulte ailé.

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Femelle pélécinide

Bien que les larves soient des parasites, les adultes, eux, se nourrissent principalement de nectar. Ces derniers me semblent plutôt élusifs. Je n’ai pas souvent eu la chance d’en observer. D’ailleurs, mon enthousiasme de pouvoir en photographier un cet été a fait l’objet de quelques taquineries de la part de mes proches. Voyant un pélécinide bien perché sur une branche dans ma cour, je me précipitai dans la maison pour saisir ma caméra. En entrant, en trombe, j’ai mentionné vivement le fruit de mon excitation… pour ressortir aussitôt dehors, afin de prendre la bête d’assaut (en termes de prise de clichés, bien sûr!). Un peu plus tard, j’ai pu lire sur Facebook, la phrase suivante écrite par mon conjoint : « Ma blonde entre dans la maison en courant en s’exprimant: il y a un télécénide (orthographe approximative). Elle va chercher sa caméra »… le tout suivi d’exclamations variées de la part de ses lecteurs. Bref, je suis toujours à l’affût de bestioles susceptibles de faire de jolis clichés et je ne m’en cache pas!

Selon les sources consultées, les mâles sont encore plus rares que les femelles. Ils ne possèdent pas de long ovipositeur et sont de taille plus modeste. Leur abdomen serait le tiers de celui de la femelle. De plus, ils sont suffisamment rares que les femelles se reproduiraient fréquemment par parthénogenèse. C’est-à-dire qu’elles n’ont pas besoin d’être fécondées par un mâle pour produire des rejetons. Pratique en cas de pénurie, n’est-ce pas?

Pélécinide et main
Pélécinide qui a grimpé sur ma main après l’avoir sauvé de la noyade

Cela dit, j’avais déjà rescapé une femelle pélécinide de la noyade dans ma piscine il y a quelques années. L’insecte avait rampé jusqu’à mon doigt (photo à l’appui!) et, à cette époque, je n’avais pas été très brave. Je m’étais dépêchée pour trouver une feuille sur laquelle la déposer. Il ne s’était rien passé, mais je ne faisais pas trop confiance à ce long appendice! Fait intéressant, deux des sources que j’ai consultées mentionnent que les femelles pélécinides peuvent faire mine de vouloir vous piquer avec leur ovipositeur si elles sont perturbées. Bien qu’elles ne puissent causer aucun dommage, je dois avouer qu’il s’agit d’une bonne technique pour se faire ficher la paix!

 

Pour en savoir plus

 

Manger la pelouse par les racines : les fameux vers blancs

Avec la saison estivale qui est de retour, nous sommes nombreux à jouer dans la terre, creusant par-ci, creusant par-là, afin de se concocter un magnifique potager ou encore de jolies plates-bandes fleuries.

Hanneton larve
Larve de hanneton (surnommé « ver blanc »)

C’est en creusant ces trous que nous tombons souvent sur un insecte qui ne fait pas le plus grand plaisir des jardiniers : le ver blanc. Mais détrompez-vous! Il ne s’agit pas d’un ver proprement dit (qui réfère en fait à un groupe d’invertébrés qui ne possèdent pas de pattes), mais plutôt d’une larve de coléoptère, le hanneton.

Plusieurs connaissent bien l’adulte, appelé communément « barbeau ». Il s’agit d’un coléoptère de bonne taille et de couleur brune plus ou moins foncée selon l’espèce. L’adulte pond ses œufs dans la terre, au sol. Les larves vont passer une année complète dans le sol, à se nourrir notamment des racines de gazon ou de jeunes végétaux récemment plantés. Les dommages sur la pelouse peuvent être assez importants, se traduisant par des plaques jaunes de gazon qui s’arrachent facilement.

Hanneton adulte
Hanneton adulte

Bien sûr, si vous souhaitez avoir une pelouse parfaite, vous n’aimerez pas ces petits intrus! Il existe plusieurs méthodes de lutte aux vers blancs. Naturellement, je ne vous encourage absolument pas à utiliser des pesticides, puisque ceux-ci peuvent avoir des répercussions indésirables sur d’autres espèces d’invertébrés et d’animaux (incluant des oiseaux et des petits mammifères).

Un premier truc suggéré par le livre Solutions écologiques en horticulture est de garder la pelouse longue et dense afin de limiter les espaces de ponte. Ils ne disent pas comment procéder et, bien sûr, je déconseille d’utiliser des engrais pour enrichir votre pelouse. Pensez plutôt à des solutions écologiques, telles que d’acheter des mélanges de graines pour la pelouse incluant du trèfle. La couverture sera non seulement bonne, mais le trèfle survivra probablement mieux aux attaques des larves de hanneton!

Autre astuce : éteindre les lumières extérieures au moment de la ponte (en juin et juillet). Les hannetons adultes, qui sont actifs la nuit, sont attirés par ces dernières.

De plus, plusieurs prédateurs sont friands de larves de hanneton. Certains, comme les moufettes ou les ratons laveurs, font parfois davantage de dommages en creusant que les hannetons eux-mêmes. Toutefois, vous pouvez attirer des oiseaux qui feront moins de dommages, mais qui seront tout autant intéressés par cette délicieuse collation!

Pélécinide
Pélécinide, un parasite des larves de hanneton

Certains insectes constituent également des parasites des larves de hanneton, comme par exemple les pélécinides. Ce sont des hyménoptères (sortes de guêpes). Les femelles sont munies d’un très long abdomen dont elles se servent pour pondre leurs œufs sur les larves de hanneton enfouies dans le sol. On retrouve aussi des nématodes, qui vont s’attaquer aux larves et les éliminer. Semble-t-il qu’il est possible de s’en procurer (vendus en vrac sous forme de poudre!) dans certains centres de jardinage.

Pour terminer, le meilleur conseil que je puisse vous donner, c’est de mettre votre orgueil de côté et d’accepter d’avoir une pelouse imparfaite, mais écologique et saine!

 

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