En vogue, ce concept est de plus en plus connu et porte sur l’alimentation basée sur les insectes.
Dans cette toute nouvelle capsule vidéo, je vous parle brièvement d’entomophagie, mais surtout d’une expérience que j’ai vécue l’été dernier au congrès annuel de l’Association des entomologistes amateurs du Québec.
Qu’y ai-je fait ? Vous l’avez deviné : j’ai mangé deux espèces de fourmis, vivantes.
Une goûtait la citronnelle (genre Lasius), alors que l’autre goûtait le poivre (probablement le genre Aphaenogaster).
Venez jeter un coup d’œil à la vidéo… et me dire si, vous, vous oseriez !
Bon appétit!
Pour en savoir plus
Insectes Intrinsekt. Protéine durable et engrais organique. https://www.intrinsekt.com/ (page consultée le 11 décembre 2022).
Il semble en effet que ces petites bêtes que nous aimons tant se retrouvent fréquemment dans nos assiettes. C’est donc sans surprise que je me retrouve avec une autre anecdote « entomoculinaire » à vous relater!
Pendant les fêtes, je me suis amusée à cuisiner un dessert qui contenait bonne quantité de framboises. N’ayant pas utilisé tous les fruits achetés dans ma recette, je décidai de les partager lors d’un goûter en bonne compagnie. En jetant un regard à une framboise, je notai une irrégularité en son centre, comme s’il y avait un objet qui s’y cachait. En regardant de plus près, je vis ce qui ressemblait à une chenille. Eurêka! Une bête en hiver, juste pour moi!
Vue sur la larve de diptère
En manipulant davantage le fruit, la bête se réveilla et s’activa… pour me faire réaliser qu’il ne s’agissait pas d’une chenille, mais plutôt d’une larve de diptère (ordre Diptera, comprenant les mouches, moustiques et autres arthropodes de ce type).
J’ai mis la main sur une clé qui me permettra – j’espère bien – d’identifier la larve à un niveau plus précis que l’ordre. Entre temps, je vous partage ma trouvaille que vous pourrez apprécier dans les vidéos ci-dessous.
Une autre observation qui donne envie de jeter un coup d’œil à ses fruits avant de les gober tout rond! Bon appétit!
Vidéo 1. Larve de diptère qui se cachait au centre d’une framboise achetée à l’épicerie.
Vidéo 2. Larve observée de plus près alors qu’elle se déplace.
Nitidule à quatre points, vivant, dans mon chou-fleur
Il y a de cela quelques années déjà, je vous entretenais sur le fait que l’on mange quotidiennement plusieurs invertébrés à notre insu (cette chronique). Pire encore, je vous expliquais que les normes canadiennes et américaines tolèrent une assez vaste palette d’arthropodes dans les aliments qui nous sont vendus. En outre, la quantité de ces petites bêtes que l’on engouffre accidentellement chaque année se chiffre entre 1 à 2 livres, rien de moins!
Au courant des deux dernières semaines, j’eus l’opportunité moi-même de contribuer à cette statistique… et de voir comment il était facile d’ingurgiter des invertébrés sans vraiment le vouloir.
Limace, elle aussi cachée dans le même chou-fleur
Première observation : après avoir entamé un chou-fleur frais acheté du marché public, j’observai plusieurs invertébrés morts ou vivants qui parsemaient ce dernier. Ma première découverte fut un nitidule à quatre points bien vivant qui aurait été difficile à rater. Après avoir remis le chou-fleur au frigo, je notai lors d’une deuxième utilisation que celui-ci abritait également une sympathique limace, qui s’activa à la chaleur de la pièce, ainsi que plusieurs petites mouches mortes. Outre les petites mouches, il est probable que j’aurais vu le nitidule et la limace à temps avant de les consommer. Or, ce ne fut pas le cas de ma seconde observation…
Deux larves de mouches (diptères) trouvées dans mes bleuets
En effet, la semaine dernière, je me délectais de façon distraite de bleuets frais tout en travaillant. À un certain moment, je m’aperçus de la présence d’une petite larve de mouche qui déambulait sur ma collation. Je la mis de côté afin de l’observer au stéréomicroscope une fois de retour à la maison, en tâchant de la garder vivante. Je poursuivis ma collation en examinant plus attentivement la surface de mes bleuets, jusqu’à ce qu’il me vienne à l’esprit que les larves n’étaient pas nécessairement SUR les bleuets, mais DANS ceux-ci. Immédiatement, j’ouvrir un premier bleuet – au lieu de le croquer… et devinez ce qui s’y trouvait? Eh oui, il y avait une seconde larve. Ou bien j’avais la main chanceuse pour trouver une larve du premier coup, ou bien suffisamment de mes bleuets contenaient des larves pour que je tombe sur l’une d’entre elles. Comme j’avais déjà mangé une vaste quantité de ces bleuets, j’aurais préféré la première option. D’un point de vue purement statistique, cependant, la seconde option était bien plus plausible. Bref, j’avais probablement avalé beaucoup de petites larves… Et moi qui croyais qu’une collation de fruits comportait peu de protéines!
Et vous, chers lecteurs, avez-vous quelques anecdotes croustillantes du même genre? Qu’on le veuille ou non, les arthropodes se retrouvent partout… même dans notre assiette!
Vidéo 1. Cette jolie limace était bien cachée dans mon chou-fleur. Il était déjà bien entamé quand je l’aperçus sur les restes du feuillage. Aurait-elle pu se retrouver dans mon assiette?
Vidéo 2. Cette larve de diptère (mouche) a été retrouvée dans mes bleuets… Et elle n’était pas seule! (Mettre en HD pour une meilleure définition)
Qu’on le veuille ou non, les invertébrés font partie de notre quotidien. Qui aurait cru qu’on irait jusqu’à les retrouver dans notre nourriture complètement à notre insu?
Les fines bouches n’apprécieront peut-être pas les prochains paragraphes. Toutefois, loin de moi est l’idée de vous traumatiser. En fait, je vais vous entretenir au sujet de ces tout petits (et parfois un peu moins petits) invertébrés que l’on se retrouve involontairement à consommer. Aussi, je vais vous expliquer pourquoi cela est normal et sans risque pour votre santé.
Larve d’insecte qui est passée à une bouchée de se faire croquer!
Première question : quelle est la quantité moyenne d’invertébrés consommée chaque année par un Nord américain – et je parle bien de ceux consommés par inadvertance? La réponse pourrait vous surprendre. En moyenne, vous et moi mangerions annuellement l’équivalent de une à deux livres d’invertébrés. Pour donner un exemple représentatif, cela correspond entre un sac et demi à trois sacs de pépites de chocolat de 350 grammes. Oui, moi aussi je choisirais plutôt le chocolat!
Cela revient à dire que nous avalons beaucoup de petits organismes de façon quotidienne. Bonne nouvelle : personne n’en est mort! D’ailleurs, la U.S. Food and Drug Administration (FDA) émet des normes sur la quantité d’invertébrés permise dans la nourriture pour une vaste gamme d’aliments. De plus, elle souligne que ces normes sont davantage esthétiques qu’associées à un danger réel – ce que l’on peut comprendre.
À cet effet, la U.S. Food and Drug Administration a élaboré le « Food Defect Levels Handbook », un guide où l’on indique notamment combien d’invertébrés (ou de morceaux d’invertébrés) sont permis dans les aliments tels que les jus, les fruits et légumes en conserve ou congelés, le chocolat, le beurre d’arachide et les épices, pour n’en nommer que quelques-uns.
Les pucerons sont très nombreux dans les légumes feuillus – ceux-ci étaient dans du chou chinois
Je suis parvenue à dénicher un guide similaire – quoique touchant une moins grande variété de produits – pour le Canada. Selon ce dernier, on autorise notamment jusqu’à :
– 25 fragments de mites (mortes) et 4 fragments d’autres insectes par 225 grammes de fromage;
– 1 insecte entier, 65 fragments d’insectes et 15 mites mortes par 100 grammes de tofu;
– 35 fragments d’insectes par 25 grammes de café moulu;
– 10 asticots d’une taille inférieure à 2 mm par 100 grammes de champignons (en conserve, séchés, congelés ou frais);
– 10 insectes entiers par 225 grammes de raisins secs;
– 280 fragments d’insectes par 10 grammes de thym.
Si l’on jette un coup d’œil au document de la FDA, on peut aussi savoir que les quantités maximales suivantes sont permises aux États-Unis (je n’ai pas été en mesure d’identifier ce qui en est pour le Canada, mais on peut présumer que les valeurs seraient similaires):
– 59 pucerons et/ou thrips et/ou mites par 100 grammes de brocoli congelé;
– 399 fragments d’insectes par 100 grammes de cannelle moulue;
– 59 fragments d’insectes dans 100 grammes de chocolat;
– 4 œufs de mouches (drosophiles ou autres) par 250 ml de jus d’agrumes;
– 224 fragments d’insectes par 225 grammes de macaroni ou autres pâtes alimentaires;
– 49 pucerons, thrips ou mites par 100 grammes d’épinards en conserve ou congelés;
– 9 œufs de mouches drosophiles ou 1 asticot par 500 grammes de tomates en conserve.
Les thrips sont aussi abondants dans les légumes – celui-ci était à peine plus gros qu’un grain de sable (vu au microscope)
En lisant l’ensemble des informations disponibles dans ces deux guides, vous pourrez noter que les épices sont particulièrement susceptibles d’être bourrées de fragments d’insectes. Nous donnons ici une nouvelle signification à l’expression « assaisonner son repas »!
Outre ce que l’on retrouve dans les produits transformés susmentionnés, nous avalons bien sûr plusieurs œufs, larves et adultes de petits insectes qui se faufilent dans nos fruits et légumes frais. N’avez-vous jamais vu « apparaître » de petites mouches (sans doute des drosophiles) dans votre maison, après avoir acheté certains fruits? Celles-ci venaient d’œufs et de larves que vous n’avez pas vus… et dont certains se sont sans doute retrouvés dans votre estomac!
J’ai trouvé cette araignée-crabe (environ 3-4 mm) dans mes bleuets
Vous avez également sûrement vu des pucerons en nettoyant vos laitues, choux et épinards. Ceux-ci se retrouvent effectivement en grande abondance dans ces légumes feuillus. Je me souviens d’ailleurs d’une fois où j’avais amorcé la dégustation d’une salade aux crevettes achetée dans un casse-croûte, alors que nous étions en vacances. Après quelques bouchées (j’étais vraiment affamée), je me rendis compte qu’il s’agissait en fait d’une salade aux pucerons et aux crevettes. À voir la quantité de pucerons dans cette salade, il était évident que j’en avais déjà englouti une bonne dizaine!
Je pourrais en dire autant pour les petits fruits que j’aime tant manger pendant l’été. Araignées, pucerons, collemboles, charançons, chenilles… et même une larve de coccinelle encore vivante font partie des insectes que j’ai retrouvés dans mes bleuets, fraises et framboises.
Cette chenille s’était fait un nid douillet dans mon panier de framboises
Comme je l’ai déjà souligné, le bon côté des choses est que la consommation d’invertébrés est un problème davantage esthétique que de santé humaine. D’ailleurs, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture recommande de plus en plus de consommer – intentionnellement cette fois – des invertébrés. Ceux-ci sont effectivement riches en protéines et en différents éléments nutritifs (fer, cuivre, zinc, etc.). De plus, ils ne nécessitent pas autant d’énergie et d’espace à produire que le bétail : leur élevage pollue donc beaucoup moins. Finalement, ils pourraient garantir une meilleure sécurité alimentaire pour la population incessamment croissante de notre planète.
En outre, les risques liés à la consommation accidentelle d’invertébrés sont très faibles… à part celui d’être dégouté! Le meilleur conseil que je puisse vous donner, c’est de bien rincer bien vos aliments lorsque possible. Pour ce qui est du reste… n’y pensez pas (on n’y peut rien) et bon appétit!!
Pour terminer, si vous êtes à l’aise en anglais, je vous recommande de lire cet article, qui dépeint la situation avec un bon sens de l’humour! Santé!
Galerie vidéo
Un des pucerons que j’ai trouvé dans du chou chinois. Quoiqu’entreposé au réfrigérateur, on voit qu’il est toujours vivant.
Les collemboles sont de très petits invertébrés. J’ai remarqué leur présence après avoir essoré de la salade.
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. La contribution des insectes à la sécurité alimentaire, aux moyens de subsistance et à l’environnement. http://www.fao.org/docrep/018/i3264f/i3264f00.pdf
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Edible insects – Future prospects for food and feed security [Document en anglais]. http://www.fao.org/docrep/018/i3253e/i3253e00.htm
Chaque année, nous consommons une variété d’invertébrés sans même le savoir. Selon vous, quelle est la quantité moyenne d’invertébrés que nous ingérons annuellement par inadvertance? Quelques grammes? Quelques centaines de grammes? Plus encore?
Je vous invite à faire part de vos paris, que ce soit par le biais d’un commentaire ici sur le blogue DocBébitte, ou encore sur la page Facebook DocBébitte.
La réponse… dans le cadre de la chronique de la semaine prochaine! Serez-vous surpris? Tout cela est à suivre!
Larve d’insecte qui est passée à une bouchée de se faire croquer!