Boîte à mythes : les insectes gèlent en hiver?

C’est une question que je reçois très souvent à ce temps-ci de l’année : que font les insectes en hiver?

Vous vous l’êtes certainement déjà demandé.

Bien que certains se laissent en effet mourir lorsque le temps froid arrive, d’autres optent pour des stratégies variées.

Les vaillantes abeilles, elles, choisissent de mettre l’épaule à la roue… ou plutôt les ailes à la ruche… pour permettre à la colonie entière de survivre! Elles bravent le froid.

La nouvelle planche de ma BD « Boîte à mythes » fait la lumière sur leur tactique.

Ma nouvelle planche « Boîte à mythes » s’intéresse à ce qui se passe à l’intérieur de la ruche…

Que font les abeilles en hiver ?

Sans être exhaustive, voici les grandes lignes de ce qui se passe au sein de la ruche :

  • Les ouvrières forment une grappe autour de la reine pour la garder au chaud.
  • La grappe est plus ou moins compacte selon la température extérieure : elle se contracte quand il fait froid et se dilate lorsqu’il fait plus chaud.
  • Les abeilles font vibrer leurs muscles thoraciques servant habituellement au vol (sans toutefois faire bouger leurs ailes) pour produire de la chaleur.
  • Elles maintiennent ainsi une chaleur minimale nécessaire à leur survie. Au début de l’hiver, il s’agit d’une température d’environ 6 à 12 °C en périphérie de la grappe à environ 18 à 22 °C au centre de cette dernière (ces valeurs varient selon les sources).
  • Cette température grimpe jusqu’à 32-36 °C au cœur de la grappe, un peu après le solstice hivernal, pour permettre la reprise de la ponte et le développement de nouvelles ouvrières.
  • La grappe est en mouvement constant : les individus du centre migrent vers la périphérie, alors que ceux de la périphérie reviennent vers le centre. Cela permet à tous les membres de la ruche de rester au chaud.
  • Les abeilles survivent en consommant les réserves de miel accumulées dans la ruche avant l’arrivée de l’hiver. Produire de la chaleur nécessite de l’énergie!
  • La reine ne pond pas ou peu d’œufs pendant la période la plus froide de l’hiver. Ainsi, elle est entourée d’une cohorte d’abeilles dites « d’hiver », qui ont une durée de vie plus longue que celles qui naissent en été.
  • Les abeilles sortiront de la ruche au printemps lorsque les températures extérieures auront recommencé à atteindre les 10 à 12 °C.
  • Beaucoup d’études se sont intéressées à cette fascinante dynamique en fonction de différents facteurs (température extérieure, âge des individus, haplotypes, type de milieu – urbain, agricole ou naturel – et j’en passe!), incluant diverses façons d’assurer la survie des ruches en période froide (chez les apiculteurs). J’en cite quelques-unes dans la section « Pour en savoir plus » ci-dessous. Consultez-les!

Que dire des autres invertébrés?

Les tactiques sont multiples et incluent, sans être exhaustives :

  • Se mettre au chaud (parfois en s’introduisant dans nos demeures!);
  • Trouver des abris (litière au sol, dessous de roches, etc.) pour se mettre en hibernation (ralentissement du métabolisme) et, dans certains cas, produire des substances agissant comme de l’antigel;
  • Migrer vers le sud, où la température est plus clémente;
  • Traverser les rigueurs de l’hiver sous une forme plus tolérante (œuf, larve ou pupe).

Si vous êtes curieux, je parle plus longuement de ces tactiques dans cette précédente chronique :

Bon hiver! Ça ne fait que commencer! ⛄

Pour en savoir plus

Voyage à Death Valley : une vallée bien vivante!

À l’automne 2024, j’ai fait un voyage mémorable dans l’Ouest américain, en compagnie de mon conjoint et de son frère.

Nous avons exploré plusieurs parcs nationaux, dont la célèbre Vallée de la mort – Death Valley National Park. L’un de mes coups de cœur de tous les temps. Et avec raison : c’était la troisième fois que j’y mettais les pieds!

Dans cette toute nouvelle capsule vidéo, je vous partage nos aventures dans ce lieu fascinant. Attendez-vous à des paysages saisissants, des animaux surprenants… et quelques moments cocasses!

Je termine la vidéo par une composition inédite: une chanson dont j’ai écrit les paroles et chanté la mélodie, avant de confier la suite à un outil d’intelligence artificielle pour l’amener encore plus loin.

Prêts pour l’aventure? Bienvenue dans la Vallée de la mort: une vallée pleine de vie!

Remerciements

  • Alexandre Roy et Jean-Isaac Blais-Roy pour la belle compagnie et m’avoir aidée à repousser mes frontières!
  • Nicolas Beaumont-Frenette pour m’avoir fait découvrir ce lieu exceptionnel en 2006… puis à nouveau en 2014!

Série Voyages! Canot-camping aux Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie

Depuis que je prépare des vidéos avec montage, j’ai commencé à prendre beaucoup de photos et de vidéos de mes différentes escapades dans l’espoir de vous concocter des capsules « Série Voyages ».

J’ai jusqu’à maintenant amassé beaucoup plus de matériel que je n’ai eu de temps pour vous le partager!

Qu’à cela ne tienne, lentement, mais sûrement, vous verrez passer des capsules de voyages ou de petites escapades!

Place à l’une d’entre elles : ma première (ou presque!) expérience de canot-camping! Qui, de surcroit, a été réalisée dans un très bel endroit : le Parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie, au Québec.

Vous y verrez les lieux de camping (camping de l’Équerre), nous suivrez, mes deux acolytes et moi, dans une randonnée en montagne (Chute du Ruisseau Blanc et Point de vue des Géants), puis ferez avec nous l’aller et le retour, de 8 km chacun, en canot et en kayak.

Bien sûr, vous pourrez y observer de nombreux animaux… dont mes préférés : des insectes d’origine aquatique!

Je tiens à remercier mon conjoint Alexandre, ainsi que Jean-Isaac Blais-Roy d’avoir accepté de figurer dans la capsule vidéo.

Merci également à Jean-François Desroches pour l’identification des poissons!

Suivez moi et mes deux acolytes dans cette escapade en canot-camping!

Histoire d’une photo: Guêpe parasitoïde et sa proie!

Avez-vous déjà vu une guêpe parasitoïde attraper une proie?

Ces guêpes, à l’affût d’une source de nourriture pour leur progéniture, attrapent parfois des proies plus grosses qu’elles.

C’est ce que mon conjoint et moi avons pu constater – photos et vidéos à l’appui – en juillet 2023, lors du congrès de l’Association des entomologistes amateurs du Québec (AEAQ) tenu à la Station de biologie des Laurentides.

D’ailleurs, si vous êtes membres de l’AEAQ, vous avez sans doute vu passer la photographie de mon conjoint sur ce sujet, en première page de l’édition Automne 2023 du bulletin Nouv’Ailes – un périodique conçu par l’AEAQ.

La scène que mon conjoint et moi avons observée. La même photo s’est retrouvée dans le bulletin Nouv’Ailes de l’AEAQ.

Nous avons observé ladite guêpe saisir, déplacer et relâcher sa proie, une grosse chenille vert pomme, à plusieurs reprises.

Que faisait-elle au juste?

Tout d’abord, la guêpe en question s’avère être une ammophile de l’espèce Ammophila procera (identification par l’équipe de Nouv’Ailes). Appartenant à la famille des Sphecidae, elle constitue une espèce commune en Amérique du Nord, avec une présence un peu plus sentie dans l’est du continent.

Il s’agit d’une grosse espèce de guêpe dont la longueur varie entre 25 et 38 mm et pour laquelle les femelles surpassent les mâles en taille. Sa robe est principalement noire et orange, mais son thorax est aussi orné de traits argentés, qui constituent un critère pour l’identification de l’espèce.

Les adultes se nourrissent principalement de nectar; une des sources que j’ai consultées mentionne qu’ils peuvent également manger de petits insectes. Toutefois, dans le but de nourrir leur progéniture, les femelles capturent des chenilles ou des larves de symphytes, d’autres hyménoptères qui incluent par exemple les tenthrèdes. Les larves de symphytes sont d’ailleurs souvent confondues pour des chenilles par beaucoup de gens et j’en parle dans ce billet sur les « imposteurs de chenilles ».

Que font les ammophiles avec ces proies?

C’est qu’elles sont des « parasitoïdes ». Elles ont besoin de parasiter un organisme vivant pour accomplir leur cycle de vie.

Pour ce faire, la femelle creuse d’abord un terrier en sols meubles (fins ou sableux). Elle bouche ensuite temporairement l’entrée de ce dernier, puis mémorise sa localisation en voletant un peu partout autour. Elle remarque les roches, les plantes ou les autres repères présents.

Quelques jours plus tard, elle revient au bercail et capture une proie qu’elle immobilise grâce au venin provenant de son aiguillon. Elle entreprend ensuite le transport de cette dernière en effectuant un curieux rituel de va-et-vient, saisissant et relâchant sa proie, comme illustré dans ma capsule vidéo ci-dessus. Bien que je n’aie pas trouvé la raison derrière ce comportement, je soupçonne qu’il pourrait être en partie dû à la taille imposante de la proie qu’elle doit déplacer. La guêpe doit peut-être prendre de petites pauses ou encore réajuster sa prise en cours de route.

Qu’à cela ne tienne, elle finit par ramener la proie dans son terrier, y pond un unique œuf, en ressort et bouche entièrement l’entrée. L’œuf éclot après environ deux jours. La larve qui en sort se nourrit pendant environ cinq jours de la chenille, paralysée, mais encore vivante. Elle forme ensuite sa pupe, toujours bien protégée au sein de son nid, avant sa transformation finale en adulte ailé.

Chaque femelle peut creuser plus d’un terrier. Il arrive qu’une femelle vole le nid d’une autre, en délogeant l’œuf pondu par la première pour le remplacer par son propre œuf. La proie étant déjà attrapée et maîtrisée, cela demande moins d’énergie!

La guêpe relâche sa proie à plusieurs reprises. Prend-elle une pause?

Une question qu’on me pose souvent sur les guêpes est de savoir si l’individu en question pique. Cette espèce d’ammophile va normalement fuir en présence de danger. Toutefois, elle est capable d’infliger une douloureuse piqûre si elle se sent coincée. Doigts trop curieux s’abstenir!

Autre question qui revient fréquemment : à quoi sert cet insecte?

Sachez qu’en tant qu’organisme parasitoïde, cette guêpe peut aider à réduire la population de chenilles qui, autrement, pourraient dévorer les feuilles des arbres et arbustes environnants. Elle entre aussi dans les chaînes alimentaires en nourrissant, entre autres, oiseaux et insectes prédateurs.

De plus, les adultes constituent des pollinisateurs utiles. Enfin, en creusant des terriers dans les sols meubles, les femelles contribuent à leur aération et au recyclage des nutriments.

Qu’en est-il de la pauvre proie?

Tout au long du présent billet, vous demandiez-vous : quelle est cette belle chenille verte?

Grosse prise pour cette guêpe! Il s’agit de l’hétérocampe du chêne.

Il s’agit de l’hétérocampe du chêne (j’ai aussi vu la chenille variable du chêne), Lochmaeus manteo (identifié par l’équipe de Nouv’Ailes).

Ce lépidoptère, commun dans l’est de l’Amérique du Nord, fait partie de la famille Notodontidae. L’adulte est un papillon de nuit comme on les voit souvent, dans les teintes de brun et de beige. Sa longueur est de 20 à 27 mm, alors que son envergure d’ailes est de 37 à 50 mm, ce qui en fait un assez gros papillon. La chenille, quant à elle, peut atteindre 45 mm.

Comme son nom le suggère, la chenille se retrouve sur les chênes, mais elle ne fait pas la fine bouche et est également susceptible de se délecter d’autres feuillus.

Fait intéressant, les sources consultées indiquent que la chenille peut projeter de l’acide formique pouvant irriter la peau.

L’histoire ne nous dit pas si la malheureuse chenille capturée par la guêpe ammophile a tenté de se défendre de cette façon. Tout ce que nous savons, c’est qu’une jeune guêpe en devenir en fera sans aucun doute un délicieux festin!

Pour en savoir plus

  • Association des entomologistes amateurs du Québec. 2023. La petite histoire d’une photo. Nouv’Ailes, 33 (2) : 4.
  • Beadle, D. et S. Leckie. 2012. Peterson field guide to moths of Northeastern North America. 611 p.
  • Biokids. 2000-2003. Ammophila procera. http://www.biokids.umich.edu/critters/Ammophila_procera/ (page consultée le 24 novembre 2023).
  • Bug Guide. 2023. Species Ammophila procera. https://bugguide.net/node/view/11119 (page consultée le 25 novembre 2023).
  • Bug Guide. 2023. Species Lochmaeus manteo – Variable Oakleaf Caterpillar Moth – Hodges #7998. https://bugguide.net/node/view/418 (page consultée le 25 novembre 2023).
  • Encyclopedia of Life. Ammophila procera Dahlbom 1843. https://eol.org/pages/2738892 (page consultée le 24 novembre 2023).
  • Evans, A.V. 2008. Field guide to insects and spiders of North America. 497 p.
  • iNaturalist. 2023. Ammophila procera. https://inaturalist.ca/taxa/129147-Ammophila-procera (page consultée le 24 novembre 2023).
  • iNaturalist. 2023. Lochmaeus manteo. https://inaturalist.ca/taxa/153443-Lochmaeus-manteo  (page consultée le 24 novembre 2023).
  • Marshall, S.A. 2009. Insects. Their natural history and diversity. 732 p.
  • Normandin, E. 2020. Les insectes du Québec. 620 p.
  • Wagner, D.L. 2005. Caterpillars of Eastern North America. 512 p.

J’ai mangé des fourmis !

L’entomophagie, vous connaissez ?

En vogue, ce concept est de plus en plus connu et porte sur l’alimentation basée sur les insectes.

Dans cette toute nouvelle capsule vidéo, je vous parle brièvement d’entomophagie, mais surtout d’une expérience que j’ai vécue l’été dernier au congrès annuel de l’Association des entomologistes amateurs du Québec.

Qu’y ai-je fait ? Vous l’avez deviné : j’ai mangé deux espèces de fourmis, vivantes.

Une goûtait la citronnelle (genre Lasius), alors que l’autre goûtait le poivre (probablement le genre Aphaenogaster).

Venez jeter un coup d’œil à la vidéo… et me dire si, vous, vous oseriez !

Bon appétit!

Pour en savoir plus